Alimentation

Washington interdit un colorant alimentaire à base de pétrole

Les autorités américaines ont annoncé mercredi interdire l’utilisation dans les denrées alimentaires et les médicaments d’un colorant rouge controversé, connu depuis plus de trente ans pour provoquer des cancers chez les rats, une grande victoire pour les associations de consommateurs.

Nommé érythrosine, cet additif synthétique créé à partir de pétrole est aussi connu sous l’appellation E127 en Europe et «Red 3» en Amérique du Nord. Il sert à donner aux aliments ou aux gélules de médicaments un aspect rose à rouge vif. L’Agence américaine de contrôle alimentaire et pharmaceutique (FDA) a annoncé sur son site modifier sa réglementation «afin de ne plus autoriser l’utilisation du «Red 3» dans les denrées alimentaires et les médicaments ingérés».

«Cancers chez les rongeurs»

On le trouve encore dans environ 3000 produits alimentaires commercialisés aux États-Unis, selon la base de données de l’association environnementale EWG: bonbons, fruits en conserve, boissons ou encore substitut végétarien au bacon. Cette décision marque une «victoire monumentale pour la santé et la sécurité des consommateurs», a salué Ken Cook, président d’EWG, dans un communiqué.

Ce colorant était déjà interdit aux États-Unis depuis 1990 dans les cosmétiques et les médicaments directement appliqués sur la peau, en raison de risques d’allergie et de suspicions sur son caractère cancérigène pour l’homme, après que des études ont montré qu’il provoquait des cancers chez les rongeurs.

Plusieurs autres pays ont également très sévèrement restreint son utilisation: au sein de l’Union européenne, l’érythrosine est exclusivement autorisée dans l’alimentation pour les cerises en conserves et pour cocktail. En revanche, elle est utilisée par l’industrie pharmaceutique pour colorer notamment les gélules.

«Interdit par mesure de précaution»

Tout en reconnaissant le caractère cancérigène du colorant chez les rats, la FDA maintient dans sa décision que les preuves ne permettent pas d’établir à ce jour un tel risque chez l’homme, pointant notamment les différences de mécanismes hormonaux entre les espèces. Elle décide toutefois de l’interdire par mesure de précaution, comme l’y oblige une loi fédérale, répondant ainsi favorablement à une requête en ce sens déposée en 2022 par plusieurs associations américaines de consommateurs.

La décision de la FDA se concentre sur la question de la cancérogénicité, mais des colorants alimentaires synthétiques dont l’érythrosine sont également mis en cause pour leur possible implication dans des troubles du comportement chez les enfants.

AFP

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