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CROISSANCE : QUELLES PROJECTIONS POUR 2021 ?

  • Par Amine Elbied
  • Economiste, Expert en Finance et Stratégie
  • Article publié dans le numéro décembre2020-janvier 2021 de notre Magazine

La pandémie de la Covid-19 et les décisions restrictives pour limiter la propagation du virus ont eu un fort impact sur les économies du monde entier. L’arrêt soudain de l’activité économique a affecté gravement les entreprises, les ménages, les institutions financières, les marchés, le commerce international. La crise a constitué un choc à la fois de l’offre et de la demande. On ne détaillera pas ici l’impact de la crise sur l’économie marocaine ou mondiale car ce sujet a déjà été largement traité. Nous nous focalisons sur les projections nationales et internationales pour l’année 2021. Pour avoir en effet une vision macroéconomique nationale qui soit pertinente, elle doit s’accompagner d’une projection au niveau mondial, l’économie marocaine étant très intégrée dans les chaînes de valeur mondiales et dépendante du commerce international.

Les perspectives mondiales restent aujourd’hui très incertaines. Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, a lui-même rappelé, lors d’une séance d’écoute à la Chambre des représentants le mardi 24 novembre 2020, que le monde évolue dans le brouillard. Le seul mot qui revient dans tous les rapports des institutions mondiales est « l’incertitude ». Dans un tel contexte d’incertitude, l’approche la plus rationnelle et la plus prudente consiste à construire des scénarii futurs d’évolution, c’est-à-dire des représentations plausibles de différents futurs envisageables. C’est une technique de prospective qui permet d’élaborer ensuite des stratégies s’adaptant aux différents scénarios identifiés. Elle a été utilisée notamment par l’OCDE et le FMI, qui ont proposé tous les deux leurs scénarii pour 2021, et c’est ce que nous proposons de faire dans cet article pour le Maroc.

Nous proposons donc des scénarii d’évolution de la croissance au Maroc en 2021. L’approche que nous avons adoptée consiste à se baser d’une part sur les estimations faites par le HCP, la Banque centrale, le Ministère de l’Economie et des Finances, et les hypothèses retenues pour faire leurs projections, et d’autre part sur les scénarii réalisés par l’OCDE et le FMI concernant l’évolution mondiale en 2021. Les projections présentées ici reflètent les informations actuellement disponibles. Au fur et à mesure de l’apparition de nouvelles données, ces projections pourraient être potentiellement révisées, et les scénarii amenés à être réactualisés. Ils sont présentés à l’instant t pour aider à la décision dans un environnement qui, de l’avis général, est plein d’incertitudes.

Projections internationales pour 2021

Dans la plupart des économies, le PIB de fin 2021 devrait rester inférieur au niveau auquel il s’établissait à fin 2019, et bien en deçà de ce qui était prévu avant la pandémie. Selon l’OCDE, « De nombreuses grandes économies avancées pourraient avoir perdu l’équivalent de 4 à 5 années de croissance du revenu réel par habitant en 2021 » et « Nombre de grandes économies de marché émergentes devraient aussi connaître des déficits de croissance importants » (Rapport OCDE de sept 2020). L’OCDE prévoit pour le Monde une augmentation de +5% en 2021. La reprise progressive de l’économie mondiale devrait se poursuivre pendant les dix-huit prochains mois, mais à un rythme variable suivant les économies.

La chine sera le seul pays à enregistrer une croissance positive en 2020, compte tenu du fait que l’épidémie y a débuté plus tôt, que la propagation du virus a été jugulée rapidement, et grâce aux mesures de soutien adoptées par les pouvoirs publics pour permettre à l’activité de rebondir rapidement. Selon l’OCDE, la Chine devrait connaître une croissance du PIB de +8% en 2021. Tous les pays du G20, à l’exception de la Chine, auront subi une récession en 2020. Le G20 enregistrera une hausse de +5.7% en 2021. Les États-Unis connaîtront une croissance de +4% en 2021. Pour la zone Euro, principal partenaire commercial du Maroc, la croissance prévue va augmenter de +5.1% en 2021. La France affichera une hausse de 6%. Xerfi, leader en France des études sectorielles, prévoit comme l’OCDE une croissance mondiale de +5% en 2021. Le FMI prévoit pour 2021 une reprise économique mondiale « longue et difficile » (A Long and Difficult Ascent). Il prévoit un redémarrage plus lent de l’économie. Selon ses dernières prévisions publiées le 13 octobre, la reprise sera aussi plus lente en 2021 (+5,2 % contre +5,4 % annoncés en juin dernier).

Le FMI prévoit pour la Chine une croissance de +8.2% en 2021, pour les États-Unis une hausse de +3.1% en 2021, la France 6%, la région MENA 3.2%. Il prévoit pour les pays émergents une reprise de +6% en 2021. La Banque mondiale prévoit une contraction de la croissance mondiale de -5,2 % en 2020, malgré un soutien sans précédent des politiques fiscales et monétaires, puis une reprise en 2021. Elle reconnaît elle aussi que la récession mondiale pourrait être encore plus grave si la maîtrise de l’épidémie prenait plus de temps que prévu. L’OCDE affirme de son côté qu’il y a « un risque élevé que les coûts de la pandémie s’inscrivent dans la durée ». En France, d’après une enquête de Xerfi (Xerfi Previsis), les dirigeants d’entreprises ne prévoient un retour à la normale qu’en 2022. Et c’est peut-être optimiste… Car l’étude a été réalisée en mai 2020, avec une projection sur 2021 du PIB à 9,1%, largement revu à la baisse depuis ! Enfin, selon la Banque mondiale, les économies émergentes profondément intégrées dans les chaînes de valeur mondiales, dépendantes fortement des financements extérieurs et du commerce international, des exportations de matières premières et du tourisme, dont les capacités de santé sont limitées et où d’importants foyers de COVID-19 existent, subiront les répercussions de l’épidémie de manière disproportionnée. Celles exportatrices de matières premières seront durement touchées par les retombées négatives de la croissance nettement plus faible de la Chine et par l’effondrement de la demande mondiale de matières premières.

Scénarii d’évolution de la pandémie et impact économique à l’international

Comme le dit PricewaterhouseCoopers dans son rapport « Reconstruire Face à la crise » (Juin 2020), « Il faut sortir d’une gestion « mono scénario » et construire une stratégie et un mode de gestion agile capable de faire face rapidement aux risques non anticipés ».

Les Scénarii OCDE à l’international :

L’OCDE a présenté plusieurs scénarii d’évolution de la croissance en 2021. Dans le scénario de référence élaboré par l’OCDE et présenté plus haut, les prévisions (actuelles) correspondantes supposent que des vagues locales sporadiques d’infections se poursuivraient, et qu’elles donneraient lieu à des interventions locales ciblées plutôt qu’à des confinements nationaux. Elles supposent aussi qu’un vaccin ne serait largement disponible qu’à la fin de 2021. L’OCDE a exposé par ailleurs deux autres scénarii, un plus favorable et un plus défavorable que le scénario de référence, fondés sur le modèle économétrique mondial de l’Institut national de recherche économique et sociale du Royaume-Unis (NiGEM).

Scénario favorable de révision à la hausse (OCDE):

La menace du coronavirus se dissipe plus rapidement que prévu. Des mesures d’endiguement clémentes suffisent à maîtriser la propagation du virus. Se fait un déploiement plus massif et plus rapide que prévu d’un traitement ou d’un vaccin. Les ménages et les entreprises renouent avec la confiance. La demande intérieure serait confortée. Il y aurait un regain des dépenses des ménages et de l’investissement des entreprises, ainsi qu’une réduction du chômage. Il est supposé qu’en termes de politique monétaire, les taux directeurs seront laissés inchangés. Les échanges mondiaux sont sensiblement renforcés, progressant de quelque 6 % en moyenne en 2021, ce qui stimule les exportations dans toutes les économies. Dans ce scénario favorable, le taux de la croissance mondiale est affermi d’environ 2 points en 2021 par rapport aux prévisions actuelles, soit une croissance du PIB mondial de +7%.

Scénario défavorable de révision à la baisse (OCDE):

La propagation du COVID-19 s’accélère et des mesures d’endiguement plus fortes s’imposent. La confiance reste fragile. « Nombre d’entreprises se trouveraient alors dans une situation encore plus tendue pendant une longue période, en particulier dans les secteurs dont l’activité serait à nouveau soumise à de sérieuses restrictions, accentuant le risque de voir se multiplier des faillites et des destructions d’emplois ». Il y a une recrudescence des faillites d’entreprises, une montée du chômage, un fléchissement sensible de l’investissement des entreprises. On assisterait à une période prolongée d’atonie de l’investissement. Les échanges mondiaux pâtissent fortement de la chute de la demande et se replient de plus de 7 % en 2021. L’aversion pour le risque gagnerait du terrain sur les marchés financiers. Dans de nombreuses économies, la marge d’assouplissement de la politique monétaire pourrait également être réduite butant sur des taux d’intérêt nominaux nuls. Il est supposé qu’en termes de politique monétaire, et dans l’hypothèse de résultats plus fragiles, les taux directeurs seraient abaissés, dans la mesure du possible…Une résurgence plus vigoureuse de la pandémie, ou des mesures d’endiguement plus strictes, pourraient amputer de 2 à 3 points de pourcentage le taux de croissance mondiale en 2021, soit une réduction de moitié du taux de la croissance mondiale estimé pour 2021 dans le scénario de référence, autrement dit une croissance du PIB mondial de 2 à 3%.

Les Scénarii FMI à l’international :

Le FMI se base sur le modèle G20 pour estimer l’impact potentiel sur l’économie mondiale selon l’évolution de la lutte contre le COVID-19.Le FMI, dans son World Economic Outlook de mi-octobre 2020, a tablé sur une croissance de 4,9% en 2021. Il prévoit également, comme l’OCDE, un scénario favorable et un scénario défavorable.

Scénario à la hausse (FMI):

La lutte contre le virus se passe bien. On assiste à une accélération des investissements dans les capacités de production de vaccins et à des accords de coopération, avec une découverte précoce du vaccin, qui devient largement répandu et disponible. Les secteurs à forte intensité de contacts, qui ont été le plus affectés, rebondissent plus rapidement que supposé dans le scénario de base. L’amélioration de la confiance entraîne une augmentation des dépenses, de meilleures perspectives pour les entreprises, des primes de risques plus faibles. Le rebond plus rapide cause moins de faillites, moins de chômage. La croissance mondiale dans le scénario haussier accélère progressivement par rapport à la ligne de base, avec une croissance d’à peu près ½ point de pourcentage de plus en 2021, passant à environ 1 point de pourcentage de plus en 2023. En 2024, la reprise est modérée, avec une croissance légèrement inférieure à la ligne de base en 2025. Les économies émergentes et avancées voient une nette amélioration de l’activité. D’ici 2025, le niveau du PIB mondial est à peu près de 2% au-dessus de la ligne de base, avec une amélioration dans les économies émergentes de près du double de celle des économies avancées.

Scénario à la baisse (FMI):

La lutte contre le virus s’avère être plus difficile et plus prolongée, jusqu’à ce qu’un vaccin soit largement disponible. On suppose qu’en 2021 les progrès sur tous les fronts dans la lutte contre le virus se révèle être plus lents que prévu dans le scénario de base, y compris en termes de progrès dans la découverte de vaccins, les traitements et l’observance de distanciation sociale pour contenir le virus. Cela conduit à une détérioration de l’activité des secteurs à forte intensité de contacts, avec des effets se répercutant sur d’autres secteurs, un resserrement des conditions, avec des spreads en augmentation. Les conditions reviennent progressivement au niveau de référence au-delà de 2022. La faiblesse plus prolongée de l’activité est supposée créer des dommages supplémentaires et persistants sur la capacité de l’offre des économies, avec une perte de capital productif, une hausse persistante du taux de chômage et une croissance de la productivité temporairement plus faible. On suppose que ces effets de cicatrisation se feront largement sentir en 2022 et au-delà. Par rapport à la ligne de base, la croissance mondiale en 2020 est d’environ ¾ point de pourcentage plus faible et près de 3 points de pourcentage plus faible en 2021 dans le scénario à la baisse. Les économies émergentes sont plus négativement touchées que les économies avancées, étant donné que leur plus grande contrainte budgétaire limite leur capacité à soutenir les revenus. Par conséquent, des conditions financières encore plus strictes pour les économies émergentes creusent encore plus l’écart avec les économies avancées. L’impact négatif sur le niveau du PIB est environ deux fois plus important pour les économies de marché émergentes que pour les économies avancées. L’impact négatif plus prolongé sur l’activité, combiné aux dépenses budgétaires supplémentaires pour soutenir les revenus, conduit à une augmentation marquée de l’endettement public. Les ratios dette / PIB augmentent de plus de 10 points de pourcentage en moyenne pour les économies avancées, mais de 5 points de pourcentage pour les économies émergentes d’ici 2022.

Projections nationales pour 2020

On prévoit une contraction du PIB réel au Maroc de -5% en 2020 (contre +3,7 % prévu avant l’épidémie par le Budget 2020) (en juillet et selon le gouvernement dans le cadre de la loi de Finances rectificative). La Banque centrale prévoit une contraction du PIB de -5.2%. La contraction serait de -5,8% (puis estimée à -6%) selon le HCP en septembre 2020, vu la progression de la pandémie et les mesures restrictives. Cette prévision du HCP est plus pessimiste que celles du gouvernement et de Bank al Maghrib, mais le Haut Commissaire M. Ahmed Lahlimi l’a jugée plus réaliste étant donné la propagation de la pandémie. Le taux attendu par le Centre marocain de conjoncture (CMC)serait de -6,2%. Selon les dernières prévisions de la Banque centrale marocaine, l’économie du pays devrait se contracter de 6,3 % (au lieu de 5,2 % comme elle l’avait précédemment annoncé), en raison d’un « redémarrage plus lent que prévu » face à la pandémie et de l’évolution de la situation épidémiologique. Selon des estimations à mi-octobre 2020, le FMI prévoit pour le Maroc une contraction du PIB de -7%, contre -3.7% en avril.

Projections nationales pour 2021

Le HCP, dans son ancienne hypothèse de travail, datant du début de la pandémie, avait tablé sur une fin de la pandémie en décembre 2020 et un scénario moyen de production agricole sur la campagne 2020/2021. Selon le HCP, l’évolution de l’économie serait de +4,4% sur 2021, tirée par la reprise de la demande intérieure (contribue pour 4,8% à la croissance), l’évolution de 4,9% des impôts et taxes sur produits nets de subventions, une contribution de la demande extérieure de -0,4 point. Le HCP prévoit une hausse du secteur primaire de 9,1% en 2021. Le taux de croissance du PIB réel attendu par le Centre marocain de conjoncture (CMC) est de +5,5% pour 2021 et de +4,1% en 2022. Bank al-Maghrib espère pour 2021 une croissance économique de +4,7 % en 2021 (au lieu de +4,2 % espéré en juin). La Banque centrale prévoit une augmentation de 12,6% de la valeur ajoutée agricole en 2021, sous l’hypothèse d’une récolte céréalière de 75 millions de quintaux. Selon une estimation réalisée à mi-octobre 2020, le FMI table sur une croissance de +4,9% en 2021. En avril 2020, la Banque mondiale avait prévu une croissance de +5,5% en 2021. Mais dans son « Rapport de suivi dela situation économiqueau Maroc » de juillet 2020, elle est devenue moins optimiste dans ses prévisions, estimant qu’ « en 2021, l’économie s’accroîtra probablement de 3,4 % avec une augmentation de la production agricole grâce à des conditions climatiques plus normales et un accroissement plus lent de la production non agricole, alors que l’activité économique intérieure redémarrera parallèlement au relèvement des principaux marchés d’exportation européens du Maroc ». La dernière déclaration vient de Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, lors d’une séance d’écoute à la Chambre des représentants, le mardi 24 novembre 2020. Il a affirmé que la relance économique n’interviendra réellement qu’à partir de 2023 (!), et a appelé à de grandes réformes structurelles pour améliorer la résilience du Maroc.

Scénarii d’évolution de la pandémie et impact économique au Maroc

Les perspectives nationales et mondiales demeurent très incertaines, car liées à l’évolution de la pandémie. Il y a un degré d’incertitude élevé concernant la durée de la pandémie et le moment de la reprise économique (nationale et mondiale). Les perspectives de croissance, le rythme et la durée de la reprise, dépendent d’un nombre important de facteurs, tels que l’ampleur et de la durée des nouvelles vagues de la pandémie ; le maintien ou le renforcement des mesures prises pour la contenir ; la répercussion sur la confiance et la consommation ; la découverte d’un vaccin ou traitement réellement efficace et à l’immunité durable contre la Covid-19 ; la durée écoulée avant cette découverte du vaccin ou du traitement ; la disponibilité ensuite de ce vaccin ou traitement pour toute la population mondiale, et en particulier pour le Maroc ; les mesures de relance budgétaires et monétaires adoptées ; l’évolution générale de l’économie mondiale ; le réagencement des chaînes d’approvisionnement mondiales, l’ampleur des répercussions internationales de la baisse de la demande extérieure ; la réorganisation du marché du travail, et en particulier la capacité des travailleurs touchés par la crise sanitaire à retrouver de l’emploi ; le comportement des ménages et des entreprises qui, dans un contexte d’incertitude élevée, risquent de recourir à l’épargne de précaution, ce qui pourrait freiner la consommation et l’investissement privés. On adopte généralement l’hypothèse d’une reprise en V, ce qui veut dire une reprise mécanique de la croissance à la fin de la pandémie. La courbe en V suppose qu’on revient au niveau où on était avant la pandémie… Sauf que la reprise en V à la fin du confinement n’a pas eu lieu à cause de l’aggravation de la pandémie causée par le déconfinement. Il reste difficile de faire des prédictions étant donné toutes les incertitudes autour de la gravité et de la durée de la pandémie, tant au Maroc qu’au niveau international. En tenant compte de l’évolution imprévisible de la situation épidémiologique, on peut tenter de présenter des scénarii, sachant que les prévisions du gouvernement, celles de Bank al-Maghrib, et celles du HCP, sont différentes mais restent à peu près équivalentes. Elles sont peut-être plus optimistes que la réalité, et que ce que laisse présager les données actuelles. Ces prévisions, comme celles d’ailleurs du FMI ou de la Banque mondiale, ne cessent d’ailleurs d’être modifiées, en étant le plus souvent de plus en plus pessimistes. Exemple du FMI, qui prévoit à mi-octobre une contraction du PIB au Maroc de -7%, contre -3.7% en avril. Il y a aussi un autre facteur externe à la pandémie qui peut influer positivement ou négativement sur les prévisions de l’évolution du PIB au Maroc, c’est le secteur agricole. En 2019, le Maroc n’avait connu qu’un taux de croissance de 1,5 % à cause d’une mauvaise pluviométrie. Le Maroc a souffert d’une forte sècheresse, mais « Si jamais l’agriculture est relancée cette saison, espère le Haut-Commissaire au Plan, M. Lahlimi, avec une bonne pluviométrie, bien répartie aussi bien dans le temps que dans l’espace, cela peut faire redémarrer une bonne partie de l’économie (…) Si la saison s’annonce bonne, cela peut apporter un motif d’espoir et limiter les dégâts de la pandémie sur l’économie ». Selon donc le comportement du secteur agricole, l’évolution estimée du PIB peut être revue à la hausse ou à la baisse. Malheureusement, le pays souffre toujours de la sècheresse en 2020, et on s’attend à une baisse de 5,3% du secteur agricole, alors que l’agriculture est le premier secteur contribuant au PIB, devant le tourisme et l’industrie. Si on peut donc espérer un impact positif du secteur agricole sur la croissance, ce ne peut être qu’en 2021. Tout le monde s’accorde à dire que les prévisions de croissance au Maroc, qui sont faites sur 2020, et a fortiori celles de2021,sont amenées à évoluer tant la situation est encore incertaine. Toutes les prévisions, dans la conjoncture actuelle, sont à prendre avec des pincettes, le laisse entendre le gouverneur de la Banque centrale. M. Jouahri reconnaît que ces perspectives vont devoir être régulièrement actualisées. A ce stade, il n’est possible d’avoir aucune certitude sur l’évolution de la pandémie et ses conséquences, aussi bien au niveau national qu’international. On peut cependant imaginer plusieurs scénarii pour comprendre à quoi on peut s’attendre, ce qu’on peut espérer et ce qu’on peut craindre.

Remarque préliminaire:

Le scénario de référence au Maroc correspondant aux prévisions actuelles, se basait initialement sur une fin de pandémie en 2020 et laisse entendre aujourd’hui que la fin de la pandémie aurait lieu assez tôt en 2021, comme il est prévu pour l’année prochaine une reprise économique et un rebond de la croissance autour de +5%. Ces prévisions laissent supposer aussi qu’il n’y aura pas au Maroc de futures mesures de confinement draconiennes, à l’échelle nationale. Ces hypothèses nationales semblent correspondre plutôt au scénario optimiste (ou « favorable ») de l’OCDE/NiGEM, qui veut qu’il y ait un déploiement plus massif et plus rapide que prévu d’un traitement ou d’un vaccin, sachant que ce qui est prévu dans le scénario de référence de l’OCDE, c’est une disponibilité du vaccin pour l’ensemble de la population à fin 2021, ce qui veut dire que selon ce scénario favorable de l’OCDE/NiGEM, le traitement ou le vaccin pourrait être disponible pour tous dès le premier semestre 2021. De même, ce scénario favorable prévoit des mesures d’endiguement clémentes qui suffiront à maîtriser la propagation du virus. Alors que le scénario de référence prévoit des vagues locales sporadiques d’infections qui se poursuivraient en 2021, et qui donneraient lieu à des interventions locales ciblées tout au long de l’année 2021, ce que ne semble pas prévoir le scénario de référence au Maroc. Le scénario national de référence prévoyant une croissance autour de +5% en 2021 est en réalité le scénario le plus optimiste. C’est celui qui se rapproche le plus du scénario dit « favorable » par l’OCDE/NiGEM. Il est à craindre même qu’il soit plus favorable… Quant au scénario optimiste du FMI, il semble l’être moins que celui de l’OCDE puisque le FMI ne prévoit en 2021 pour les économies émergentes qu’une croissance d’à peu près½ point de pourcentage de plus par rapport au scénario de base. Il n’y a donc pas pour le FMI de différence notable entre le scénario optimiste et le scénario de base. L’effet « optimiste » se fait ressentir plutôt les années d’après. Le FMI prévoit en effet une reprise économique mondiale « longue et difficile » (A Long and Difficult Ascent), un redémarrage plus lent que prévu de l’économie. Selon une estimation réalisée en mi-octobre 2020, le FMI table sur une croissance de +4,9% pour le Maroc en 2021, ce qui fait espérer dans un scénario optimiste une croissance entre +5 et +5,5%, ce qui correspond plus ou moins au scénario national de référence.

Nous proposons à présent des scénarii pour le Maroc en 2021, en se basant d’une part sur les estimations faites par le HCP, Bank al Maghrib, le Ministère de l’Economie et des Finances, et les hypothèses retenues pour faire leurs projections, et d’autre part sur les scénarii réalisés par l’OCDE et le FMI sur l’évolution mondiale en 2021.

Scénario 1 (optimiste) : Pas d’aggravation supplémentaire de la pandémie au Maroc et retour à la normale au niveau mondial vers la fin du premier semestre 2021 (T2 à T3 2021) La propagation du virus demeure sous contrôle. Il n’y a pas de mesures de confinements draconiennes au niveau national. Les mesures restrictives sont limitées géographiquement et dans le temps. La fin de la pandémie mondiale se situe vers la fin du premier semestre 2021 (T2 à T3). La reprise économique post-pandémique au Maroc est prévue durant le second semestre 2021. Selon le Haut-Commissaire au Plan, M. Lahlimi : « Il n’y a pas de recette miracle, la reprise économique dépend de l’évolution de la situation épidémiologique. Si celle-ci s’améliore, on peut espérer un retour à la normale ».La reprise de la croissance est possible au second semestre 2021. L’évolution du PIB est neutre au premier semestre, positive au second, positive mais faible sur l’année 2021.La directrice en charge du Maroc à la BERD, Marie Alexandra Veilleux-Laborie, a déclaré qu’ « En 2021, le Maroc devrait enregistrer une croissance, mais probablement faible ». Le HCP avait fait des prévisions très optimistes (mais début juillet 2020, soit avant l’explosion du nombre de cas journalier, et qui supposent la fin de la pandémie en décembre 2020), tablant sur une évolution positive de +4,4% sur l’année 2021. Les prévisions sont encore plus optimistes pour Bank al-Maghrib, qui espère une croissance de 4,7 % (au lieu de 4,2 % en juin). Le HCP suppose dans ses prévisions une production agricole moyenne sur la campagne 2020/2021. Pour rester sur un scénario optimiste, on peut espérer qu’une bonne campagne agricole l’année prochaine boostera la croissance en 2021, sachant que l’agriculture est le premier secteur contribuant au PIB. Dans ce cas on pourrait espérer une croissance du PIB approchant les 4-5%, conformément aux prévisions (optimistes) actuelles.

Scénario 2 (intermédiaire):

Pas d’aggravation supplémentaire de la pandémie au Maroc et retour à la normale au niveau mondial vers fin 2021 C’est le scénario de référence de l’OCDE/NiGEM qui prévoit des vagues locales sporadiques d’infections se poursuivant en 2021, donnant lieu à des interventions locales ciblées, et un vaccin disponible fin 2021. Les prévisions du HCP sur une évolution positive de +4,4% sur l’année 2021 seraient peu probable en raison du prolongement de la pandémie tout au long de 2021. L’OCDE prévoit environ 2 points de moins pour le taux de la croissance mondiale en 2021 pour ses prévisions par rapport au scénario favorable, ce qui, si on l’appliquait au Maroc, nous ramènerait à une croissance autour de 2%. On suppose ici une campagne agricole moyenne, et donc meilleure que celle de 2020 et 2019. La croissance pourrait être inférieure si le pays souffre encore de la sécheresse l’année prochaine.

Scénario 2bis (intermédiaire):

Aggravation de la pandémie au Maroc et retour à la normale au niveau mondial vers la fin du premier semestre 2021 (T2 à T3 2021) C’est plutôt là encore un scénario « favorable » du point de vue de l’OCDE/NiGEM, avec un retour à la normale au niveau mondial plus tôt que fin 2021, mais le scénario est plus « défavorable » pour le Maroc puisqu’il prévoit au niveau national une aggravation de la pandémie et des mesures très strictes de confinements. L’hypothèse retenue est une « deuxième vague » avant fin 2020 ou au premier semestre 2021. Il y aurait des mesures de confinements draconiennes au niveau national, mais qui prennent fin durant le premier semestre 2021. Les mesures restrictives sont généralisées mais limitées dans le temps. L’impact serait négatif sur le PIB pendant la période (« Une extension des mesures de confinements aura un impact négatif à court terme sur la croissance du PIB réel », relève la Banque mondiale). La fin de la pandémie mondiale serait vers la fin du premier semestre 2021 (T2 à T3 2021). La reprise économique post-pandémique au Maroc aurait lieu durant le second semestre 2021. La reprise de la croissance est possible au second semestre 2021 ou plus lente à démarrer au premier semestre 2022. Les prévisions du HCP sur une évolution positive de +4,4% sur l’année 2021 seraient peu probable en raison des mesures de confinement drastiques faites au premier semestre, qui vont plomber le PIB. Bank al-Maghrib espère quant à elle pour 2021 une croissance de 4,7 %, mais tout en soulignant que les perspectives « restent entourées d’un niveau exceptionnellement élevé d’incertitudes liées notamment à l’évolution de la pandémie » de Covid-19. Ce niveau espéré de croissance ne prend pas en compte une aggravation de la pandémie, hypothèse de base de ce second scénario. L’évolution attendue du PIB serait négative au premier semestre 2021 (autour de -5% si on se base sur 2020), mais positive au second semestre (autour de +5% si l’on se base sur les projections à la reprise), donc on peut s’attendre sur toute l’année 2021 sur une croissance proche de zéro. La campagne agricole de l’année prochaine peut faire pencher la balance d’un côté comme de l’autre. HCP a supposé dans ses prévisions une production agricole moyenne sur la campagne 2020/2021. Le retour espéré à une évolution annuelle positive et significative du PIB est plutôt en 2022. Le dernier rapport de suivi de la situation économique au Maroc, établi par la Banque Mondiale en juillet 2020, semble confirmer cette hypothèse :«La reprise économique sera longue, la croissance ne retrouvant son niveau antérieur à l’épidémie qu’en 2022, au plus tôt ».

Scénario 3 (pessimiste) : Aggravation de la pandémie au Maroc et prolongement de la pandémie au niveau mondial vers la fin 2021 ou au-delà

Ce scénario national correspond plus ou moins au scénario « défavorable » de l’OCDE/NiGEM. La propagation du COVID-19 s’accélère et des mesures d’endiguement plus fortes s’imposent. On assiste à une résurgence vigoureuse de la pandémie, avec une « deuxième vague » d’ici début 2021 et de nouvelles vagues au courant de l’année. Il y aurait des mesures de confinements draconiennes au niveau national, fréquentes tout au long de l’année 2021. Les mesures restrictives seraient généralisées et non limitées dans le temps ou répétitives. Il y aurait un fort impact négatif sur le PIB réel à moyen-long terme. La fin de la pandémie mondiale aurait lieu fin 2021 ou courant 2022. La reprise économique post-pandémique au Maroc se ferait courant 2022. La reprise de la croissance aurait lieu courant 2022 voire 2023 si la pandémie se prolonge courant 2022 et affecte de manière durable et profonde l’économie marocaine. Dans ce scénario, les prévisions du HCP sur une évolution positive de +4,4% sur l’année 2021 seraient hautement improbables en cas d’aggravation et prolongement de la pandémie sur toute l’année, avec les mesures de confinement drastiques et l’évolution économique mondiale. L’OCDE prévoit pour ce scénario défavorable un taux de croissance mondiale en 2021 de 2 à 3%, amputé donc de 2 à 3 points par rapport au scénario de référence. Pour le Maroc, on a dit que la croissance serait autour de 2% pour le scénario intermédiaire 2 et autour de 0% pour le scénario intermédiaire 2 bis. Si on ampute la croissance de 2 à 3 points par rapport au scénario intermédiaire, comme l’a fait l’OCDE pour la croissance mondiale, on arriverait pour ce scénario pessimiste à une croissance négative, ou au mieux proche de zéro. Le FMI, de son côté, a tablé en mi-octobre 2020 sur une croissance de 4,9% en 2021 au Maroc pour le scénario de base. Dans le scénario pessimiste, il prévoit pour les économies émergentes en 2021 une croissance inférieure de près de 4 points par rapport au scénario de base. Ce qui ramènerait la croissance à pratiquement zéro. Mais il suppose dans son scénario pessimiste qu’en 2021 les progrès dans la lutte contre le virus sont« plus lents » que prévu, sans pour autant que la situation ne devienne grave comme on le suppose dans ce scénario 3. Il suppose également que les conditions reviennent progressivement au niveau de référence au-delà de 2022. On peut donc supposer encore une fois que la croissance sera négative dans ce scénario pessimiste. Dans un scénario pessimiste avec une aggravation de la pandémie au Maroc et un prolongement de la pandémie au niveau mondial jusqu’à fin 2021 ou au-delà, on peut donc s’attendre à ce que l’évolution du PIB au Maroc soit négative tout au long de l’année 2021. La reprise sera difficile en 2022, avec une évolution très mitigée. Les effets de la crise seront durables et risquent de se prolonger bien au-delà de 2021. Dans ce scénario pessimiste, et puisqu’il faut jouer les Cassandre, on peut craindre aussi que le Maroc continue à souffrir de la sécheresse en 2021, comme en 2020 et 2019. Si c’est le cas, le PIB risque de se creuser encore plus. La situation dans ce cas deviendrait préoccupante. Dans ce scénario comportant de sérieuses restrictions tout au long de 2021, les problèmes de liquidité actuels risquent fort de se transformer en problèmes de solvabilité, que ce soient pour les ménages, les entreprises ou les États. Au Maroc, avec l’aggravation des incertitudes et le prolongement de l’atonie de la demande, beaucoup d’entreprises opérant dans des secteurs frappés par la pandémie et les mesures restrictives vont se retrouver en situation d’insolvabilité. Il est à craindre des faillites massives d’entreprises dans tous les secteurs les plus touchés par les mesures d’endiguement et la pandémie. Le risque est particulièrement important pour les secteurs exportateurs impactés par la crise.La prime de risque sur les obligations d’entreprises et les actions va augmenter, renchérissant le coût du capital et bridant encore plus l’investissement.Il y aura une montée significative du chômage, et un effondrement de l’investissement des entreprises. Les pertes d’emplois et la hausse du chômage vont aggraver la pauvreté, sans compter le dénuement de millions de travailleurs informels. Ce scénario « pessimiste » est loin d’être irréaliste ou inenvisageable. Même la Banque mondiale, dans son « Rapport de suivi de la situation économique au Maroc », datant de Juillet 2020, reconnaît que « les perspectives sont sujettes à un degré inhabituel de risques, principalement à la baisse ». Selon la Banque mondiale, la principale source d’incertitude et le degré d’ampleur de la crise sont liés à la découverte éventuelle ou au contraire de l’absence d’un traitement efficace ou d’un vaccin contre la COVID-19. Si un vaccin réellement efficace, et sûr, est découvert tardivement ou s’il s’avère impossible de le mettre au point, comme dans le cas de maladies telles que l’Ebola et le MERS, de nouvelles vagues de la Covid-19 surviendront, potentiellement sous une variante plus mortelle, comme ce fut le cas en 1918–1920 avec la grippe espagnole. Les perspectives économiques mondiales seront alors plus désastreuses avec un impact négatif sur l’activité économique du Maroc ». Vu comment la Banque mondiale a formulé ses craintes, on ne peut que redouter la réalisation d’un tel scénario. Il faut espérer que la situation ne se détériore pas jusqu’à ce point, et que les choses n’en arrivent pas là…

L’espoir d’un vaccin :

Une dizaine de candidats-vaccins sont en phase 3 des essais cliniques, dont l’américain Moderna, Pfizer, AstraZeneca avec l’Université d’Oxford, les chinois Sinopharm et Sinovac… La fin des essais est de un à trois ans environ selon le vaccin. Mais les laboratoires pharmaceutiques peuvent espérer un déploiement massif de leur vaccin bien avant la fin des études cliniques. Le vaccin Sinopharm a eu en Chine le feu vert pour des usages d’urgence, mais attend toujours son autorisation. Au Maroc, 10 millions de doses pour 5 millions de marocains ont été commandées, après des essais sur 600 volontaires marocains. Le 9 novembre, le laboratoire américain Pfizer a annoncé que son vaccin est efficace à 90%. Mais ce résultat est provisoire et peut encore évoluer et on ne connait pas sa durée d’immunité. Il n’y a pas encore d’article scientifique permettant d’analyser ces résultats. On ne sait pas non plus si le vaccin est efficace pour toutes les catégories de personnes, et s’il protège contre les symptômes ou l’infection, sachant qu’il y a beaucoup de cas qui sont asymptomatiques et contagieux. Pfizer doit déposer une demande d’autorisation à l’Agence américaine des médicaments (FDA). Le vaccin Moderna, lui, serait efficace à 94,5%. Mais le médecin en chef de Moderna, Tal Zaks, a d’ores et déjà averti que ce vaccin n’empêchera pas la transmission du virus. Il a déclaré que le public ne devrait pas « sur-interpréter les résultats des essais de vaccins et supposer que la vie pourrait revenir à la normale après la vaccination ». Selon lui, les résultats du vaccin montrent qu’il peut empêcher une personne de tomber malade ou « gravement malade », mais ces mêmes résultats ne montrent pas que le vaccin empêche la transmission du virus. La société va faire elle aussi une demande d’autorisation à la Food and Drug Administration (FDA) pour une utilisation en urgence de son vaccin. Le résultat du vaccin Oxford-AstraZeneca annonce un taux d’efficacité de 70 %. Mais ce résultat est en réalité ambigu, car il représente une moyenne entre celui d’une injection d’une demi-dose de vaccin et d’une dose complète. Le problème est que l’injection incomplète donne un résultat plus intéressant, à 90% d’efficacité, contre 62% dans le cas d’une injection complète, ce qui est loin d’être intuitif, et oblige les chercheurs à revoir leur copie. Mustapha Naji, expert en virologie, avait déclaré début octobre qu’en cas d’échec ou de non-aboutissement de toutes ces études, il «nous resterait un seul choix, celui de vivre avec le virus». Si en revanche un de ces vaccins s’avère à la fois sûr et efficace, avec une immunité durable et une validité pour toutes les catégories de personnes, se posera alors la question de sa disponibilité et du délai nécessaire pour une vaccination massive de toute la population mondiale. Il faut savoir que 13% de la population mondiale, correspondant aux pays les plus riches, se sont déjà accaparés par contrats 50% des vaccins qui seront produits. La question de la disponibilité des vaccins se heurte également aux problèmes de conservation. Si certains vaccins peuvent être conservés à -20 degrés Celsius, c’est-à-dire la température d’un congélateur standard, d’autres nécessite une conservation à moins 80 degrés Celsius. Difficile dans ce cas d’envisager une vaccination rapide et massive dans le monde entier. La conservation et le transport de milliards de doses à travers toute la planète sera un défi majeur, aussi grand peut-être que la découverte même du vaccin ! Pour finir sur une note optimiste, on pourrait espérer, si ces différents vaccins tiennent leurs promesses, un retour à la normale au niveau mondial avant la fin de l’année prochaine. Les campagnes massives de vaccination dans le monde pourraient commencer dès le premier semestre 2021. Etant donné les problèmes de disponibilité des produits, il est difficile de prévoir si la pandémie pourra être jugulée avant la fin du premier semestre 2021 ou s’il faudra attendre la fin de l’année. On peut espérer aussi qu’il n’y aura pas d’aggravation supplémentaire de la pandémie au Maroc d’ici là, et que le scénario 3 pourra être écarté, tout comme le scénario 2 bis. On envisagerait alors la possibilité du scénario intermédiaire 2, ou du scénario 1, le plus optimiste, selon si le retour à la normale se fera à la fin de l’année 2021 ou dès la fin du premier semestre.

Mais quel que soit le scénario qui va finalement se réaliser, il convient aujourd’hui de tous les envisager, et tout en espérant le meilleur, continuer à se préparer au pire.

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