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Corée du sud: Plus de 10.000 médecins résidents ont démissionné en une semaine

Après une semaine de démissions en masse des médecins résidents en formation dans les 100 principaux hôpitaux de formation du pays pour contester la politique d’accroissement des effectifs médicaux voulue par le gouvernement, le mouvement continue à prendre de l’ampleur avec désormais 10.034 démissions, d’après le recensement effectué vendredi dernier par des autorités sanitaires, ce qui représente 80,5% de l’ensemble des médecins résidents (13.000). Alors qu’aucune de ces lettres de démission n’a été acceptée par les hôpitaux, 9.006 médecins résidents (72,3%) ont cessé de se rendre sur leur lieu de travail.

Avant cette annonce, le gouvernement a lancé ce lundi son dernier avertissement. «Nous reconnaissons la gravité de la situation actuelle, et ceci est un dernier appel», a déclaré le ministre de l’Intérieur, Lee Sang-min, lors d’une réunion de QG central des catastrophes et contre-mesures de sécurité tenue ce lundi matin au complexe du gouvernement à Séoul. «Si vous revenez au travail au plus tard le 29 février, on fermera les yeux sur vos responsabilités passées.»

Lee a ajouté que «la menace qui pèse sur la vie et la santé des patients devient de plus en plus concrète en raison de l’action collective des médecins résidents qui a alourdi la confusion dans les services médicaux», avant de spécifier qu’«on a vu plusieurs cas aux urgences pour lesquels il s’en est fallu de peu que cela devienne dangereux.» Le ministre de l’Intérieur a également noté que «le gouvernement démarrera ses mesures d’extension des effectifs de soutien médical pour maintenir la fonction de service de soins aux patients dans les hôpitaux», avant de poursuivre qu’«avec ces mesures, l’étendue des tâches des infirmières sera plus clairement définie.»

Ces propos du ministre concernent la délimitation claire de l’étendue des responsabilités des infirmières, assistantes des médecins, qui sont actuellement censées reprendre le travail des médecins résidents en leur absence. En terme général, il y a des tâches réservées aux médecins que les infirmières ne sont pas autorisées à accomplir, alors que la réalité sur le terrain actuellement est tout autre et il y a dès lors des demandes de définir clairement l’étendue des responsabilités et de tâches de ces infirmières. Le gouvernement avait promis d’établir un système de protection de ces infirmières, qui se retrouvent dans une position précaire juridiquement.

Le ministre de l’Intérieur a ajouté que «le soutien populaire (vis-à-vis de la politique du gouvernement sur la réforme médicale) est le plus grand moteur pour faire avancer les quatre packages indispensables des services médicaux, qui incluent l’accroissement des effectifs médicaux.» Ces paquets des services médicaux proposés par l’administration Yoon Suk Yeol sont les suivants : l’accroissement des effectifs médicaux, le renforcement des services médicaux dans les régions, l’établissement d’un filet de sécurité pour les accidents médicaux, et des rémunérations équitables.

Quant au ministère de la Santé, le vice-ministre Park Min-soo, il a également fait part de son avis en déclarant qu’il est «inévitable que le gouvernement sanctionne les médecins résidents qui ne reprennent pas leur travail à partir du mois de mars, avec notamment une suspension de trois mois de l’autorisation d’exercer, et l’engagement de procédures judicaires telles que des enquête et des poursuites». Vendredi dernier, la cellule de crise avait enregistré 38 cas supplémentaires de patients victimes des sous-effectifs causés par le mouvement des médecins résidents, ce qui a porté le nombre total depuis le début de l’affaire à 227.

Le gouvernement a estimé que le système d’urgence de traitement des patients, qui se concentre sur la gravité de l’état de santé, fonctionne bien, notant que 392 services d’urgences (96%) fonctionnent normalement sur les 409 établissements médicaux du pays qui disposent d’un tel service. La diminution des consultations des patients venant de l’extérieur n’est que de 2,5%.

Face à l’ordre de retour au travail du gouvernement avec comme date limite le 29 février prochain, l’Association médicale coréenne (KMA) a répondu cet après-midi que «nous allons protéger les médecins résidents avec des avocats» et a déclaré à propos de l’enquête sur l’accroissement du quota dans les facultés de médecine en cours actuellement auprès des universités que «si les universités demandent le nouveau quota, l’éducation des médecins sera en ruine

Joo Soo-ho, le chef de la Commission des relations publiques de la KMA, a dit que «le gouvernement a fait une menace incroyable en parlant d’une sanction de 3 mois de suspension si les médecins résidents ne regagnent pas leur travail d’ici au mois de mars», «si les médecins résidents subissent des sanctions, la colère de tous les membres médecins de notre association dépassera la limite et les services médicaux tomberont inévitablement dans une confusion totale.»

Pour ce qui est de l’éventualité d’un dialogue, Joo a affiché la nécessité d’un réexamen depuis zéro en notant que «le gouvernement et notre association partagent le même constat sur la situation d’effondrement du système médical, mais les résultats des analyses de chaque côté sont différents», «la prétention du gouvernement qui parle d’insuffisance du nombre de médecins est un diagnostic erroné que l’on ne reconnaît pas». Il a refusé l’idée d’accroître le quota des élèves dans les facultés de médecine. (Yonhap) — ▲

Contre le relèvement du quota des étudiants en médecine
Contre le relèvement du quota des étudiants en médecine Des médecins scandent des slogans lors d’une réunion au siège de l’Association médicale coréenne (KMA), la principale organisation de défense des droits des médecins dans le pays, à Séoul, le dimanche 25 février 2024, pour discuter des orientations à prendre face au plan du gouvernement de relever de 2.000 le quota d’inscriptions dans les facultés de médecine.
(Photo d’archives Yonhap)

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