Les jeunes sont confrontés à une vague de violence et d’abus sexuels sans précédent provoqués par la guerre, le changement climatique, la faim et les déplacements, a averti la représentante spéciale de l’ONU sur la violence contre les enfants.
« Les enfants ne sont pas responsables de la guerre. Ils ne sont pas responsables de la crise climatique. Et ils en paient un prix énorme », a déclaré Najat Maalla M’jid, la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies sur la violence contre les enfants.
« La violence contre les enfants a atteint des niveaux sans précédent, causée par des crises multiformes et interconnectées », a-t-elle déclaré. M’jid, une pédiatre marocaine, présentera jeudi un rapport accablant lors d’une réunion de l’ONU montrant que la violence brutale contre les enfants est monnaie courante et que la technologie facilite les crimes contre les jeunes comme jamais auparavant.
« Il est possible de mettre fin à la violence, et cela a du sens sur le plan économique », a déclaré M’jid à l’Agence France-Presse (AFP), soulignant que de nombreuses personnes dans le monde sont déterminées à mettre fin à ce fléau.
« Le problème est de savoir comment nous pouvons les soutenir, pour mettre toutes ces (solutions) à l’échelle ». Mais la situation est désastreuse, montre son rapport austère. Plus de 450 millions d’enfants vivaient dans des zones de conflit à la fin de 2022, 40 % des 120 millions de personnes déplacées à la fin avril étaient des enfants et 333 millions d’enfants vivaient dans l’extrême pauvreté.
À cela s’ajoute le fait que plus d’un milliard d’enfants sont exposés à un risque élevé d’être affectés par le changement climatique, ce que M’jid appelle un multiplicateur de risques. Le suicide est la quatrième cause de décès chez les 15-19 ans, avec 46 000 personnes âgées de 10 à 19 ans qui se suicident chaque année. Les parents du futur Le mariage d’enfants est un fléau répandu, prévient M’jid, avec pas moins de 640 millions de victimes de cette pratique.
Pas moins de 370 millions de femmes et de filles ont été victimes de viol ou d’autres violences sexuelles pendant leur enfance, selon un autre rapport de l’Unicef. « Les enfants pourraient être victimes d’exploitation, en ligne ou hors ligne. Ils pourraient être victimes du travail des enfants, de l’esclavage, de bien d’autres choses… et aussi d’enfants dans les conflits armés », a déclaré M’jid.
Elle a averti qu’avec l’intégration des combats et de l’anarchie dans plusieurs sociétés du monde, comme au Soudan et en Haïti, « la violence devient normale ». « Quand vos enfants subissent des violences dès leur plus jeune enfance, et qu’ils ne voient que cela… comment allez-vous gérer tout cela ? » La violence contre les enfants a un effet domino, elle nuit à leur santé mentale, compromet leur éducation et entrave leur productivité plus tard dans la vie, affirme le rapport. « Même si vous l’examinez sous l’angle du coût, cela représente 11 % du PIB national dans certains pays », prévient M’jid.
La solution réside dans une approche coordonnée des dépenses publiques, l’implication des entreprises et de la société civile, et l’engagement des enfants eux-mêmes, a-t-elle déclaré. Mais les budgets serrés et la montée des politiques conservatrices sur la santé sexuelle et les droits reproductifs risquent de freiner les efforts de lutte contre la violence contre les enfants, prévient M’jid.
« Le problème de l’extrême droite et du conservatisme dans de nombreux pays va également faire reculer certaines formes d’action concernant la santé sexuelle et reproductive (et) les questions de genre », a déclaré M’jid. « Nous sommes confrontés à un moment très difficile », a-t-elle ajouté. « Ces enfants seront les parents de la génération future. » AFP
