Tout est question de confiance! Allant de la monnaie fiduciaire jusqu’au contrat social en passant par l’« esprit du capitalisme » auquel la banque mondiale fait la promotion. Dans son dernier rapport (voir notre Dossier), l’institution de Breton Woods alerte sur la mauvaise cote de confiance qui a atteint son niveau historique le plus bas au Maroc. Attention! Moins de 10% seulement des Marocains qui font encore confiance à autrui. Pourquoi la confiance est brisée entre le chef d’entreprise et l’administration, le consommateur et les produits et services consommés, l’élève et son prof, l’électeur et son élu,… ? Pourquoi et comment en arrive-t-on là? La banque mondiale, qui ne souffle aucun mot, en sait quelque chose.
Certes, le PIB par habitant aurait quasiment doublé pour dépasser les 7.360 dollars et qu’une amélioration plus générale des conditions de vie et une atténuation de la pauvreté monétaire ont été observées sur les 15 dernières années. Mais à quel prix? Pourquoi l’accumulation du capital produit s’est opérée aux dépens de celle du capital social ? Quand les experts de la banque mondiale parlent de « convergence lente et incomplète », c’est la preuve que le Maroc ne suit et ne suivra pas à la lettre les recommandations des institutions internationales. Un jeu de patience qui biaise toutes les lectures que l’on pourrait en faire.
Quoi que l’on puisse objectiver, pour voir un jour reconstituer les pièces éparses aujourd’hui du puzzle social, il faudrait crier au miracle. Un miracle « Made in Morocco » ! Et non une recette à l’emporte-pièce, qui interroge pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ! Dès lors que le Maroc n’est ni l’Europe du Sud des années 1960, ni la Chine des années 1980 encore moins le Chili ou la Turquie des années 2000. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, et voici que le Maroc se trouve aujourd’hui nager entre deux eaux. Le temps n’épargne pas ce qu’on a fait sans lui. Hélas, l’effet est double : le coût du manque de confiance auquel vient se greffer celui du regain de confiance. Le remède miracle tient à une équation personnelle qui rehausse le capital confiance et lui donne la place qui lui sied. Car nul n’a autant besoin de confiance, que celui qui en a perdu. Et ce n’est pas fortuit que la première puissance économique mondiale appose ce terme fourre-tout au dollar : «In God we trust »!