Au cours du point de presse qu’il a donné le 18 juillet 2023, à l’occasion de la mise en eau du barrage de Nachtigal (420 MW), en construction dans la région du Centre du Cameroun, le ministre de l’Eau et de l’Énergie a révélé que le gouvernement vient de valider le plan de redressement prioritaire du secteur de l’électricité pour la période 2023-2026. « Ce plan prioritaire, d’un coût global de 400 milliards de FCFA, sera financé en partie respectivement par la Banque mondiale via le programme axé sur les résultats (Pfor R), pour un montant de 180 milliards de FCFA, et par la Banque africaine de développement à hauteur de 48 milliards de FCFA », a précisé Gaston Eloundou Essomba. Ce dernier révèle ainsi par la même occasion un besoin de financements supplémentaires de 172 milliards de FCFA.
Ce plan est en réalité de la phase urgente du plan de redressement du secteur de l’électricité du Cameroun (PRSEC). Etalé sur la période 2023-2030, il nécessite la mobilisation de 6 000 milliards de FCFA dont 4 000 milliards de FCFA pour la production de 3000 MW en partenariat public privé (Centrale à Gaz de Limbé, Barrages hydroélectriques de Kikot, Grand Eweng, Bini à Warack, Cholet, Katsina Ala et Menchum etc.), 1 200 milliards de FCFA pour les infrastructures de transport et 800 milliards de FCFA pour les infrastructures de distribution, rapporte Investir au Cameroun.
À en croire le membre du gouvernement, la phase prioritaire du PRSEC, qui est corrélé à la mise en service du barrage de Nachtigal, qui débitera la totalité de ses 420 MW à partir du mois de septembre 2024 (60 MW seront disponibles dès décembre 2023), cible principalement les investissements sur les segments de la distribution et du transport de l’énergie électrique. « Pour le segment transport, l’augmentation des capacités de transformation des postes aboutira à l’amélioration de la qualité de la fourniture en énergie électrique auprès des industries et des ménages », apprend-on.
Fournir 250 MW aux industries
Dans le domaine de la distribution, ce plan permettra, d’une part, « d’améliorer la qualité de service auprès des ménages, et de procéder au raccordement d’un million de nouveaux ménages ainsi que de convertir un million de compteurs post-payés en prépayés » ; et d’autre part, poursuit le ministre Eloundou Essomba, de satisfaire « la nouvelle demande des industries, qui est évaluée à date à 250 MW dans les principales zones industrielles du pays, notamment Douala et Kribi ».
L’on peut remarquer que les deux villes susmentionnées sont respectivement la capitale économique du Cameroun, qui est visée par la majorité des promoteurs de projets d’entreprise bénéficiant depuis 2014 de la loi de 2013 portant incitations à l’investissement privé en République du Cameroun ; et la cité balnéaire de la région du Sud du pays, dans laquelle a été construit le port en eau profonde de Kribi, présenté comme l’infrastructure portuaire la plus importante dans le golfe de Guinée.
Afin de développer une zone industrielle de 1 500 hectares aux alentours de cette infrastructure portuaire, pour un investissement global de 550 milliards de FCFA devant générer 50 000 emplois, le Port autonome de Kribi (PAK), l’entreprise publique chargée de sa gestion, a d’ailleurs signé un MoU le 15 février 2023, avec quatre entreprises. Il s’agit du Français Bolloré Africa Logistics, tombé depuis décembre 2022 dans l’escarcelle de l’Italo-Suisse MSC ; l’Agence spéciale Tanger Méditerranée (TMSA), qui gère le complexe portuaire de Tanger MED au Maroc ; ICTSI, opérateur philippin présent sur le terminal polyvalent du port de Kribi ; et CHEC, le constructeur de ce port, qui opère également son terminal à conteneurs en joint-venture avec Bolloré (devenu AGL après son rachat par MSC) et l’armateur français CMA CGM