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« On retrouve les microplastiques partout, même dans les testicules »

Jusqu’à 8000 tonnes de plastique se retrouvent chaque année dans la nature en Suisse, principalement sous forme de microplastique, alerte vendredi un rapport de l’association Earth Action. Cette pollution est un problème de santé publique, estime dans La Matinale la conseillère aux Etats Céline Vara (Verte/NE).

Environ un kilo de plastique par personne et par an est rejeté dans la nature en Suisse, s’inquiète un rapport de l’association Earth Action, qui réunit plusieurs études scientifiques sur la question. A la lecture d’un tel chiffre, on pourrait s’imaginer que les déchets s’amoncellent dans nos rues ou nos forêts. Mais ces montagnes de plastique sont invisibles, puisqu’elles sont composées à plus de 90% de microplastiques.

L’usure des pneus constitue la principale source de pollution, à plus de deux tiers . Viennent ensuite la peinture pour les façades et le marquage des routes, et finalement le littering — les détritus.

Problème supplémentaire, le plastique n’est pas inerte et uniforme. Selon le rapport, plus de 16’000 produits chimiques sont utilisés pour le fabriquer sous toutes ses formes aujourd’hui. Ces produits sont souvent nocifs pour la santé et la biodiversité, avec notamment des perturbateurs endocriniens.

Omniprésence dangereuse

Ce rapport est accompagné d’une lettre ouverte, signée par des scientifiques et des ONG, adressée aux parlementaires, à la veille de la session d’été qui débute lundi. Une vingtaine d’objets ont été déposés autour du plastique.

La conseillère aux Etats Céline Vara (Verte/NE) est l’autrice de plusieurs d’entre eux. Invitée dans La Matinale, elle pointe l’omniprésence des microplastiques.

« C’est un peu comme les pesticides de synthèse, comme les PFAS: les micro et nanoplastiques, on ne les voit pas, mais ils sont partout, dans l’air, dans l’eau, dans la terre et même sur les glaciers. » « Et on sait même, avec plusieurs études faites ces quatre dernières années, qu’on les retrouve aussi dans le corps, dans le sang, dans le placenta. Et tout dernièrement, une étude a démontré qu’on les retrouvait dans les testicules, et qu’on pouvait faire un rapprochement avec la baisse de la fertilité. « 

« Un problème politique »

Pour la conseillère aux Etat, il s’agit d’un problème politique. « Il y a bien sûr un impact gravissime sur la santé publique, mais aussi sur l’environnement, sur la biodiversité. Et il y a aussi tout un plan économique lié à l’utilisation de ce plastique — et du pétrole de manière plus générale. Qu’est-ce qu’on va faire maintenant pour essayer de rendre cette filière propre? »

Et d’énumérer: « Est-ce qu’on doit se passer complètement du plastique? Est-ce qu’on arrive à le recycler? On voit aujourd’hui que c’est très compliqué, il y a des milliers de substances qui composent ces plastiques, ce sont parfois des polluants graves, toxiques. Comment fait-on pour les traiter? Il s’agit de vraies questions que l’on a posées au Conseil fédéral, qui n’est pas très motivé jusqu’à maintenant à donner suite. » rtsinfo

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