Le Conseil de la Concurrence s’est prêté à l’exercice de calculer le résultat net des laboratoires en charge des tests covid au Maroc. Il considère comme « marge assez confortable » un bénéfice net de plus de 5 Millions de dirhams sur trois années, soit plus de 1,7 million de dirhams sur une seule année, selon sa dernière Étude relative à l’analyse et au suivi de l’évolution de la situation du marché des tests COVID.
Principales conclusions tirées de l’analyse des structures des prix de revient des tests COVID-19
Les calculs effectués ci-dessus, ont permis de constater que pour un laboratoire privé réalisant à la fois les cinq tests susmentionnés, avec le nombre de tests moyen considéré dans le calcul de la structure des prix ci-dessus, le résultat net de ce laboratoire sera augmenté d’une marge nette de plus de 5 Millions de dirhams sur trois années, soit plus de 1,7 million de dirhams sur une seule année.
De plus, ces données font ressortir que malgré le plafonnement des prix des tests COVID-19 en septembre 2021, les laboratoires privés continuent de réaliser des marges bénéficiaires relativement confortables, allant de 12 DH à 115 Dh, tout en considérant les frais liés à la composante du personnel et à l’amortissement des équipements et d’aménagement qui devraient baisser en fonction de l’augmentation du nombre de tests par jour et la réalisation parallèle des autres types de tests de diagnostic par le même laboratoire.
Il est à signaler que ce calcul de prix de revient reste sous-estimé dans la mesure où les charges communes (personnel, amortissement, équipements, charges divers…) ayant été comptabilisées pour chaque type de test, n’ont pas été répartis par type de tests faute de clé de répartition adéquate. De plus, de l’avis de certaines sociétés auditionnées, certains laboratoires privés ont dégagé des marges encore supérieures, en optant pour des réactifs moins chers et des équipements de diagnostic, des fois gratuits, accordés dans le cadre des négociations d’achats avec certains importateurs. Ce qui a permis à certains laboratoires privés de bénéficier des économies d’échelle.
Il est à noter que cette décision de plafonnement n’a pas été respectée par tous les laboratoires privés comme signalé par les représentants des associations des consommateurs ayant réclamé l’obligation d’affichage des prix conformément à la loi de la protection du consommateur, et le contrôle de son respect par les autorités compétentes.
Déclaration des entreprises auprès du département chargé de la santé
Certains opérateurs auditionnés ont également reproché l’octroi des avantages à certaines entreprises non déclarées pour l’importation des réactifs et dispositifs médicaux en lien avec les tests COVID, tandis que d’autres sociétés déclarées auprès du Ministère de la Santé n’ont pas eu de retour par rapport à leur demande d’enregistrement de dispositifs médicaux en lien avec le diagnostic du COVID-19.
Accélérer la mise en place de l’Agence Nationale du Médicament et Dispositifs Médicaux
Conformément à sa recommandation au titre de son avis n° A/4/20 relatif à la situation de la concurrence dans le marché du médicament au Maroc, concernant la nécessité d’accélérer la création et la mise en place d’une Agence Nationale indépendante de médicaments et dispositifs médicaux, le Conseil réitère sa proposition de création d’une telle entité disposant de moyens financiers et humains pour qu’elle puisse également s’ériger en tant qu’autorité nationale compétente et force de proposition, dans les domaines suivants, en parallèle au domaine des médicaments :
– Le contrôle en matière de réactifs, dispositifs médicaux (qualité approvisionnement, accessibilité, …) ;
– L’organisation du marché des réactifs, dispositifs médicaux;
– Le suivi et la surveillance ;
– La mise en œuvre des législations ;