S’agit-il d’une fuite ou simplement de transferts de capitaux à l’étranger ? En tout cas, cette sortie massive de fonds à l’étranger par les résidents au Maroc, une première depuis ces dernières années, interpelle à plusieurs égards. Selon les derniers chiffres fraîchement publiés par l’Office des Changes, les avoirs en numéraire et dépôts des résidents à l’étranger se sont envolés à 13,6 milliards de dirhams à fin septembre 2024, contre 6 milliards un an auparavant.
Cette hausse remarquable signifie que les résidents de notre pays (individus, des entreprises ou des banques locales) augmentent leurs avoirs financiers sous forme de numéraire (espèces) et de dépôts bancaires à l’étranger. Difficile de savoir aussi bien les motifs que les détails sur qui transfert combien. Surtout avec la mesure de régularisation volontaire de la situation fiscale des contribuables réinstaurée par la Loi de Finances pour l’année 2024, et qui a pris fin le 31 décembre 2024.
Le scénario de recherche de rendement par des entreprises ou des banques à travers des opportunités financières plus intéressantes à l’étranger est peu plausible. Pourquoi ?
Un, à fin novembre 2024, les investissements Directs Marocains à l’Etranger ont baissé de 7% à 21.994MDH contre 23.643MDH, un an auparavant.
Deux, en manque criard de liquidités, les banques locales ne peuvent répondre à des besoins spécifiques de liquidité à l’étranger.
En agissant ainsi, les résidents cherchent-ils à fuir le fisc ou à sécuriser leur patrimoine en transférant des fonds vers des pays jugés plus stables ?
En tous cas, cette sortie de capitaux réduit la liquidité disponible dans le système financier domestique.
‘’Ces sorties sont d’autant plus dommageables que les pays émergents payent une prime de risque importante lorsqu’ils empruntent en monnaie forte. Cette prime de risque constitue, pour les pays les plus endettés, une charge financière significative qui peut alimenter, en cas de ralentissement de l’activité économique, une augmentation du service de la dette et une dynamique de surendettement’’, note une étude économique. A suivre!