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L’économie allemande traverse une crise historique

L’économie allemande traverse « sa crise la plus profonde » depuis l’après-guerre, a averti mardi la première fédération industrielle du pays, reprochant au gouvernement son inaction malgré une quatrième année d’affilée de production industrielle en chute.

Le produit intérieur brut (PIB) de l’Allemagne devrait au mieux connaître une année de stagnation en 2025, après deux ans de récession, tandis que le chancelier Friedrich Merz semble peiner à trouver la recette pour mener des réformes et donner confiance aux entreprises.

L’économie allemande est en chute libre et pourtant le gouvernement ne réagit pas avec la détermination nécessaire, a dénoncé dans un communiqué Peter Leibinger, président de la Fédération des industries allemandes (BDI).

Le communiqué de cette organisation patronale est pour le moins alarmiste et critique du chancelier Merz, un conservateur allié aux sociaux-démocrates au sein d’une coalition gouvernementale assez impopulaire, arrivée au pouvoir au printemps, après des élections législatives marquées par l’essor de l’extrême droite.

Nous attendons cette année une chute de la production de 2 %; la production industrielle sera donc en recul pour la quatrième année d’affilée. Ce n’est pas un trou d’air conjoncturel, mais un décrochage structurel, martèle la BDI, appelant les autorités à un tournant dans la politique économique, avec des priorités claires pour la compétitivité et la croissance.

Après avoir fait longtemps exception dans une Europe désindustrialisée, l’Allemagne a profité d’une insolente bonne santé économique dans les années 2010, grâce à un modèle fondé sur l’exportation de produits à haute valeur ajoutée sortant d’usines tournant à plein régime à l’aide du gaz russe bon marché.

Trop-plein de règles

Depuis, la pandémie de COVID-19, l’envolée du coût de l’énergie après l’invasion russe de l’Ukraine, le manque d’innovation, la concurrence chinoise et désormais les taxes douanières américaines sont venus éroder ses fondations, transformant peu à peu la première économie européenne en homme malade du continent.

Le chancelier Merz a promis cet automne une série de réformes et un toilettage bureaucratique en Allemagne comme en Europe, répondant à une revendication des entreprises qui jugent les réglementations trop complexes, y voyant un frein à l’innovation et un moteur de coûts.

Nous avons trop d’exigences réglementaires, indique dans une réaction à l’AFP Brian Fürderer, patron de Microqore Medical, un fabricant d’équipements chirurgicaux. Pour cet entrepreneur, le processus allant de la certification à la mise sur le marché d’un produit prend beaucoup trop de temps et est beaucoup trop compliqué. M. Fürderer regrette également que les Allemands soient toujours dépendants de marques étrangères dans des domaines clés comme l’IA ou les logiciels. La semaine dernière au Parlement, Friedrich Merz a défendu son action, énumérant les réformes adoptées, comme la baisse de la fiscalité des entreprises ou la tarification de l’électricité.

Réformes structurelles

Mais pour les industriels, ça ne va pas assez vite. Chaque mois sans réformes structurelles résolues coûtera encore des emplois, juge la BDI. La transformation de l’industrie allemande met l’emploi sous pression : l’automobile a perdu 6,3 % de ses effectifs en un an, soit 48 700 emplois, la métallurgie 2,6 % depuis un an et plus de 11 % depuis 2019, détaille la BDI dans un rapport publié mardi.

Dans l’automobile, Volkswagen prévoit ainsi la suppression de 35 000 emplois d’ici 2030, soit 29 % de ses effectifs en Allemagne. La fédération de l’industrie chimique et pharmaceutique a déjà mentionné un niveau de production au plus bas depuis 30 ans dans la chimie. À l’inverse, l’industrie de l’armement, dopée par des investissements massifs, fait figure de bouée de sauvetage pour le gouvernement, qui a appelé mardi à une coopération renforcée entre secteurs.

Et si la situation est sans aucun doute grave, outre la défense, des secteurs comme l’aéronautique, la technologie médicale, l’industrie ferroviaire, la technologie énergétique se portent globalement bien, tempère dans une réaction à l’AFP le vice-président du syndicat de la métallurgie IG Metall.

radio-canada

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