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Ahmed BAROUDI : « IL FAUT D’ABORD RÉPONDRE À LA QUESTION DE L’UTILITÉ DE LA SIE »

Quoi de neuf chez la SIE ?

AHMED BAROUDI DG DE LA SOCIÉTÉ D’INVESTISSEMENTS ÉNERGÉTIQUES (SIE)

Nous sommes en train de mener un  terme à tous les projets engagés  dans un premier temps. Ensuite, suite au Conseil d’administration du 9 février dernier, nous avons reçu des instructions de nos administrateurs pour nous mettre en veille et apporter tout notre soutien à un comité  ad hoc  qui doit réfléchir et décider de l’utilité de la SIE  dans le panorama national, et sur la base de cette définition , son positionnement par rapport aux autres acteurs. Dans ce cadre-là, il m’a été demandé de transférer les dossiers de l’efficacité énergétique à l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE). Ce que nous menons ne se fait pas de manière instantanée. Nous  devons regarder convention par convention, projet par projet. Nous bouclerons bientôt tous les dossiers pour le transfert et puis nous devons faire le point avec notre commissaire aux comptes pour les responsabilités fiscales, légales … qui correspondent à ce transfert. Une fois que cette analyse sera terminée comme l’a demandé Monsieur le Ministre, on tiendra une réunion avec l’AMEE pour leur transférer l’ensemble des dossiers dont nous disposons, ce qui signifie que la SIE arrêtera de faire l’efficacité énergétique conformément aux instructions de sa gouvernance.

Qu’en est-il de la mission financement ?

Impossible de vous répondre tout de suite à cette question, il faut d’abord répondre, comme je vous l’ai dit à la question de l’utilité de la SIE.  Est-ce qu’elle est utile ou pas assez utile,  et une fois qu’on a répondu à cette question, on saura son positionnement par rapport aux autres acteurs. Quant au financement, aujourd’hui tout est bloqué, tous les investissements, tous les projets… En attendant le Conseil d’administration de juin 2018, nous n’avons aujourd’hui qu’un simple budget de fonctionnement  qui nous permet d’avancer en accord avec les instructions qui nous sont données.

« Essayons de faire en sorte que dans notre pays les choses puissent avancer indépendamment des hommes, parce que les cimetières sont pleins d’hommes indispensables »

S’agissant des énergies renouvelables, vous n’êtes pas sans savoir que la technologie évolue de jour en jour, qui dit technologie dit prix. Aujourd’hui le coût de sortie usine du kilowattheure de la Centrale Noor est considéré comme encore cher par rapport au prix réel qu’il devait l’être. Qu’en pensez- vous ?

Le prix de sortie d’usine du kilowattheure dépend de la technologie utilisée. Celui sorti des centrales solaires à base CSP reste plus onéreux que le prix kilowattheure produit par la photovoltaïque. Paddy Padmanathan, Chief Executive Officer du groupe Aqua Power, qui est l’installateur des Centrales Solaires à Concentration (CSP) de Noor 1 et Noor 2, a dit lui-même que le prix du kilowattheure photovoltaïque est inférieur à 50 centimes de dirhams, alors qu’aujourd’hui il le produit à plus de 1,50 dirham avec la technologie CSP. Il y a un grand écart extrêmement important reconnu par Monsieur Padmanathan. Ceci dit, le choix de la technologie CSP est un choix qui est réfléchi par l’ONEE,  MASEN et par le  Ministère de l’Énergie, mais qui correspond à un besoin actuel du Maroc celui d’injection de puissance dans le réseau, pourquoi ? Parce qu’il est important d’intégrer une capacité de stockage, or le CSP gère cette capacité de stockage aujourd’hui. Ce qui est aussi le cas maintenant et dans un prochain avenir du photovoltaïque parce que les technologies de stockage se développent beaucoup. Dans deux ans, la photovoltaïque n’aura rien à envier au CSP. Et pour être juste, il faudra comparer le prix du kilowattheure à sortie d’usine de CSP à celui sortant d’une centrale de photovoltaïque qui inclut l’investissement de stockage dans le coût du kilowattheure, et là on pourra comparer des choses comparables.

Par rapport à la compensation industrielle, valeur aujourd’hui on est encore loin du compte. Vous avez parlé de l’internationalisation à l’africaine du salon, le ministre a parlé de l’intégration continentale. Ne pensez-vous pas qu’il faut qu’on soit déjà apte à transférer quelque chose que nous, nous maîtrisons d’abord… ? 

Oui et non, je pense que nous avons déjà des expériences intéressantes dans notre pays que beaucoup de pays africains n’ont pas. Je pense aussi que beaucoup de pays africains ont des expériences, que nous au Maroc nous n’avons pas. Il ne faut pas se tromper, les autres pays africains ne nous attendent pas, ils avancent plus vite que nous sur beaucoup de secteurs. Nous avons nous aussi beaucoup à apprendre de beaucoup de pays africains. C’est la raison pour laquelle, je pense, qu’il faut créer de l’émulation, de l’échange et du partage entre pays africains, entre le Maroc et les autres pays de notre continent commun. C’est extrêmement important parce que ceci va nous permettre d’aller vite et de nous appuyer sur le principe d’additionnalité et de mutualisation des  efforts. C’est pour cela que Photovoltaïca change de concept pour devenir PhotovltAfrica, une plateforme d’échange et de partage à dimension africaine.

« Padmanathan a dit lui-même que le prix du kilowattheure photovoltaïque est inférieur à 50 centimes de dirham, alors qu’aujourd’hui il le produit à plus de 1,50 dirham avec la technologie CSP »

De Photovoltaïca à PhotvoltAfrica… ?

Le congrès international PHOTOVOLTAICA a démarré dans des conditions que je qualifierai de difficiles, car il n’a pas été facile de le financer au début sachant qu’il a pris un bon départ. Il a mobilisé,  avec le peu de moyens engagés, énormément de responsables d‘entreprises, de dirigeants politiques africains et européens. Je pense que nous faisons suffisamment honneur à notre pays en recevant dans des conditions dignes, agréables et de qualité tous nos invités internationaux et en particulier ceux africains. J’ai tenu à ce que nos invités africains soient choyés, qu’ils se sentent ici  comme chez eux.

Enfin, vous avez certainement un message à véhiculer …?  

Essayons de faire en sorte que dans notre pays les choses puissent avancer indépendamment des hommes, parce que les cimetières sont pleins d’hommes indispensables ; que les structures puissent se complémentariser intelligemment et additionner leurs forces dans l’intérêt du pays, c’est ça le plus important.

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