Le prix Nobel de littérature est attribué au Hongrois Laszlo Krasznahorkai

Le prix Nobel de littérature 2025 a été décerné à l’écrivain hongrois Laszlo Krasznahorkai, 71 ans, a annoncé jeudi l’Académie suédoise. L’écrivain a été récompensé « pour son œuvre fascinante et visionnaire qui, au milieu d’une terreur apocalyptique, réaffirme le pouvoir de l’art », a expliqué le jury.
Le romancier hongrois Laszlo Krasznahorkai, lauréat à 71 ans du Nobel de littérature, est décrit comme « un écrivain hypnotique », au style exigeant et à l’oeuvre mélancolique voire apocalyptique. « Il vous attire jusqu’à ce que le monde qu’il évoque fasse écho et se répercute en vous, jusqu’à ce que ce soit votre propre vision de l’ordre et du chaos », déclarait à l’AFP en 2016 son traducteur en anglais, le poète George Szirtes.
Né le 5 janvier 1954 à Gyula, dans le sud-est de la Hongrie, Laszlo Krasznahorkai est surtout lu en Allemagne, où il a vécu pendant des années, et en Hongrie, où il est considéré par beaucoup comme l’un des plus importants auteurs vivants du pays. Son nom revient depuis plusieurs années dans les spéculations des critiques littéraires. Il est le deuxième hongrois à recevoir le Nobel de littérature après Imre Kertesz, lauréat en 2002, et décédé en mars 2016.
« La réalité examinée jusqu’à la folie »
László Krasznahorkai est « un grand écrivain épique dans la tradition d’Europe centrale qui s’étend de Kafka à Thomas Bernhard, et se caractérise par l’absurdisme et l’excès grotesque. Mais il a plus d’une corde à son arc, et il se tourne également vers l’Orient en adoptant un ton plus contemplatif et finement calibré », selon l’Académie.
Difficile et exigeant, son style a été décrit par le Hongrois lui-même comme « la réalité examinée jusqu’à la folie ». Son penchant pour les longues phrases et les rares coupures de paragraphe ont également valu à l’écrivain d’être qualifié d' »obsessionnel ».
Explorant les thèmes de la dystopie postmoderne et de la mélancolie, son premier roman « Satantango » (1985) l’a fait connaître en Hongrie et reste son oeuvre la plus renommée. Elle raconte la vie dans un village en décomposition de la Hongrie de l’ère communiste en 12 chapitres composés chacun d’un seul paragraphe et est qualifiée par M. Szirtes de « lente coulée de lave narrative ».
Le livre était destiné aux personnes qui « veulent autre chose que du divertissement… qui ont une préférence pour le douloureusement beau », a déclaré l’auteur dans une interview. « Satantango » a fait l’objet d’un long métrage – de plus de sept heures – du même nom en 1994 par le réalisateur hongrois Bela Tarr.
Ce dernier a également porté à l’écran une adaptation du roman de 1989 de l’écrivain, « La mélancolie de la résistance », qui se déroule aussi dans un lieu désolé de l’ère communiste, dans son film « Werckmeister Harmonies » réalisé en 2000.
« Maître hongrois contemporain de l’apocalypse »
Comparé à l’écrivain irlandais Samuel Beckett comme au Russe Fiodor Dostoïevski, Krasznahorkai avait été qualifié de « maître hongrois contemporain de l’apocalypse, qui inspire la comparaison avec Gogol et Melville », par la critique américainne Susan Sontag.
Son roman « Guerre et guerre » (1999) a été décrit par le critique du magazine New Yorker James Wood comme « l’une des expériences les plus profondément troublantes que j’aie jamais vécues en tant que lecteur ».
En 2015, Krasznahorkai a remporté le prix britannique Man Booker International pour l’ensemble de sa carrière. Premier auteur hongrois à recevoir ce prix, il a cité l’auteur Franz Kafka, le chanteur Jimi Hendrix et la ville de Kyoto au Japon comme sources d’inspiration.
Interrogé sur les images apocalyptiques de son oeuvre, il a répondu: « Peut-être suis-je un écrivain qui écrit des romans pour des lecteurs qui ont besoin de la beauté de l’enfer ».
agences/ebz/olhor
Le Nobel de littérature reste dominé par les hommes
L’an dernier, l’écrivaine sud-coréenne Han Kang a remporté la prestigieuse récompense, devenant la première femme asiatique primée.
Depuis sa création, le Nobel de littérature est dominé par les hommes et les lettres occidentales. Parmi les 122 lauréats, seules 18 femmes ont obtenu le prix et une minorité des auteurs récompensés sont de langues asiatiques ou moyen-orientales. Aucune langue africaine n’est représentée.
Le Nobel consiste en un diplôme, une médaille et un chèque de 11 millions de couronnes (environ 1 million d’euros).

Rtsinfo