« Janvier 2018, une transition vers un régime de change plus flexible qui vise le renforcement de la capacité de son économie à absorber les chocs externes et le soutien de sa compétitivité. Celle-ci se déroule aujourd’hui dans de bonnes conditions, avec une appropriation par le système bancaire, une adaptation progressive des opérateurs et un approfondissement continu du marché », se félicite le gouverneur de Bank Al Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri. Et ce, à l’occasion de la rencontre « The Euromoney Morocco Conference » qui se tient aujourd’hui à Rabat. Le Wali de la banque des banques souligne que « dans la perspective du passage aux phases suivantes, Bank Al-Maghrib poursuit le développement d’un cadre de ciblage d’inflation qui sera mis en place au stade approprié de la transition. Ce nouveau cadre devrait renforcer l’autonomie de la politique monétaire et lui permettre de mieux ancrer les anticipations et in fine améliorer la transmission de ses décisions ».
Ondes de choc de la crise 2008
Pour Jouahri, le défi aujourd’hui pour le décideur public est d’intégrer cette donne de l’incertitude persistante et d’un environnement volatile et imprévisible dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques.
Extrait de son intervention
« Une décennie après l’avènement de la crise de 2008, ses séquelles persistent toujours et le continueront certainement pendant quelques années encore. Je fais référence notamment à l’aggravation de l’endettement des entreprises et des Etats dont les niveaux s’approchent de ceux de la crise des années 80, aux taux élevés du chômage des jeunes, au creusement des inégalités sociales et à l’érosion de la confiance dans les institutions publiques et politiques en particulier. Ces évolutions ainsi que la recrudescence des flux migratoires, liée en partie à la multiplication des conflits armés, se sont traduites par une montée du populisme et par l’arrivée au pouvoir de partis extrémistes dans plusieurs pays.
La zone euro, principal partenaire commercial du Maroc, est parmi les régions les plus touchées. Les difficultés de fédérer les Etats autour de la politique commune, la multiplication des revendications identitaires, les rebondissements autour du Brexit, et le vieillissement démographique que connaissent plusieurs grands pays, limitent les chances d’une croissance forte et durable.
L’espoir nourri depuis 2017 d’une expansion solide a rapidement cédé place aux inquiétudes grandissantes suscitées par la montée du protectionnisme et la remise en question du multilatéralisme et des règles régissant le commerce mondial. La globalisation qui a permis un essor remarquable des chaines de valeur mondiales et une réduction sans précédent de la pauvreté, est en train de laisser place à une nouvelle ère que certains qualifient de « slowbalisation ».
Ce sont, d’ailleurs, ces incertitudes planant sur l’économie mondiale qui expliquent l’orientation des banques centrales de certains pays avancés à ralentir le rythme de normalisation de leurs politiques monétaires. Nous entendons la BCE réitérer la formulation « aussi longtemps que nécessaire » et la Fed annoncer récemment que son comité sera patient dans l’ajustement de la fourchette cible de son taux ».