COMMERCE : MHE PLACE LA BARRE TRÈS HAUT
De par ses enjeux stratégiques, le Forum Marocain du Commerce tenu les 24 et 25 avril courant à Marrakech a bouclé ses consultations sur une note positive. Plus de 1500 recommandations ont été formulées par plus de 1400 professionnels émanant des quatre coins du pays ayant fait le déplacement pour faire entendre leur voix. Se félicitant de la réussite de cette grand-messe, Moulay Hafid Elalamy(MHE), ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique a promis de passer au crible ces recommandations pour ne retenir au final que celles disposant d’un argumentaire bien fondé. Lesquelles serviront de pièces à conviction pour peaufiner sa nouvelle stratégie, qui devrait être présentée au Souverain dans les semaines à venir, à en croire le ministre. Mais avant cela, il faudrait franchir le cap des troisièmes Assises Nationales sur la Fiscalité, organisées les 3 et 4 mai 2019. Et c’est là tout l’enjeu étant donné que l’aspect fiscal truste la tête des doléances avec plus de 280 recommandations, pour ne citer que le mille-feuille de la fiscalité locale. Au point que Driss Berrada, directeur du Contrôle à la Direction générale des impôts (DGI), qualifie la taxe professionnelle ou la patente de « l’impôt injuste et sans fondement logique ».
Le casse-tête fiscal n’est pas le seul maquis inextricable. Viennent ensuite, les recommandations liées à la mise à niveau de la profession et les aspects réglementaire et juridique. La concurrence acharnée entre les grandes et moyennes surfaces, l’anarchie dans laquelle plongent les marchés de gros, le désordre causé par les commerçants ambulants…autant de problèmes qui attendent des réponses. À ce titre, il faut savoir aussi que les frontières entre les activités formelles et informelles sont perméables. Sur la liste des recommandations, les propositions en lien avec la couverture sociale dépassent le seuil des 100. Les commerçants protestent en gros contre un dispositif plus cher et moins protecteur. Dans le registre des recommandations, on trouve également des propositions concernant la formation, la gouvernance, la qualité et la protection du consommateur, la régionalisation, etc. Sans oublier la compétitivité et la promotion des exportations. Là, utile de le souligner, une étude sur l’offre exportable est en cours. Parmi ses conclusions : un potentiel d’augmentation du chiffre d’affaires à l’export de 15 milliards de dollars et la création de 250.000 emplois.
Par ailleurs, la fête des commerçants n’a pas manqué de clabaudage, d’ailleurs on reconnaît un marchand à son cri. Seulement que cette fois-ci, ce sont les calculs politiciens qui sont en jeu. À la clef, des appels sur un ton aigu pour modifier le Code électoral relatif aux élections des Chambres de commerce, d’industrie et de services. En un mot : écarter les partis politiques de l’élection des membres des Chambres. Face à cette expression collective et bruyante, on trouve un ministre ouvert d’esprit et qui a réussi un coup de maître, pédagogiquement parlant. Il a su mettre de l’ordre et de l’ambiance avec brio. Pour calmer les ardeurs, il reconnait ouvertement qu’il a négligé pour longtemps ce secteur et s’engage, désormais, à rendre au Commerce ce qui est au Commerce. Il avoue solennellement que le Plan Rawaj n’a pas atteint les objectifs escomptés faute de moyens. Ils sont près de 26.000 commerçants à avoir bénéficié de ce programme, soit seulement près de 3% de la profession. Un nombre insignifiant quand on sait que le pays compte 800.000 points de vente, dont 80% sont des petits commerces. Aux yeux de MHE, si le plan d’accélération industrielle a bien fonctionné, c’est parce que chaque année un budget de 3,4 milliards de dirhams est débloqué des caisses de l’État au profit de l’industrie. Même scénario est donc prévu pour la nouvelle stratégie nationale pour le Commerce, mais pas avec les mêmes moyens financiers. Sachant que le secteur du Commerce représente 30% des contribuables et participe à hauteur de 20% aux recettes fiscales de l’État contre seulement 7% pour l’Industrie. Ce que l’on sait jusqu’à présent, c’est que le budget alloué aux Chambres de commerce et d’industrie a été multiplié par 10, passant de plus de 40 à 450 millions de dirhams, comme l’a souligné le ministre lui-même. Il semble être confiant dans ses chances de succès. Sera-t-il à la hauteur de ses promesses ? Wait and see! M.M
Chiffres clés
- 1505 est le total des recommandations.
- 280 recommandations relatives à la fiscalité du secteur du commerce intérieur.
- 244 recommandations relatives au renforcement de la compétitivité du secteur du commerce.
- 159 recommandations relatives à la réforme réglementaire et législative.
- 105 recommandations relatives à la couverture sociale.
- 78 recommandations relatives à l’intégration du commerce ambulant.
- 61 recommandations relatives à la promotion des produits marocains et du label «Made in Morocco».
- 52 recommandations relatives aux Accords commerciaux.
- 51 recommandations relatives à la Formation.
- 26 recommandations relatives à la promotion de la qualité et la protection du consommateur.
- 26 recommandations relatives à la modernisation des marchés de gros.
- 23 recommandations relatives au développement du secteur du commerce dans le cadre de la régionalisation avancée.
- 21 recommandations relatives au développement de l’intégration économique régionale du Maroc en Afrique.
Signature de conventions
Une convention-cadre de partenariat pour la promotion de l’entrepreneuriat et de la compétitivité des entreprises dans les Régions a été signée jeudi, à Marrakech, entre le Ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie Numérique, la Fédération des Chambres Marocaines de Commerce, d’Industrie et de Services du Maroc (FCMCIS) et Maroc PME. Signée par le Ministre de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie Numérique, Moulay Hafid Elalamy, le président de la FCMCIS, Omar Moro, et le directeur général par intérim de Maroc PME, Hassan Bakhouch, en marge du Forum marocain du commerce, cette convention vise le renforcement du rôle des Chambres de commerce, d’industrie et de services (CCIS) dans la dynamique entrepreneuriale nationale en tant qu’acteur d’accompagnement actif et de proximité.
Cette convention confère à la Fédération un rôle majeur, structurant et à fort impact, dans la Promotion des programmes d’accompagnement de Maroc PME dans les régions et les provinces via notamment la création d’un guichet chargé de l’accueil, de l’information et de la sensibilisation sur le statut de l’Auto-entrepreneur et l’assistance à l’inscription au Registre National de l’Auto-entrepreneur, l’organisation d’actions de communication autour des programmes d’accompagnement et de la Plateforme de Compétences de Maroc PME au profit des cibles et l’identification d’opportunités de mise en relation (Grande entreprise-Très petites entreprises-Petites et moyennes entreprises). En vertu de cette convention, la Fédération aura aussi le rôle de l’identification et la mobilisation des entreprises cibles pour bénéficier des programmes d’accompagnement entrepreneurial, métier et accéléré, proposés par Maroc PME.
Deux autres conventions-cadres ont été également signées. La première convention-cadre de partenariat, signée entre le Ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie Numérique, la FCMCIS et l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX) a pour objectif la création de sections régionales de l’ASMEX au niveau des CCIS. La deuxième convention-cadre signée entre le Ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie Numérique, la FCMCIS et l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC) vise le développement de nouveaux services pour accompagner les porteurs de projets, les investisseurs et les entreprises dans les domaines de la création d’entreprise, l’innovation, les technologies et le développement de marques commerciales. Par la même occasion, il a été procédé à la présentation d’un Livre blanc remis par « TIJARA 2020 », la Fédération professionnelle regroupant les principaux distributeurs de produits de grande consommation dans plusieurs activités. Ce livre issu du travail d’une commission Ad hoc et impliquant différents experts et acteurs concernés, comporte des recommandations « pertinentes » pour réaliser l’essor escompté du secteur du commerce. (MAP)