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Bourse de Casablanca : Le faible taux de rotation!

La Banque européenne d’investissement (BEI) a rendu publique l’édition 2022 de son enquête annuelle sur les banques en Afrique intitulée « La finance en Afrique 2022 : naviguer en eaux troubles », le septième rapport de cette série.

Extrait des principales conclusions

Le rapport souligne le très faible taux de rotation de la place financière casablancaise.

Le nombre limité de sociétés s’accompagne d’une faible rotation des actions, ce qui alimente la volatilité. La figure 11 montre que la plupart des bourses de valeurs mobilières africaines se trouvent dans l’angle inférieur gauche du graphique, ce qui indique un faible taux de rotation par rapport aux autres bourses de valeurs dans les économies émergentes et un nombre limité de sociétés cotées en bourse. Plus précisément, le taux de rotation, défini par la valeur8 des actions négociées intérieures divisée par leur capitalisation boursière, indique s’il est facile ou non de vendre une action donnée sur le marché. Il compare le nombre d’actions qui ont changé de mains au cours d’une période donnée avec le nombre total d’actions qui auraient pu être négociées au cours de la même période. Un taux de rotation faible indique une liquidité insuffisante sur le marché, où des volumes d’opérations modestes pourraient avoir une incidence sur l’indice des prix boursiers et entraîner une plus grande volatilité.

Le nombre de sociétés cotées à une bourse de valeurs mobilières en Afrique est faible. Il y avait 1 251 sociétés cotées sur les bourses africaines en 2020. À titre de comparaison, il y a 2 347 sociétés cotées à la Bourse de Londres et 2 933 au Nasdaq. Parmi les sociétés cotées sur les bourses de valeurs mobilières africaines, 397 le sont sur des bourses nord-africaines et 854 sur des bourses d’Afrique subsaharienne. Lorsque l’on exclut les sociétés cotées à la Bourse de Johannesburg, le nombre d’entreprises
cotées sur des bourses d’Afrique subsaharienne tombe à 523. Ainsi, il n’y a que 46 sociétés cotées à la Bourse régionale des valeurs mobilières et seulement quatre à la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale alors que la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale compte six pays.

Selon la Fédération internationale des Bourses de valeurs, la capitalisation boursière moyenne des sociétés cotées en Afrique s’élevait à 63,6 % du PIB en 2020, contre près de 100 % du PIB en Asie de l’Est et dans le Pacifique et 41 % dans les pays à revenu élevé (figure 9). La capitalisation du marché des actions de l’Afrique subsaharienne s’élevait à 86 % du PIB, mais si l’on exclut l’Afrique du Sud, qui a une capitalisation boursière supérieure à 300 % du PIB, elle tombe à 12,7 %. En comparaison, l’Afrique du Nord se situe en bas du classement mondial, à 17,4 %.

Au niveau des pays, la capitalisation des marchés des actions est généralement faible par rapport au PIB, à quelques exceptions près, dont l’Afrique du Sud. En Afrique du Nord, le Maroc prend la tête de la capitalisation des marchés des actions au Maghreb (65,6 milliards de dollars, 57,1 % du PIB), suivi par l’Égypte (41,4 milliards
de dollars, 11,3 % du PIB) et la Tunisie (8,5 milliards de dollars, 20,6 % du PIB). En Afrique subsaharienne, l’Afrique du Sud affiche la capitalisation boursière la plus élevée (1 000 milliards de dollars, 313,5 % du PIB), suivie par le Nigeria (56 milliards de dollars, 12 % du PIB), le Kenya (21,4 milliards de dollars, 13,1 % du PIB) et le
Ghana (9,2 milliards de dollars, 13,5 % du PIB). La Bourse régionale des valeurs mobilières, qui couvre les huit pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Bénin, Burkina Faso, Guinée-Bissau, Côte d’Ivoire, Mali, Niger et Sénégal), affiche une capitalisation boursière (7,3 milliards de dollars, 4,8 % du PIB)
nettement supérieure à celle de son homologue la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (432 millions de dollars, 0,5 % du PIB). La plupart des bourses de valeurs mobilières en sont à leurs premiers stades de développement, bien que certaines existent depuis un certain temps déjà. Un obstacle important au développement des marchés boursiers en Afrique est la faible diversité des instruments pouvant être négociés et le très petit nombre d’actions cotées.

Les flux d’investissement peuvent se frayer un chemin vers la bourse de valeurs mobilières par l’intermédiaire de nouvelles sociétés qui souhaitent être introduites en bourse pour y être cotées ou d’autres sociétés déjà cotées qui souhaitent émettre plus d’actions afin d’augmenter leur capital. Les flux d’investissement acheminés
via les bourses de valeurs mobilières africaines sont principalement poussés par l’émission d’actions supplémentaires par des sociétés déjà cotées
, car la fréquence des introductions en bourse est très faible par rapport à d’autres pays en développement. Les flux d’investissement issus de sociétés déjà cotées en bourse en
Afrique ont diminué en 2019 par rapport à l’année précédente et sont restés stables en 2020, mais les introductions en bourse ont fortement reculé en 2020, ce qui a également eu une incidence sur la capacité des sociétés de capital-investissement à se désengager. La performance des bourses de valeurs mobilières africaines a été légèrement négative en 2020 (- 0,1 % en glissement annuel) par rapport à celles d’Amérique latine (-8 % en GA) et d’Asie (58 % en GA). Les sorties de participations en portefeuille auront contribué à la mauvaise performance boursière en Afrique par rapport à l’Asie ou aux marchés avancés, étant donné que la diminution de la demande des investisseurs étrangers s’est accompagnée d’une offre intérieure relativement stable.

Des procédures administratives longues et contraignantes pour la cotation d’une société et des frais de transaction élevés freinent le développement des bourses de valeurs mobilières africaines (Soumaré et al., 2021). Les frais de transaction sont nettement plus élevés que dans les économies développées. Bien qu’un plafond ait été mis en place pour les frais appliqués aux sociétés souhaitant être cotées à la Bourse de Londres, par exemple, à la Bourse régionale des valeurs mobilières et à la Bourse de Maurice, les frais de transaction représentent un pourcentage de la valeur de l’opération (à l’exception des titres d’État à Maurice). La technologie peut contribuer à abaisser les coûts de transaction sur bon nombre de ces marchés et à accélérer les échanges.
La plupart des bourses de valeurs mobilières africaines sont déjà passées à des systèmes de négociation automatisés.

Profondeur du marché des capitaux et développement économique

Plusieurs études ont mis en avant une forte relation positive entre le développement des marchés des actions et la croissance économique en Afrique. À long terme, une augmentation de 1 % de la liquidité plutôt que de la taille du marché des capitaux pourrait représenter jusqu’à 3,7 points de pourcentage de la croissance
économique africaine (Yartey et Adjasi, 2007). À court terme, des éléments semblent accréditer l’hypothèse d’une croissance fondée sur la finance dans des pays comme l’Égypte et l’Afrique du Sud (Enisan et Olufisayo, 2009). Pour le Kenya, trois des cinq variables nécessaires à un approfondissement du marché des capitaux son
fortement et favorablement corrélées au PIB, ce qui indique que cet approfondissement a bel et bien un effet positif significatif sur la croissance économique du pays (Aduda et al., 2014).

Nous observons qu’il existe une étroite corrélation positive entre la profondeur du marché des capitaux et le développement économique, ce qui indique que l’approfondissement du marché des capitaux a une incidence sur l’intensification du développement économique. Le tableau 2 ci-dessous résume les résultats de l’analyse
économétrique réalisée sur l’impact de la profondeur du capital boursier sur le développement économique, calculé à partir du PIB par habitant en prix constants. L’analyse prend en compte d’autres variables de contrôle
proposées dans des publications pertinentes, comme l’ouverture aux échanges internationaux (définie par la somme des exportations et des importations en pourcentage du PIB) et la formation brute de capital fixe en
pourcentage du PIB (Yartey et Adjasi, 2007 ; Elisan et Olufisayo, 2009 ; Aduda et al., 2014). Selon les résultats de l’analyse, une augmentation de la capitalisation boursière des sociétés cotées entraîne une intensification significative du développement économique, signe d’un lien de cause à effet solide entre l’approfondissement
du marché boursier et le développement économique aux niveaux également cités dans les publications.

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