Le Vietnam attend la décision de FTSE sur le reclassement de son marché boursier

Le Vietnam se prépare à une décision attendue mardi de la part du fournisseur d’indices FTSE Russell, susceptible de hisser son marché boursier au rang de marché émergent, aux côtés de la Chine et de l’Inde. Cette évolution pourrait ouvrir la voie à des milliards de dollars d’investissements étrangers.
Actuellement, la nation d’Asie du Sud-Est est classée comme marché frontière tant par FTSE que par son concurrent MSCI, une catégorie jugée plus risquée et qui empêche de nombreux investisseurs institutionnels et fonds indiciels d’acquérir des actions d’entreprises cotées localement.
FTSE avait indiqué le mois dernier, dans une note, qu’elle annoncerait sa décision concernant une éventuelle reclassification du Vietnam le 7 octobre, après la clôture du marché américain, dans le cadre de son examen annuel régulier.
L’indice de référence du Vietnam a bondi de 30 % depuis le début de l’année, faisant du pays l’un des marchés actions les plus performants d’Asie. Cependant, les investisseurs étrangers ont massivement vendu leurs titres, sur fond de volatilité du taux de change, de boom du crédit susceptible d’alimenter des bulles d’actifs, et de prises de bénéfices.
Confiance après des années sous surveillance
Le Vietnam figure sur la liste de surveillance de FTSE en vue d’un reclassement depuis 2018. Mais l’annonce imminente suscite une attention accrue après la mise en oeuvre récente de plusieurs réformes du marché afin de répondre aux exigences de l’indice.
Le mois dernier, le ministre des Finances Nguyen Van Thang a exprimé sa confiance quant à un relèvement imminent.
Même si FTSE donne son feu vert mardi, la reclassification effective du Vietnam prendrait au moins six mois, conformément aux procédures de l’indice.
Bien que la mesure ne permette pas au gouvernement d’atteindre pleinement son objectif d’intégration dans un indice émergent d’ici 2025, elle constituerait néanmoins une avancée significative. MSCI, dont les critères sont plus stricts, ne devrait pas reclasser le Vietnam dans l’immédiat.
Un reclassement synonyme d’afflux de capitaux
Le marché boursier vietnamien, qui compte environ 1 600 entreprises cotées et une capitalisation dépassant les 300 milliards de dollars, pèse 36 % dans l’indice FTSE des marchés frontières, loin devant des pays comme le Bangladesh, le Kenya ou le Maroc.
Un passage au statut de marché émergent secondaire placerait le Vietnam dans la même catégorie que des marchés plus importants tels que la Chine, l’Inde, l’Indonésie ou l’Arabie saoudite, bien qu’avec un poids modeste.
HSBC estimait le mois dernier que le Vietnam pourrait représenter 0,5 % de l’indice FTSE des marchés émergents, ce qui pourrait attirer jusqu’à 3,4 milliards de dollars d’investissements, dont 1,5 milliard provenant de fonds indiciels.
La Banque mondiale prévoit des flux à court terme d’environ 5 milliards de dollars avant et après le reclassement, issus à la fois d’investisseurs passifs et actifs.
Certains analystes locaux restent cependant prudents. « Le narratif du reclassement a perdu de sa force en tant que moteur de marché », notait lundi la société de courtage Mirae Asset Securities dans une note.
La réaction des investisseurs à un éventuel retard reste incertaine, mais elle devrait rester modérée.
« Le sentiment des investisseurs, tant locaux qu’étrangers, ne devrait pas devenir nettement négatif », estime Hoang Huy, stratégiste actions chez Maybank Securities.
Reuters –