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Espagne–Maroc : 14 accords signés, mais les questions clés restent en suspens

Le cadre des relations entre l’Espagne et le Maroc s’est trouvé renouvelé après la XIIIᵉ Réunion de Haut Niveau (RAN) tenue ce jeudi à La Moncloa, au cours de laquelle les deux pays ont officialisé quatorze accords bilatéraux ainsi qu’une déclaration conjointe structurée en plus d’une centaine de points. Malgré l’importance de la rencontre, certaines questions essentielles de l’agenda bilatéral n’ont pas fait l’objet d’un traitement approfondi lors des discussions.

La réunion a été présidée par le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, et le chef du gouvernement marocain, Aziz Ajanouch, avec la participation de six ministres de chaque pays. Contrairement à d’autres occasions, la rencontre s’est clôturée sans conférence de presse ni communication destinée aux médias. L’Espagne et le Maroc ont toutefois réaffirmé par écrit leur volonté d’intensifier les liens et « d’élargir encore davantage les horizons de leur relation bilatérale solide et féconde ».

Accords dans les domaines numérique et social

Mémorandums sur le patrimoine et la production législative

Coopération dans l’éducation et le sport

Avancées dans l’organisation du Mondial 2030

Actions contre les discours de haine, lutte contre la désinformation et dans les secteurs agroalimentaires

Recherche scientifique dans le détroit de Gibraltar

Accords dans les domaines numérique et social

Les deux gouvernements ont signé plusieurs mémorandums d’entente destinés à faire progresser la numérisation de l’administration fiscale et à faciliter le traitement des demandes de coopération par des moyens électroniques. Ils ont également prolongé l’accord en vigueur en matière de protection sociale et de Sécurité sociale.

L’accord reconnaît que la population marocaine constitue la communauté étrangère la plus nombreuse en Espagne et souligne son rôle en tant que premier groupe cotisant à la Sécurité sociale, comptant 335 000 personnes affiliées.

Mémorandums sur le patrimoine et la production législative

Parmi les documents signés figure également un mémorandum portant sur la protection du patrimoine documentaire. Parallèlement, une déclaration d’intention a été présentée afin de favoriser le travail conjoint en matière d’échange d’informations et d’expériences techniques liées à l’élaboration de textes législatifs et réglementaires, ainsi qu’à leur diffusion numérique.

L’événement a compté, du côté espagnol, la présence de la troisième vice-présidente, Sara Aagesen, ainsi que des ministres des Affaires étrangères (José Manuel Albares), des Transports (Óscar Puente), de l’Éducation, de la Formation professionnelle et du Sport (Pilar Alegría), de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation (Luis Planas), et de la Sécurité sociale et des Migrations (Elma Saiz).

Coopération dans l’éducation et le sport

Dans le domaine éducatif, un accord administratif a été signé pour réguler le fonctionnement des centres espagnols au Maroc et définir les critères relatifs aux « conditions et à la sélection » du personnel enseignant. Il a également été décidé de renforcer la coopération sportive à travers des actions de formation conjointes et des programmes de protection des sportifs.

Ces engagements contribuent au renforcement des liens institutionnels entre les deux États, favorisant tant la mobilité que l’échange de bonnes pratiques dans les domaines de l’éducation et du sport.

Avancées dans l’organisation du Mondial 2030

Au cours de la réunion, les progrès concernant l’organisation conjointe du Mondial de football 2030 ont été examinés. Les deux parties ont souligné l’importance stratégique de cet événement, qu’elles considèrent comme une opportunité pour consolider la coopération intercontinentale, encourager l’investissement et dynamiser les activités commerciales.

L’Espagne et le Maroc ont réitéré leur engagement à garantir la protection et la sécurité des délégations, sportifs et participants, tant pour le Mondial que pour la prochaine édition de la Coupe d’Afrique des Nations.

Actions contre les discours de haine et dans les secteurs agroalimentaires

Un accord a été lancé pour prévenir et répondre à la prolifération des « discours de haine » et contenus « xénophobes » sur les plateformes numériques. L’objectif est de promouvoir la coexistence entre les sociétés des deux pays grâce à la coopération institutionnelle, à la sensibilisation du public et à des actions coordonnées contre la désinformation.

En matière de pêche, un accord a été conclu pour soutenir la pêche maritime et l’aquaculture, ainsi que pour lutter contre la pêche illégale. Les gouvernements ont également appuyé des initiatives en faveur de l’agriculture durable, de la gestion efficiente de l’eau et du développement rural.

Recherche scientifique dans le détroit de Gibraltar

Enfin, les deux États ont convenu d’intensifier leur collaboration scientifique dans l’étude de l’activité sismique et de la géodynamique dans la région du détroit de Gibraltar. Ce territoire, situé à la rencontre des plaques tectoniques eurasienne et africaine, représente un enjeu stratégique commun.

L’accord prévoit l’échange d’informations scientifiques et techniques ainsi que la coordination dans le déploiement de nouvelles réseaux d’observation, afin d’améliorer la compréhension des risques de séismes et de tsunamis dans la zone.

Des douanes « opérationnelles dans un cadre concerté »

L’Espagne et le Maroc ont annoncé avoir achevé l’ouverture des douanes de Ceuta et Melilla, conformément à l’accord conclu en avril 2022, mais ont évité d’aborder deux des dossiers les plus sensibles qui continuent de marquer leur relation : la délimitation des eaux territoriales face aux Canaries et la gestion de l’espace aérien du Sahara.

Cette décision découle de la XIIIᵉ Réunion de Haut Niveau (RHN) tenue à Madrid, présidée par Pedro Sánchez et le chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch, et qui s’est conclue par une déclaration conjointe de 23 pages et 119 points, en plus de la signature de 14 accords dans divers domaines.

Dans le document final, les deux pays se félicitent de l’application du point 3 de la feuille de route bilatérale d’avril 2022, qui prévoyait la réouverture de la douane de Melilla — fermée par le Maroc depuis 2018 — et l’ouverture d’une nouvelle à Ceuta.

Le texte indique que la coopération douanière progresse « dans un cadre concerté », mais ne mentionne aucun changement ou élargissement des opérations.

Bien que les gouvernements des deux pays considèrent la situation normalisée, les entrepreneurs de Ceuta et Melilla affirment que les douanes ne fonctionnent pas pleinement, en l’absence de flux réel de marchandises et en raison d’un manque persistant de sécurité juridique.

Depuis septembre, les installations sont considérées comme techniquement ouvertes, mais les échanges restent paralysés depuis l’été, lorsque le Maroc a interrompu le passage de produits durant l’Opération Traversée du Détroit.

L’Espagne et le Maroc soulignent néanmoins que l’objectif reste de mettre fin au commerce atypique et à l’activité des porteuses, et qu’ils renforceront la coopération technique entre leurs administrations douanières.

Silence sur le Sahara et les eaux canariennes

La déclaration conjointe ne fait aucune mention de la délimitation des eaux territoriales sur la façade atlantique ni de la gestion de l’espace aérien du Sahara , deux sujets initialement inscrits dans la feuille de route et qui préoccupent particulièrement les îles Canaries.

Par ailleurs, l’espace aérien saharien reste géré par l’Espagne, concrètement par Enaire depuis les Canaries, bien que le Maroc en réclame le contrôle.

Coopération en pêche, science et lutte contre la désinformation

Parmi les accords signés lors de la RHN figurent ceux relatifs à la pêche et à l’aquaculture durables, à l’agriculture et à la gestion de l’eau, ainsi qu’à la lutte contre la pêche illégale.

Un pacte a également été intégré pour combattre les discours de haine et la désinformation sur les réseaux sociaux, à travers des programmes de sensibilisation et une coopération institutionnelle.

Dans le domaine scientifique, les deux pays ont décidé de renforcer la collaboration sur les études sismiques et la géodynamique dans le détroit de Gibraltar, zone de contact entre les plaques tectoniques eurasienne et africaine.

L’objectif est d’améliorer la connaissance des tremblements de terre et des tsunamis, en partageant les données scientifiques et en coordonnant les réseaux d’observation. EUROPA PRESS


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