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Taux directeur: Jouahri a-t-il atteint son objectif ?

Jusqu’où porter le taux directeur pour ramener l’inflation à 2% ? Et les trois hausses successives ont-elles atteint l’objectif escompté? Réponse.

Suite à la flambée des prix enregistrée au Maroc, les autorités monétaires ont jugé nécessaire de faire usage du maniement du taux directeur à la hausse en vue de recouvrer une stabilité des prix propice à la stabilité macroéconomique. A travers cette mesure d’augmentation du taux directeur, augmentation opérée à  trois reprises, la finalité recherchée est la compression de la demande via la contraction de l’octroi de crédits à l’économie.

D’après les dernières statistiques monétaires publiées par l’Institut d’Émission dans la revue mensuelle de la conjoncture économique, monétaire et financière de mai 2023, le relèvement du taux directeur a débouché d’un côté sur une augmentation du taux débiteur moyen de 53 points de base entre le premier trimestre de 2023 et le dernier trimestre de 2022. Cette augmentation a permis une baisse du taux de croissance du crédit bancaire durant la même période, baisse pouvant autoriser l’atteinte graduelle de l’objectif tracé. Mais, la hausse du taux débiteur moyen est susceptible d’occasionner une augmentation des charges financières des entreprises et d’alimenter par conséquent une inflation par les coûts. De l’autre, une décélération du taux de croissance de M3 surtout en mars 2023 comparativement à décembre 2022 et février 2023.  

« La révision à la hausse du taux directeur n’a pas encore produit le résultat recherché »

Cependant, d’après la note d’information du Haut- Commissariat au Plan relative à l’indice des prix à la consommation du mois de mars 2023, le taux d’inflation enregistré a été de 9,1% comparativement au même mois de 2022. Ce niveau encore élevé de l’inflation montre que la révision à la hausse du taux directeur n’a pas encore produit le résultat recherché et que la maîtrise de l’inflation requerra plus de temps que prévu.

Il faut noter que le relèvement du taux directeur a eu des effets secondaires multiples dont notamment :

-la baisse de l’attractivité des bons du trésor, du fait de son impact négatif sur la performance du portefeuille des titres du trésor détenu par les banques, poussant les autorités monétaires à intervenir sur le marché secondaire ;

-un taux de croissance négatif des dépôts à terme de l’ordre de 9,7% en mars 2023 en raison d’un taux d’intérêt réel négatif. Cette contraction des dépôts à terme, qui représentent environ 10% du PIB, peut être facteur nocif à la mobilisation de l’épargne et par conséquent au financement de l’investissement, véritable moteur de la croissance économique.

Soulignons au passage que l’action par la politique monétaire pour contrer l’inflation a été certes dictée par l’état de la conjoncture mais une politique efficace d’endiguement de l’inflation devrait en fait s’appuyer sur des politiques économiques de nature structurelle en raison de la multiplicité et de la complexité des facteurs ayant généré la hausse du niveau général des prix. Il s’agit d’une part d’élaborer des politiques économiques œuvrant pour une réelle souveraineté économique (souveraineté industrielle, technologique, énergétique, sanitaire et alimentaire) dont les dividendes économiques et les enjeux géopolitiques sont importants). Il faut d’autre part œuvrer pour une application rigoureuse la loi sur la liberté des prix et de la concurrence et pour l’instauration d’un contrôle efficace des prix en vue d’empêcher le plus possible les situations de rente et les activités de spéculation.

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