Les États-Unis entrent officiellement en « shutdown »

Le gouvernement a de nouveau été « fermé » aujourd’hui, 1er octobre, en raison de l’incapacité du Parti républicain et du Parti démocrate à trouver un accord sur un ensemble de mesures législatives visant à financer les services publics fédéraux au-delà de la fin de l’exercice fiscal, le 30 septembre.
Les paralysies, c’est-à-dire l’interruption des activités gouvernementales non essentielles, sont plus fréquentes qu’on ne le pense aux États-Unis. Depuis 1976, année où le Congrès a instauré les règles de financement fédéral, elles se sont produites 22 fois, dont trois pendant le premier mandat de Donald Trump. Parmi elles, la plus longue paralysie de l’histoire, entre le 22 décembre 2018 et le 25 janvier 2019, a coûté à l’économie nationale environ 11 milliards de dollars, selon les estimations du Congressional Budget Office de l’époque. Le gouvernement a de nouveau été paralysé aujourd’hui, 1er octobre, en raison de l’incapacité des partis républicain et démocrate à s’entendre sur un ensemble de mesures législatives visant à financer les services publics fédéraux au-delà de la fin de l’exercice budgétaire, le 30 septembre. Le seuil de 60 voix requis au Sénat pour approuver la mesure a été un facteur particulièrement important, rendant l’opposition de la minorité démocrate décisive.
La Maison Blanche, cependant, ne semble pas en avoir fait grand cas. Trump, qui a récemment participé à des discussions infructueuses avec les dirigeants du Parti démocrate au Congrès, a d’ailleurs clairement indiqué qu’il comptait saisir l’occasion, comme plusieurs sources de presse l’avaient déjà anticipé, pour licencier définitivement « un grand nombre » d’employés du secteur public et réduire les services fédéraux non essentiels, privilégiés par les démocrates. « Les fermetures d’administrations publiques peuvent avoir de nombreux effets positifs », a-t-il déclaré hier lors d’un événement à la Maison Blanche. Pour l’instant, tous les employés du gouvernement dont les fonctions sont jugées non essentielles seront mis en congé sans solde. Cela devrait entraîner la fermeture des parcs nationaux, des musées et des monuments publics, des retards importants dans le traitement des demandes de passeport ou de visa, la suspension d’activités telles que les inspections fédérales (pour la sécurité alimentaire ou la sécurité au travail) et l’interruption de la recherche scientifique financée par l’État.
En outre, les sites web gouvernementaux pourraient être suspendus (par exemple, l’ambassade des États-Unis à Rome, qui a annoncé sur son profil Facebook qu’elle ne fournirait plus de mises à jour sur les activités de sa mission diplomatique, sauf en cas d’urgence), les enquêtes du ministère de l’Éducation (par exemple, sur les plaintes pour discrimination dans les écoles et les universités) pourraient être suspendues, et les approbations de prêts et de garanties pour les startups et les entreprises touchées par des catastrophes seraient suspendues. Les retards dans l’approbation des prêts hypothécaires garantis par l’État et des programmes de logement pour les familles à faibles revenus pourraient s’accumuler ; le Bureau of Labor Statistics ne publiera pas son rapport mensuel sur l’emploi (attendu le 4 octobre), et les données sur le produit intérieur brut, le déficit public et le commerce extérieur sont également menacées. Les services essentiels resteront opérationnels. Les agences militaires et de sécurité nationale resteront opérationnelles, tout comme les activités de contrôle du trafic aérien. Le service postal national continuera de fonctionner de manière autonome, et les programmes de soins de santé tels que Medicare et Medicaid, ainsi que les paiements de la Sécurité sociale, resteront en vigueur. La protection des frontières et les soins médicaux hospitaliers resteront garantis.
Au total, 40 % des fonctionnaires fédéraux, soit plus de 800 000 personnes, devraient être mis au chômage partiel sans salaire. Par le passé, les travailleurs mis au chômage partiel ont été payés rétroactivement à la fin du confinement. Ce ne sera peut-être que partiellement le cas cette fois-ci, compte tenu de l’intention de l’administration actuelle de licencier définitivement une partie de ces effectifs. L’arrêt des activités du gouvernement fédéral pèsera inévitablement sur l’économie américaine, dans une mesure qui dépendra en grande partie de la date à laquelle un accord sera conclu au Congrès pour rétablir les services. Les fournisseurs et sous-traitants du gouvernement pourraient subir des retards de paiement, ce qui pourrait créer des difficultés financières pour les entreprises et les travailleurs. De plus, une interruption prolongée des services pourrait générer de l’incertitude sur le marché boursier. Les analystes estiment que le coût du confinement pourrait se situer entre 0,1 et 0,2 point de pourcentage du PIB par semaine.
Le secteur privé a perdu 32 000 emplois en septembre
Selon un rapport de la société de gestion de la paie Automatic Data Processing (ADP), les employeurs privés américains ont supprimé 32 000 emplois en septembre. Les économistes considèrent généralement les données d’ADP comme moins fiables que celles du Bureau of Labor Statistics (BLS). Cependant, en raison de la fermeture des administrations fédérales, le BLS ne publiera pas son rapport mensuel sur l’emploi comme prévu le vendredi 3 octobre. Cela incitera les analystes et les économistes à prêter une attention accrue aux autres indicateurs pour évaluer l’état du marché du travail américain. AN