Après plusieurs années de progression fulgurante, les exportations du secteur automobile marocain enregistrent un recul de 7 % sur les quatre premiers mois de l’année 2025, atteignant 49,0 milliards de dirhams, contre 52,7 milliards sur la même période en 2024, selon les INDICATEURS DES ÉCHANGES EXTÉRIEURS À FIN AVRIL 2025. Ce fléchissement inquiète les observateurs alors que l’automobile s’était imposée comme le moteur principal des exportations nationales depuis 2021.
Un premier signal de ralentissement ?
Le secteur avait connu une croissance exceptionnelle entre 2021 et 2024, avec des exportations quasiment doublées en l’espace de trois ans (de 28,3 à 52,7 Mds DH, soit +86 %). La légère contraction de 2025 pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs : saturation de certains marchés européens, tensions logistiques mondiales ou ajustements de production dans les usines d’assemblage locales.
Certains analystes évoquent aussi une concurrence accrue sur le segment des véhicules électriques et des composantes électroniques, deux segments sur lesquels le Maroc avait pourtant pris de l’avance.
Alors que l’automobile marque le pas, d’autres secteurs affichent une croissance plus modérée mais constante. Le secteur agricole et agroalimentaire poursuit sa trajectoire stable, avec 35,5 milliards de dirhams exportés entre janvier et avril 2025, soit +5,3 % par rapport à l’année précédente. Il se distingue par sa régularité malgré les aléas climatiques.
De son côté, les phosphates et dérivés amorcent un rebond. Après la forte chute enregistrée en 2023 (-30,5 %), les exportations repartent à la hausse en 2024 et 2025, atteignant 27,7 milliards de dirhams cette année (+9,6 % sur un an). Ce redressement reste toutefois en deçà du pic historique de 2022 (35,5 Mds DH).
Bilan sur 5 ans : une transformation économique en marche
Malgré le fléchissement de 2025, les chiffres confirment une transformation structurelle des exportations marocaines sur la période Janvier – avril 2021–2025 :
| Secteur | 2021 | 2025 | Évolution 2021–2025 |
|---|---|---|---|
| Automobile | 28,3 Mds | 49,0 Mds | +72,9 % |
| Agriculture & Agroalimentaire | 28,4 Mds | 35,5 Mds | +24,8 % |
| Phosphates & Dérivés | 18,2 Mds | 27,7 Mds | +52,0 % |
Le poids croissant des secteurs industriels, et en particulier de l’automobile, confirme le virage économique entamé par le Maroc en faveur de la valeur ajoutée et de la diversification. La baisse enregistrée en 2025, si elle devait se confirmer au second semestre, pourrait toutefois signaler l’entrée dans une phase de consolidation, où les performances passées ne suffiront plus à garantir une croissance automatique.
Les prochains mois seront cruciaux pour mesurer la capacité du secteur automobile à rebondir rapidement ou s’il s’agit du début d’un cycle moins dynamique. Les autorités misent sur la montée en gamme de la production (notamment les batteries et les véhicules électriques) et la conquête de nouveaux marchés en Afrique et en Asie pour relancer la croissance dès 2026.
