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Le prix Nobel de la paix attribué à l’opposante vénézuélienne Maria Corina Machado

Le prix Nobel de la paix a été attribué vendredi à la cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado. Elle est récompensée pour ses efforts « en faveur d’une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie ».

« Maria Corina Machado, 58 ans, est l’un des exemples les plus extraordinaires de courage civique en Amérique latine ces derniers temps », a déclaré le président du comité Nobel norvégien, Jørgen Watne Frydnes, à Oslo. Elle succède à Nihon Hidankyo, un groupe de survivants des bombardements de Hiroshima et Nagasaki, en croisade contre l’arme nucléaire.

Maria Corina Machado « a été une figure clé de l’unité au sein d’une opposition politique autrefois profondément divisée, une opposition qui a trouvé un terrain d’entente dans la revendication d’élections libres et d’un gouvernement représentatif », a-t-il ajouté.

La cause d’une vie

Entrée en politique au début des années 2000 en militant pour un référendum contre Hugo Chavez, Maria Corina Machado a fait de la chute du régime chaviste la cause de sa vie.

Elle a réussi cette unification au moment où « le Venezuela est passé d’un pays relativement démocratique et prospère à un État brutal et autoritaire en proie à une crise humanitaire et économique », a ajouté le président du comité Nobel.

Dans une vidéo diffusée par son équipe de presse, la lauréate a déclaré « être sous le choc », après l’annonce du prix Nobel de la paix. « Je suis très reconnaissante au nom du peuple vénézuélien », a-t-elle dit, réveillée en pleine nuit par l’appel, filmé, du secrétaire du comité Nobel, Kristian Berg Harpviken, qui l’a informée, la voix étranglée par l’émotion, qu’elle avait remporté le prix.

« Nous n’y sommes pas encore. Nous travaillons très dur pour y parvenir, mais je suis sûre que nous l’emporterons », a affirmé la lauréate de 58 ans. « J’espère que vous comprenez qu’il s’agit d’un mouvement, de l’accomplissement d’une société tout entière. Moi, je ne suis qu’une seule personne. Je ne mérite certainement pas cela ».

La « libératrice »

La notoriété de Maria Corina Machado a explosé lors des primaires de l’opposition en octobre 2023, recueillant plus de 90% des voix lors d’une démonstration de force avec 3 millions de votants.

Ingénieure de formation et mère de trois enfants, elle a été empêchée de se présenter à la présidentielle de 2024, malgré sa large popularité. Favorite des sondages, elle a gagné le surnom de « libertadora » (« libératrice »), en hommage au « libertador » Simon Bolivar.

Au cours de l’année écoulée, « Maria Corina Machado a été contrainte de vivre dans la clandestinité. Malgré les graves menaces qui pèsent sur sa vie, elle est restée dans son pays, un choix qui a inspiré des millions de personnes », a rappelé le comité.

Donald Trump devra attendre

Le prix échappe donc au président américain Donald Trump, qui n’avait pas caché son désir de le remporter cette année. Depuis son retour à la Maison Blanche pour son second mandat en janvier, le dirigeant américain a insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il « méritait » le Nobel pour son rôle dans la résolution de nombreux conflits — une affirmation largement exagérée, selon les observateurs.

L’ONU salue un prix pour les « aspirations » du peuple vénézuélien

L’ONU salue le prix Nobel de la paix pour Maria Corina Machado comme une « reconnaissance » des « aspirations claires du peuple vénézuélien pour des élections libres et équitables ». Mais aussi pour leurs droits politiques et pour l’Etat de droit, a affirmé le porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme Thameen Al-Kheetan.

« Nous devons travailler et dialoguer » avec celles-ci, a-t-il encore ajouté. Par le passé, la Mission internationale d’établissement des faits, mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, a affirmé que le président Nicolas Maduro et d’autres hauts responsables vénézuéliens avaient perpétré des actes équivalant à des crimes contre l’humanité.

« Très juste reconnaissance pour la longue lutte d’une femme et de tout un peuple pour notre liberté et notre démocratie », a affirmé le candidat de l’opposition à la présidentielle Edmundo Gonzalez Urrutia. 

Cette nomination est un « message puissant » en faveur de la démocratie, a réagi pour sa part la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Rtsinfo

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