
Des militaires en Guinée-Bissau ont annoncé mercredi avoir pris le « contrôle total du pays », arrêté le président sortant et suspendu le processus électoral, alors que le pays attendait les résultats de la présidentielle et des législatives.
Le président sortant, Umaro Sissoco Embalo, est détenu mercredi « en prison à l’état-major » par des militaires et est « bien traité », a indiqué un officier de l’armée. Une autre source militaire a confirmé l’arrestation du président Embalo aux côtés du « chef d’état-major et du ministre de l’Intérieur ».
A la mi-journée mercredi, des tirs avaient été entendus près du palais présidentiel dans la capitale Bissau et des hommes en tenues militaires prenaient possession de la principale artère menant vers le palais.
L’opposant bissau-guinéen Domingos Simoes Pereira a été arrêté mercredi par « des hommes armés » selon des proches et un collaborateur. Le dirigeant du puissant PAIGC, parti historique qui a mené la Guinée-Bissau à l’indépendance, avait été écarté de la présidentielle pour avoir déposé son dossier trop tardivement.
« Rétablir l’ordre »
En début d’après-midi, le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire de la présidence, a annoncé à la presse qu’un « Haut commandement pour la restauration de l’ordre, composé de toutes les branches de l’armée » prenait « la direction du pays jusqu’à nouvel ordre ».
« Ce qui nous a poussé à le faire c’est pour garantir la sécurité au niveau national et également rétablir l’ordre », a ajouté le général, évoquant la découverte par les « renseignements généraux » d’un « plan visant à déstabiliser le pays avec l’implication des barons nationaux de la drogue ».
Les renseignements généraux « ont confirmé l’introduction d’armes dans le pays pour changer l’ordre constitutionnel », a-t-il ajouté. Le général a également annoncé la suspension de « tout le processus électoral », la fermeture des frontières « terrestres, aériennes et maritimes » et l’instauration d’un « couvre-feu obligatoire ».
En fin de journée, les rues à Bissau étaient désertes et les militaires ont pris le contrôle de toutes les grandes artères, ont constaté des journalistes de l’AFP. Plus tôt, des centaines de personnes à pied ou dans des véhicules avaient fui la zone du palais présidentiel pour se mettre à l’abri tandis que des tirs nourris avaient retenti à plusieurs reprises.
Recherche de stabilité politique
Mardi, le camp d’Umaro Sissoco Embalo et celui du candidat de l’opposition Fernando Dias de Costa avaient chacun revendiqué la victoire à la présidentielle, alors que les résultats provisoires officiels de ces élections n’étaient attendus que jeudi.
La présidentielle s’est déroulée dans le calme dimanche. La stabilité politique était l’un des enjeux majeurs du scrutin dans ce pays qui a connu depuis son indépendance en 1974 quatre coups d’Etat, 17 tentatives de putschs et une valse des gouvernements.
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