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« La population de Gaza est totalement exsangue »

L’Union européenne a annoncé jeudi un accord avec Israël pour augmenter l’aide dans la bande de Gaza. Aux yeux du directeur du Programme alimentaire mondiale en Palestine Antoine Renard, les combats doivent néanmoins s’arrêter pour vraiment répondre aux besoins d’une population « totalement exsangue ».

« Nous sommes pour l’instant dans la pire situation au niveau de la couverture humanitaire à Gaza. C’est pourquoi un cessez-le-feu est essentiel pour que nous puissions faire notre travail humanitaire », a déclaré Antoine Renard vendredi dans Forum.

Le responsable régional du programme humanitaire onusien indique qu’il était sur place il y a moins d’une semaine encore. Il rappelle que la situation est « chaotique » dans le petit territoire dévasté, où les habitants sont forcés de se déplacer en permanence et dorment sous tente… quand ils ont la chance d’en avoir une.

« La population est totalement exsangue. Elle manque de tout. Elle mange pratiquement moins d’un repas par jour. Et encore, quand je parle d’un repas, c’est si on a accès à un peu de spaghettis trempés dans de l’eau chaude », décrit le travailleur humanitaire.

Le directeur du PAM pour la Palestine s’est notamment rendu auprès d’une famille dans la ville de Gaza, dans le nord de l’enclave. « Des membres de cette famille perdent connaissance parce qu’ils n’ont pas accès à assez de nourriture », détaille-t-il.

Suivre l’exemple de la trêve de cet hiver

Les arrivées de camions d’aide sont insuffisantes. Les convois sont encerclés à leur arrivée par des centaines de personnes affamées. Certains sont pillés.

Leur contenu n’est pas non plus satisfaisant: « Ce n’est pas parce que des boîtes de conserve, un peu de farine et quelques produits secs arrivent que vous arrivez à subvenir aux besoins alimentaires d’une population. Dans la bande de Gaza, il n’y a aucun accès à des produits frais: fruits, légumes ou produits laitiers », souligne Antoine Renard.

Pour lui, il est essentiel que les organisations humanitaires puissent rouvrir leurs points de distribution fermés après la rupture de la trêve par Israël le 18 mars. Actuellement, seuls quatre sites contrôlés par l’armée israélienne sont en fonctionnement.

« Nous allons vers une situation de famine si la situation ne change pas », alerte Antoine Renard. Pourtant, le cessez-le-feu en vigueur deux mois en début d’année avait offert une vraie bouffée d’air aux Gazaouis. « En février, près de 75% de la population avait un accès adéquat à de la nourriture. En décembre 2024, ils étaient 4% », fait valoir Antoine Renard.

Aujourd’hui, un demi-million de personnes risquent la famine, chiffre-t-il, soit environ un quart des habitants de l’enclave. rtsinfo

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