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ENTRETIEN: MALIKA MOUILEK DIRECTEUR EXÉCUTIF DE LA FIFARGANE

Les changements climatiques menacent l’Arganier inscrit comme  patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Les efforts de sa promotion ne manquent pas. Dans le cadre de la nouvelle stratégie Génération Green, le nouveau plan de développement de la filière ambitionne à l’horizon 2030 de doubler la production de l’huile d’Argane pour atteindre 10.000 T, d’augmenter le taux de conditionnement de l’huile d’Argane pour passer de 20% à 50%, de développer l’arganiculture sur une superficie de 50.000 ha ainsi que de réhabiliter l’arganier forestier sur une superficie d’environ 400.000 ha.

Dans cet Entretien, Libre Entreprise fait le point avec Madame Mouilek sur l’impact des changements climatiques.

Les changements climatiques exercent une pression croissante sur les ressources en eau disponibles pour l’agriculture. Quels impacts chiffrés sur votre filière?

Effectivement, les changements climatiques exercent une pression sur les réserves en eau, mais ce n’est pas tout. On constate aujourd’hui dans la grande majorité de la réserve de biosphère d’arganier qu’il s’agit d’un climat aride et non plus semi-aride et cela nuit à la viabilité de l’arganier.   Ainsi, la grande majorité de l’arganier pousse en forêt et on n’a pas la main sur lui pour l’arroser ou le contrôler et la pluie reste le seul et unique moyen pour l’arrosage. Cependant, nous n’avons pas de données chiffrées certaines à 100%, mais on est en cours d’alimentation d’un système de SIG (on est dans la 4ème année d’alimentation) qui pourra nous fournir des informations exactes sur la filière.  Selon les producteurs, la quantité de la matière première a régressé de plus de la moitié durant les trois dernières années, mais avec les dernières pluies l’espoir de bonne récolte revient aux esprits.

Titre : « La matière première a régressé de plus de la moitié durant les trois dernières années »

Avez-vous pris des mesures d’adaptation ?

Oui, des mesures d’adaptation sont prises depuis des années par le projet DARED (développement de l’arganiculture en environnement dégradé), un projet novateur supervisé par l’ ‘Agence pour le Développement Agricole (ADA)  et mis en exécution par l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier (ANDZOA) dans les régions de Souss-Massa, Guelmim Oued Noun et Essaouira. Ce projet a permis la plantation de 10.000 ha d’arganier, la construction des ouvrages de collectes des eaux pluviales et le renforcement de la recherche scientifique.

Pouvez-vous nous dresser un état des lieux de votre filière (production, emploi, consommation, investissements, exportations…)?

Par rapport au poids économique de la filière, les données chiffrées disponibles laissent ressortir un chiffre d’affaires de 1,14 milliard de dirhams, dont un total de 273 millions de dirhams à l’export pour un volume de 3.640 tonnes. La production annuelle s’élève à 5.640 tonnes d’huile d’argan et 298.800 tonnes de fruits secs (matière première). En somme, la valeur ajoutée ressort à 797 millions de dirhams. La filière compte 25.000 emplois directs, créant 13 millions journées de travail dont 8 millions fournies par les femmes. A souligner, enfin, que l’effort de réhabilitation porte sur 150 000 hectares d’arganeraies , en précisant que les nouvelles plantations dépassent les 10.000 hectares.

« On constate aujourd’hui dans la grande majorité de la réserve de biosphère d’arganier qu’il s’agit d’un climat aride et non plus semi-aride, et cela nuit à la viabilité de l’arganier »

ENTRETIEN ÉCRIT MALIKA MOUILEK DIRECTEUR EXÉCUTIF DE LA FÉDÉRATION INTERPROFESSIONNELLE DE LA FILIÈRE DE L’ARGANE (FIFARGANE)

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