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La BCE augmente ses taux directeurs

La BCE augmente à nouveau ses taux directeurs de 50 points de base. Les taux d’intérêt de la BCE se situent désormais dans une fourchette comprise entre 3 % et 3,75 %.

La Banque centrale européenne (BCE) ne s’est pas laissée affoler par le risque d’une nouvelle crise bancaire et a tranché jeudi pour un nouveau relèvement des taux d’un demi-point de pourcentage afin de combattre l’inflation, jugeant que les banques de la zone euro étaient solides et « résilientes ».

Les gardiens de l’euro sont toutefois prudents sur la suite du resserrement monétaire et ont renoncé à leur engagement de relever encore sensiblement les taux dans les mois à venir.

Il n’est pas possible de déterminer à ce stade quel sera le chemin à suivre sur les taux, a reconnu la présidente de la BCE, Christine Lagarde, alors que la déroute de la Silicon Valley Bank (SVB) aux États-Unis et les inquiétudes autour de Crédit suisse secouent fortement les marchés depuis une semaine.

Première grande banque centrale à rendre une décision depuis le début des turbulences boursières, la BCE s’est livrée à un véritable exercice d’équilibriste assurant qu’il n’y avait de compromis à faire, ni sur la stabilité financière ni sur celle des prix.

Cette fermeté a quelque peu rassuré les bourses européennes qui ont clôturé en hausse : Paris a pris 2,03 %, Francfort 1,57 %, Milan 1,38 % et Londres 0,89 %, des gains toutefois moins élevés que leurs pertes de la veille.

Turbulences financières

Depuis vendredi dernier, la faillite de la SVB et de deux autres banques régionales américaines a ravivé le spectre de la crise financière de 2008 qui avait déstabilisé l’économie mondiale.

Mercredi, c’est le géant helvétique Crédit suisse qui a essuyé la pire séance de son histoire en bourse après un mouvement de panique lié à des doutes sur sa solidité.

Mais le secteur bancaire est actuellement dans une position beaucoup plus solide qu’en 2008, a assuré Christine Lagarde face à la presse, ajoutant que la BCE agirait si nécessaire.

Face à l’envolée des prix dans le sillage de l’invasion russe en Ukraine, la BCE a entamé en juillet un cycle inédit de hausses des taux, en plus de mettre fin à sa politique d’achats d’obligations sur les marchés afin de freiner la demande.

Toute autre décision qu’une hausse de 50 points de base, annoncée dès février, aurait été vue comme une volte-face et une atteinte à la crédibilité de la BCE, estiment plusieurs analystes.

Les taux d’intérêt de la BCE se situent désormais dans une fourchette comprise entre 3 % et 3,75 %, un sommet depuis octobre 2008.

Les prochaines décisions monétaires seront dépendantes des données financières et économiques du moment, a martelé à plusieurs reprises la première gardienne de l’euro.

Aux États-Unis, la Réserve fédérale américaine va se trouver face à un dilemme similaire la semaine prochaine, lors de sa prochaine réunion sur les taux.

Les hausses de taux sont une arme à double tranchant pour les banques commerciales : d’un côté leurs nouveaux prêts rapportent davantage d’intérêts, de l’autre, leurs actifs au bilan peuvent souffrir, avec un risque d’impayé accru chez les emprunteurs les plus fragiles et une chute mécanique des cours d’obligations en portefeuille, qui a été fatale pour SVB.

L’institution de Francfort a aussi pris en compte l’accalmie sur les marchés boursiers après les efforts déployés de part et d’autre de l’Atlantique pour rétablir la confiance des investisseurs dans le secteur bancaire.

Des médias américains ont fait état jeudi de la possible intervention de grandes banques américaines pour aider l’établissement régional First Republic, une autre banque fragilisée ces derniers jours. Cette hypothèse a fait rebondir la Bourse de New York.

Les marchés européens ont aussi été rassurés par l’annonce de Crédit suisse qu’il allait faire appel à la banque centrale suisse pour emprunter jusqu’à 50 milliards de francs suisses (environ 73,9 milliards de dollars canadiens). Le titre du Crédit suisse est parvenu à regagner plus de 19 % jeudi.

La BCE vise 2,1 % d’inflation en 2025

La BCE n’en a pas fini avec son resserrement monétaire, car l’inflation devrait rester trop forte pendant une trop longue période, a prévenu Mme Lagarde.

L’inflation en zone euro a reculé en février pour le quatrième mois d’affilée, à 8,5 % en glissement annuel, mais l’inflation dite sous-jacente, hors énergie et alimentation, a grimpé au niveau record de 5,6 %.

Dans ses nouvelles prévisions publiées jeudi, l’inflation est attendue à 5,3 % en 2023 – contre 6,3 % en décembre – puis 2,9 % en 2024 et 2,1 % en 2025, tout près de l’objectif de 2 %, suggérant que la BCE pourrait opter pour des hausses de taux moins fortes dans les mois à venir.

Les décisions d’aujourd’hui pourraient marquer le début de la phase finale du cycle de resserrement de la BCE, commente Carsten Brzeski, économiste chez ING. AFP

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