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France: la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme

Après «une très mauvaise année» 2023, les finances publiques de la France demeurent dans «une situation inquiétante» et la trajectoire fixée par le gouvernement sortant pour les assainir d’ici à 2027 repose sur des «objectifs peu réalistes», prévient la Cour des comptes.

L’épais rapport, qui sera présenté lundi matin, intervient dans une France en pleine instabilité politique, au lendemain d’élections législatives anticipées n’ayant pas dégagé de majorité absolue pour les principaux camps, et sans visibilité sur le prochain gouvernement. «La divergence avec les principaux États européens est de plus en plus marquée», constate la juridiction chargée de contrôler la régularité des comptes publics.

«Question de crédibilité»

La deuxième économie de la zone euro a été épinglée par la Commission européenne pour déficit excessif – la procédure devrait être formellement ouverte cette semaine – et pourrait subir une nouvelle dégradation de sa note souveraine par une agence de notation, après celle décidée par S&P fin mai. La Cour des comptes juge sévèrement les prévisions à moyen terme du gouvernement, détaillées en avril dans le programme de stabilité («PSTAB») destiné à la Commission européenne.

Après un dérapage du déficit public à 5,5% du PIB en 2023, le PSTAB prévoit un redressement à 5,1% en 2024 et un retour en 2027 sous les 3%. «Cette trajectoire, peu ambitieuse dans ses cibles de déficit et de dette, (…), soulève une question de crédibilité», écrit la Cour des comptes, sans préjuger de la construction du budget 2025 par le futur gouvernement.

«Risques importants»

Ces «objectifs peu réalistes» reposent sur des hypothèses de croissance «trop optimistes» et supposent des économies en dépense «sans précédent» tout comme «des hausses importantes des prélèvements obligatoires qui ne sont pas précisées», souligne-t-elle. Dès 2024 déjà, des «risques importants» pèsent sur la réalisation de ces objectifs, dont celui de ne pas maîtriser suffisamment la dépense publique alors que la crise des agriculteurs ou encore l’organisation des Jeux olympiques ont nécessité de délier davantage les cordons de la bourse.

Dans une réponse annexée au rapport, le ministère de l’Économie et des Finances conteste certaines conclusions de la Cour des comptes. Il rappelle avoir beaucoup déboursé pour protéger ménages et entreprises des crises survenues ces dernières années et que, sans cela, «la France n’aurait pas été parmi les premiers pays européens à retrouver un niveau de PIB antérieur à la crise du Covid».

(AFP)

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