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Cosumar: Entre Réduction des effectifs et arbitrages sur la rentabilité

Chez  Cosumar en 2024, chaque dirham investi dans les salariés rapporte 4,67 dirhams de valeur ajoutée, contre 3,57 l’année précédente.

La progression significative du coefficient de rendement du travail salarié  passé de 3,57 à 4,67 (soit une hausse de 1,1 point ou +30,8 % en un an), suggère une amélioration significative de la productivité du travail. Or, cette évolution n’est pas accompagnée d’une hausse des charges de personnel ni d’un recrutement massif.

Derrière cette performance, se cache un moteur discret mais puissant : la technologie. Automatisation des lignes de production, digitalisation des fonctions support, optimisation des ressources via des outils intelligents… Cosumar a su tirer profit de la modernisation pour produire plus, avec moins. Résultat : la valeur ajoutée grimpe, les charges de personnel restent quasi stables, et les effectifs poursuivent leur recul.

L’effectif total passe de 1 326 en 2022 à 1 128 en 2024 (–15 % en deux ans).

Une politique RH orientée vers la flexibilité

Sur le plan social, Cosumar poursuit depuis 2022 une stratégie de réduction maîtrisée de ses effectifs. Les données sont éloquentes : L’effectif total passe de 1 326 en 2022 à 1 128 en 2024 (–15 % en deux ans). Les recrutements chutent fortement : de 49 en 2022 à seulement 17 en 2024. Les départs volontaires augmentent, avec 67 démissions enregistrées en 2024 contre 40 en 2022, (soit +68 %).

Entre 2023  et 2024, la réduction des effectifs ne semble pas freiner la productivité. En effet, l’effectif total a diminué de 9,7 %, passant de 1 249 à 1 128 salariés. Pourtant, la valeur ajoutée a continué de croître, entraînant une hausse spectaculaire de la productivité par salarié. En 2023, chaque salarié générait environ 1,05 million MAD de valeur ajoutée, tandis qu’en 2024, ce chiffre a bondi à 1,53 million MAD, soit une progression de 46 % en un an. Ce gain impressionnant, bien qu’efficace, s’explique avant tout par une réduction des effectifs, et non par un véritable investissement dans la montée en compétences ou une innovation RH visant à optimiser les capacités humaines.

En 2024, la valeur ajoutée de Cosumar bondit de 31 %, passant de 1 314,7 à 1 725,9 millions de dirhams, preuve d’un gain d’efficacité ou d’une meilleure maîtrise des intrants. Or, les charges de personnel ne progressent que de 0,2 %, atteignant 369,4 millions de dirhams (contre 368,6 M en 2023). Ce décalage accentue la baisse relative du poids du capital humain dans la création de valeur, avec un  Ratio masse salariale / valeur ajoutée  tombant à 21,4 % après 28 %, une baisse significative, qui interroge sur la redistribution des gains de performance.

Sécheresse et rigueur financière : Cosumar optimise pour rester solide

En 2024, Cosumar enregistre un chiffre d’affaires de 9,64 milliards MAD, en légère progression par rapport à 2023 (+1,9 %). L’excédent brut d’exploitation reste stable, autour de 1,59 milliard MAD, traduisant une maîtrise des charges malgré un contexte tendu. En revanche, le résultat net recule à 937,5 millions MAD (–17,5 %), impacté par des facteurs non opérationnels.

Malgré une rentabilité en repli et un contexte climatique défavorable, Cosumar améliore sa trésorerie grâce à une gestion rigoureuse de son cycle d’exploitation. Alors que le résultat net et la capacité d’autofinancement de Cosumar ont fléchi en 2024, la société sucrière affiche des signes de résilience structurelle. Les données financières publiées montrent une nette amélioration des équilibres internes, en particulier sur le plan du besoin de financement et de la trésorerie nette.

Un besoin de financement global en forte baisse

Le besoin de financement est passé de 2,97 milliards de dirhams en 2023 à 2,21 milliards en 2024, soit une baisse de plus de 25 %. Cette réduction significative traduit une gestion optimisée du cycle d’exploitation : meilleure rotation des stocks, contrôle des délais clients et révision des engagements à court terme.

Alors même que les résultats fléchissent, Cosumar augmente significativement la distribution de dividendes.

Fonds de roulement : stabilité malgré le stress hydrique

Le fonds de roulement fonctionnel reste stable, à près de 1,66 milliard MAD, ce qui démontre que Cosumar a su préserver l’équilibre entre ses ressources stables et ses besoins permanents, même en contexte de sécheresse persistante. La campagne agricole 2023-2024, marquée par un déficit hydrique sévère, a pesé sur la disponibilité de la matière première locale, obligeant l’entreprise à s’ajuster sans déséquilibrer sa structure financière.

Trésorerie nette : une amélioration spectaculaire

Cosumar réduit son déficit de trésorerie nette de –1,3 milliard MAD à –561,9 millions MAD, soit un redressement de plus de 745 millions de dirhams. Une performance rendue possible par une meilleure gestion du besoin en fonds de roulement, malgré la baisse des marges opérationnelles et une politique de distribution de dividendes généreuse.

Alors même que les résultats fléchissent, Cosumar augmente significativement la distribution de dividendes. En 2024, Cosumar a procédé à une distribution de bénéfices de 944,9 millions MAD, en forte hausse de 43 % par rapport à 2023 (661,4 millions MAD), malgré la baisse du résultat net. Cette stratégie vise probablement à maintenir la confiance des actionnaires, mais elle réduit fortement l’autofinancement (passant de 474,1 M à 56,3 M MAD), ce qui peut à terme fragiliser la capacité d’investissement.

Vers un nouveau cycle ?

Dans un secteur de plus en plus exposé aux aléas climatiques et à la volatilité des marchés agricoles, Cosumar semble amorcer un nouveau cycle de discipline financière. Si la sécheresse reste un risque systémique, l’entreprise démontre sa capacité à adapter son modèle opérationnel, préserver ses équilibres et préparer la relance dès que les conditions de production redeviendront favorables. (Avec IA).

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