La UnePlusPolitique

Rapport: «Le génocide à Gaza se poursuit parce qu’il est rentable»

La rapporteuse de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, pointe du doigt plus de 60 sociétés accusées de complicité avec Israël.

La juriste italienne Francesca Albanese, rapporteuse de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés depuis 2022, a publié lundi un rapport accablant qui épingle plus de 60 entreprises. On y trouve des géants de l’armement et de la technologie, accusés de soutenir le système colonial israélien et la campagne militaire en cours à Gaza, qu’elle qualifie de «campagne génocidaire». Selon ce rapport, ces sociétés participent à la «machine économique» qui permet à Israël de poursuivre le déplacement et le remplacement de la population palestinienne dans les territoires occupés, note l’agence de presse Reuters.

Le rapport, qui s’appuie sur plus de 200 contributions venant d’États, de défenseurs des droits humains, d’entreprises et d’universitaires, actualise la base de données de l’ONU sur les entreprises liées aux colonies israéliennes (mise à jour pour la dernière fois en juin 2023). Il sera présenté jeudi au Conseil des droits de l’homme, instance que les États-Unis et Israël ont quittée plus tôt cette année en dénonçant un biais anti-israélien. Francesca Albanese y souligne que «la vie à Gaza est littéralement anéantie» et que la violence en Cisjordanie s’aggrave, ajoutant que «le génocide en cours se poursuit parce qu’il est rentable pour beaucoup».

Industrie militaire et technologique

Les entreprises citées sont regroupées par secteur, principalement l’industrie militaire et la technologie. Parmi elles, Alphabet, Amazon, Microsoft et IBM sont accusées de soutenir l’appareil de surveillance israélien et de contribuer indirectement à la destruction à Gaza. Alphabet a défendu son contrat de 1,2 milliard de dollars avec le gouvernement israélien, affirmant qu’il ne vise pas des usages militaires. Palantir est également mentionnée pour avoir fourni des outils d’intelligence artificielle à l’armée israélienne, même si l’usage précis n’est pas détaillé.

Le rapport cite aussi le groupe zougois de matières premières Glencore d’être, au côté de l’Américain Drummond, l’un des principaux fournisseurs de charbon destiné à la production d’électricité en Israël. Leurs filiales exploitent des mines en Colombie, d’où quinze cargaisons ont été expédiées depuis octobre 2023, dont six après la décision de la Colombie de suspendre ses exportations en août 2024, relève Swissinfo.

Dans le domaine de l’armement, Lockheed Martin et Leonardo sont pointés pour la livraison d’armes utilisées à Gaza. Des entreprises de construction comme Caterpillar et HD Hyundai sont également accusées de contribuer à la destruction d’infrastructures palestiniennes, notamment via des machines lourdes employées dans les démolitions. Caterpillar a déjà indiqué attendre que ses équipements soient utilisés dans le respect du droit international humanitaire.

«Diffamatoire et juridiquement infondé»

Francesca Albanese appelle ces entreprises à cesser toute collaboration avec Israël et demande à ce que les responsables soient poursuivis pour violations présumées du droit international. La mission israélienne à Genève a réagi en dénonçant un rapport «diffamatoire et juridiquement infondé» qui représenterait un abus de mandat. Reuters précise qu’environ quinze entreprises ont répondu au bureau de Francesca Albanese, mais sans publication de leurs réponses.

Le rapport illustre ainsi la complexité des liens économiques et technologiques entre les entreprises mondiales et la politique israélienne, soulignant leur implication directe ou indirecte dans les violations des droits humains et la poursuite de la colonisation des territoires palestiniens. 20min

(cga)

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page