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Madagascar : le président dissout l’Assemblée nationale avant un vote le visant

La crise politique à Madagascar tourne au bras de fer institutionnel. Le président malgache Andry Rajoelina, contesté dans la rue, mais accroché au pouvoir, a dissous mardi l’Assemblée nationale avant un vote le visant pour abandon de poste.

Fragilisé par le ralliement ce week-end des militaires à la contestation ayant embrasé le pays et désormais réfugié dans un lieu inconnu, le chef de l’État a écarté la veille toute démission en appelant à respecter la Constitution lors de sa première apparition à l’écran depuis ce revirement.

Élu en 2018, puis réélu en 2023 pour un mandat de cinq ans lors d’un scrutin boycotté par l’opposition, Andry Rajoelina était sous la menace d’un vote le visant pour empêchement temporaire qui nécessitait la majorité des deux tiers de l’Assemblée nationale.

Ce choix s’impose pour rétablir l’ordre au sein de notre nation et renforcer la démocratie, a-t-il dit dans un message sur les réseaux sociaux dans la foulée.

Des députés de l’opposition assuraient avoir collecté suffisamment de signatures pour procéder au vote lors d’une session extraordinaire mardi qu’ils justifient par une vacance du pouvoir, le chef de l’État ayant selon la radio française RFI quitté le pays dimanche à bord d’un avion militaire français.

Milliers de manifestants

Ce week-end, une unité militaire, le CAPSAT, qui avait joué un rôle majeur dans le coup d’État de 2009 ayant porté au pouvoir Andry Rajoelina à la suite déjà d’une mobilisation populaire, a appelé les forces de sécurité à refuser de tirer sur les manifestants, 

Des membres de l’unité militaire CAPSAT de Madagascar patrouillent à bord d’un véhicule blindé tandis que des habitants se rassemblent pour une cérémonie en l’honneur des manifestants tués lors de manifestations antigouvernementales à Antananarivo, le 12 octobre 2025.

La plupart des forces armées lui ont emboîté le pas depuis et ont renouvelé leur chaîne de commandement, y compris la gendarmerie, auparavant en première ligne de la répression des manifestations.

Au moins 22 personnes ont été tuées au début des manifestations et plus d’une centaine blessées, d’après un bilan des Nations unies.

D’après la Constitution, les élections législatives doivent se tenir 60 jours au moins et 90 jours au plus après le prononcé de la dissolution.

L’incertitude gagne encore plus cette île très pauvre de l’océan Indien où des milliers de manifestants se sont encore rassemblés mardi à Antananarivo.

Comme depuis le 25 septembre, il s’agit de jeunes mobilisés par le collectif Gen Z, désormais joints par des fonctionnaires appelés à la grève par plusieurs syndicats.Ouvrir en mode plein écran

Un manifestant tient une banderole critiquant le président malgache Andry Rajoelina et le président français Emmanuel Macron alors que les habitants se rassemblent pour réclamer la démission de Rajoelina à Antananarivo, le 14 octobre 2025.

Les pancartes anti-françaises ont aussi fleuri, a constaté une équipe de l’AFP dans la capitale malgache. Dégage la FranceDégage Rajoelina et Macron, pouvait-on y lire.

Je ne confirme rien aujourd’hui, avait répondu le président français Emmanuel Macron la veille à une question sur l’exfiltration d’Andry Rajoelina.

Madagascar, île à la population très démunie, a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires de transition.

Au moins 80 % des 32 millions d’habitants de Madagascar vivent avec moins de 15 000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté de la Banque mondiale. AFP

AFP

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