
Un boom économique à deux vitesses : richesse et travail sans corrélation ! La dernière note d’information, émanant du Haut Commissariat au Plan, souligne qu’au deuxième trimestre 2025, l’économie nationale a enregistré une croissance robuste de 5,5 %, soit plus du double du rythme constaté au deuxième trimestre 2023 (+2,3 %). Dans le même temps, 132 000 emplois rémunérés ont été créés, contre 112 000 postes deux ans plus tôt.
Une croissance riche, mais une élasticité emploi en baisse
Même si la croissance du PIB au T2-2025 est plus du double de celle du T2-2023 (+5,5 % contre +2,3 %), la création d’emplois n’augmente que faiblement: +20 000 postes seulement (132 000 vs 112 000). En proportion, cela signifie que chaque point de croissance en 2023 générait environ 48 700 emplois, alors qu’en 2025, chaque point de croissance ne génère qu’environ 24 000 emplois. Autrement dit, l’économie croît plus vite, mais elle crée proportionnellement moins d’emplois. Cela suggère une croissance moins intensive en emploi.
Des contrastes sectoriels marqués
L’analyse par secteur met en évidence un profond changement de dynamique.
BTP relancé : le secteur des bâtiments et travaux publics est devenu le principal moteur de l’emploi, avec 45 000 postes créés au T2-2025, contre seulement 3 000 deux ans plus tôt. Ce boom reflète la relance de grands chantiers publics.
Services en ralentissement: longtemps locomotive de l’emploi, les services passent de 77 000 postes créés en 2023 à 61 000 en 2025.
Industrie en repli: la situation est encore plus marquée dans l’industrie, où les créations chutent de 34 000 à seulement 10 000.
Un emploi davantage porté par les investissements publics
Ce basculement traduit une croissance moins inclusive. Les emplois créés se concentrent dans un secteur cyclique et sensible aux investissements publics (BTP), alors que les services et l’industrie — souvent porteurs d’emplois plus qualifiés et stables — montrent des signes d’essoufflement.
Enjeu : réconcilier croissance et emploi durable
Le paradoxe du T2-2025 illustre une fragilité : l’économie marocaine parvient à accélérer son rythme, mais sans générer une dynamique proportionnelle sur le marché du travail. Le défi reste donc de stimuler des secteurs à forte intensité en emploi qualifié, pour transformer la croissance en opportunités durables.