Des crabes marocains oubliés depuis 175 ans sortent de l’ombre

Une étude scientifique a procédé à une révision taxonomique de plus de 80 espèces de crabes issues d’une collection du Musée national des sciences naturelles d’Espagne (MNCN), déposée il y a 175 ans, permettant ainsi leur réidentification, selon un communiqué de l’institution.
Cette étude met en lumière l’importance cruciale des collections zoologiques et de la collaboration entre spécialistes pour enrichir les connaissances sur la biodiversité. Grâce à cette révision, la distribution géographique de plusieurs espèces a pu être élargie, certaines étant enregistrées pour la première fois dans des eaux de Maurice, Guinée équatoriale, Maroc, Ghana et São Tomé-et-Príncipe.
Cette recherche a été dirigée par des chercheurs de l’Institut espagnol d’océanographie (IEO, CSIC), en collaboration avec le MNCN-CSIC, l’Université de Malaga et l’Institut andalou des sciences marines (ICMAN, CSIC). Elle a porté sur des spécimens de crabes africains collectés il y a près de deux siècles, sous la direction d’Eli Muñoz, taxonomiste au Centre océanographique de Cadix et chercheuse principale du projet TAXÓN.
Résultat majeur : l’équipe a compilé le premier catalogue annoté des crabes marins africains, en se concentrant sur les crabes du groupe des Heterotremata (crabes marins). Au total, 83 espèces réparties en 21 familles ont été recensées dans les collections du musée.
Cependant, seuls 21,9 % des spécimens étaient correctement identifiés, tandis que 78,1 % n’avaient soit aucune identification, soit une identification partielle au niveau de la famille. « Cela représente une perte importante d’informations sur la biodiversité, ainsi que des opportunités manquées pour identifier de nouvelles espèces », explique Eli Muñoz.
Begoña Sánchez Chillón, responsable de la collection des arthropodes au MNCN, souligne que « les collections zoologiques sont les principaux réservoirs de biodiversité pour certaines régions ou groupes taxonomiques. Pourtant, elles souffrent souvent d’un manque de visibilité et de maintenance, et restent méconnues, même par les spécialistes ».
Eli Muñoz conclut : « Il est vital de souligner l’importance de l’accès aux collections scientifiques et de la collaboration interinstitutionnelle pour améliorer notre compréhension de la biodiversité ». agences
