EntreprisesFinancesFlash

Société générale se retira-t-elle du Maroc ?

Société générale a annoncé jeudi la cession de ses filiales au Congo et en Guinée Equatoriale au groupe panafricain Vista ainsi que de ses filiales en Mauritanie et au Tchad au groupe Coris. La banque rouge et noire a par ailleurs indiqué « avoir ouvert une réflexion stratégique sur sa participation de 52,34% au capital de l’Union Internationale de Banques (UIB), filiale de Société Générale en Tunisie », rapporte Agefi.

Pour bien comprendre ce retrait et ce changement de stratégie, il suffit de se référer à son plan à horizon 2020 « transform to grow », présenté fin 2017, où la banque déclarait viser en Afrique une croissance annuelle moyenne des revenus de 8% sur la période 2016-2020 et une rentabilité des fonds propres (ROE) supérieure à 15%. « L’Afrique représente 5% des revenus du groupe aujourd’hui. En 2030, ce sera peut-être 10% à 12 % », prédisait alors dans les colonnes de L’Agefi Philippe Heim, qui occupait à cette date la fonction de directeur général délégué de Société Générale. En 2022, la banque de détail en Afrique a généré 1,8 milliard d’euros de PNB, soit un peu plus de 6% des revenus totaux du groupe. Le ROE de la zone Afrique, bassin méditerranéen et outre-mer s’est élevé à 13%, en deçà de la cible définie en 2017.

Quid du Maroc ?

La filiale marocaine demeure, et de loin, le premier contributeur aux résultats du groupe en Afrique. Le Maroc, à lui seul, représente plus de 26% des revenus réalisés par le groupe sur le continent, avec un PNB de 469 millions d’euros en 2022.

Sur la période 2019-2021, le PNB de la banque de détail représente en moyenne 81% du total PNB consolidé de SGMB, soit  4,9 MM DH. La marge d’intérêt de la banque de détail représente en moyenne 78% du total de la marge d’intérêt consolidée de SGMB, soit 3,6 MMDH, sur la même période.

La croissance du PNB renseigne sur la performance financière d’une banque, mais, la rentabilité reste un facteur  très utile lors d’une prise de décision d’investissement.

SGMB (Société Générale Marocaine de Banques) ne rapporte plus d’excellents retours aux investisseurs. Sa rentabilité financière s’est nettement dégradée au cours des quatre dernières années.  A commencer par la rentabilité des fonds propres (ROE). En 2021, l’indicateur ROE tombe à 6,62%, après 11,25% en 2019. Au moment où une banque comme Attijariwafa bank affiche un RoE  à 13,8%. La lecture des indicateurs financiers montre aussi une baisse notable de la capacité de la filiale marocaine à pouvoir générer des profits en proportion des actifs à sa disposition. Ainsi, la rentabilité des actifs (ROA) baisse à 0,75% en 2021 contre 1,12% en 2019. Cela signifie que la banque, devenue moins productive, a de la difficulté à dégager un profit raisonnable avec les actifs à sa disposition.

L’analyse de ces deux ratios renseigne sur la baisse de la rentabilité financière de la banque marocaine dans un contexte de taux hauts et de renforcement des fonds propres. Au moment où la société mère tablait dans sa feuille de route sur un ROE de 15% en Afrique. Sans oublier qu’entre 2019 et 2021, les créances en souffrance brutes de la SGMB sont passées de 12,4 à 16,5 milliards de dirhams. A suivre !

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page