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Zone de libre-échange continentale : Rêve ou Réalité ?

Par Mohamed Berrada

 

Economiste, Professeur à l’université Hassan II. Ancien ministre des Finances, ancien Ambassadeur du Maroc en France, ancien patron de l’OCP et ancien patron de la RAM.

Je ne pense pas qu’on puisse réussir au niveau continental et dans un délai très court, ce que les communautés économiques régionales peinent à réaliser depuis plusieurs décennies. Mais l’histoire nous enseigne que chaque réalité a commencé par un rêve. Le continent africain ne peut pas rester dispersé de la sorte avec des échanges intra-africains aussi faibles, à peine 12%, laissant l’opportunité de son développement entre les mains des puissances étrangères, dont le seul intérêt est d’exploiter ses richesses minières et naturelles. Il ne s’industrialise pas suffisamment et ne crée pas assez de valeur ajoutée, et donc d’emplois pour une population jeune importante. Je pense qu’il y a déjà une réalité, celle de la détermination des dirigeants politiques africains de mener ce projet à son terme. Je reste optimiste à ce propos. Il demandera du temps, mais il se fera. L’union africaine en fait sa priorité. La Maroc avec son expérience dans le domaine des accords de libre-échange, est appelé à jouer un rôle fondamental dans ce processus.

« Le continent africain ne peut pas rester dispersé de la sorte avec des échanges intra-africains aussi faibles, à peine 12%, laissant l’opportunité de son développement entre les mains des puissances étrangères, dont le seul intérêt est d’exploiter ses richesses minières et naturelles »

La mise en place de la Zone de libre-échange continentale est une étape importante vers le marché commun africain,  un espace commercial de plus d’un milliard de consommateurs, susceptible ainsi d’attirer les investissements nationaux et étrangers, booster  la production, renforcer la compétitivité des entreprises et favoriser le bien-être des populations africaines. Je pense aussi que les dirigeants africains sont conscients des difficultés qui les attendent. Des mécanismes d’ajustement et de compensation pour pallier les manques à gagner que le projet pourrait engendrer dans les caisses des États africains sont prévus. Mais certains  obstacles au commerce doivent être levés. Il s’agit, entre autres, de ceux liés à la faiblesse des capacités productives, mais aussi à la qualité des infrastructures. En particulier l’inadaptation des infrastructures de transport. Les échanges interrégionaux nécessitent évidemment un réseau de transport en bon état, avec un système de transfert aux ports, de logistique, d’entreposage, de manutention et d’organisation douanière efficaces. Dans le cas contraire, cela grèverait les couts de manière inconsidérée et poserait un problème au niveau de la compétitivité de ces échanges. On comprend donc que ce projet est appelé non seulement à booster les échanges en créant de nouvelles capacités productives, mais à donner l’opportunité à mener de vastes programmes d’investissements en infrastructure bénéfiques aux pays membres.

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