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Crédits à l’équipement : Comment les PME se financent-elles ?

Signe des temps : l’encours des crédits à l’équipement suit toujours sa courbe baissière depuis le début de la crise sanitaire covid19. A fin mai 2021, cet encours a totalisé 178,3 milliards de dirhams, en baisse de 4,9% par rapport à avril 2020. Cet indicateur sur la santé du maillage industriel laisse présager un mauvais signe. D’ailleurs, les taux débiteurs crédits à l’équipement ont grimpé de 4,23% au 4éme trimestre 2020 à 4,34% au premier trimestre 2021. Comment expliquer ce semblant de paradoxe, perçu d’un point de vue macroéconomique?

Au lieu d’ouvrir les vannes, les banques n’ont cessé d’en réduire le débit, bien qu’il soit toujours plus délicat de serrer le robinet. Selon l’économiste Abdelouahed El Jai, la lecture de cet indicateur des crédits à l’équipement pour être plus pertinente devrait se faire sur une échelle temporelle d’au moins un an. Un Standard de temps qui passe entre le dépôt du dossier du crédit bancaire et la réception de la commande, sans parler des délais supplémentaires pour les achats en provenance de l’étranger. Soulignant qu’il faut prendre en considération le coût des ressources (taux créditeurs) pour les banques. Sans oublier l’encours des créances en souffrance qui a atteint 82,7 milliards de DH à fin mai 2021, en progression de 12,2% par rapport à avril 2020. Depuis le début de l’année, cette hausse est de 3,1%. Aux yeux de l’économiste, une hausse trimestrielle de 11 points de base des taux débiteurs crédits à l’équipement n’est pas aussi significative pour en juger de la gravité de la situation. Même son de cloche au niveau des résultats de l’édition trimestrielle de l’enquête de conjoncture relatifs au  premier trimestre 2021 de Bank  Al-Maghrib (BAM) : « un coût du crédit en stagnation selon la majorité des chefs d’entreprises industrielles et un accès au financement bancaire jugé «normal» par 87% des chefs d’entreprises et «difficile» par 12% », note-t-on.

La facture du Covid-19 pèse lourd sur le plan de la sinistralité des banques. Ce qui pousse les TPME à s’orienter vers d’autres sources de financement, puisque les grandes entreprises se financent directement sur les marchés financiers.

Pour bien comprendre cette tendance baissière des crédits à l’équipement, l’enquête de BAM nous informe que « les dépenses d’investissement sont en stagnation selon 57% des patrons, en hausse selon 27% et en baisse selon 16%. Celles-ci auraient été financées à hauteur de 70% par des fonds propres et 30% par des crédits ».

La hausse des commandes est perceptible à travers les importations de biens d’équipement. Selon l’Office des changes,  les  achats  des  biens  d’équipement augmentent de 7,1%, passant de 36.599 MDH à fin avril 2020 à 39.205MDH à fin avril 2021. Les dépenses d’investissement réalisés dans le cadre de la banque de projets lancée par le ministère de l’industrie y est pour quelque chose. Quoique « l’insuffisance de la demande, la crise sanitaire du Covid-19 et l’accentuation de la concurrence sont évoqués par les patrons d’entreprises comme étant  les principaux freins à l’augmentation de la production », conclut l’enquête de BAM.

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