2026, année décisive pour le plan économique de la Turquie

L’année prochaine sera « la plus cruciale » pour le programme économique à moyen terme du gouvernement turc, a déclaré lundi le vice-président Cevdet Yılmaz, réaffirmant l’objectif de maintenir la stabilité et la tendance baissière de l’inflation.
Ses déclarations interviennent alors qu’il ouvre ce qui devrait être deux semaines de débats parlementaires sur le projet de loi de finances 2026, à Ankara.
« Notre budget vise une augmentation durable du bien-être social dans un environnement où la croissance économique se poursuit avec stabilité et où le taux d’inflation diminue », a-t-il déclaré aux députés.
L’inflation annuelle a surpris en novembre en refroidissant davantage que prévu pour atteindre 31,07 %, son niveau le plus bas depuis novembre 2021, après un pic d’environ 75 % en mai 2024.
« L’année 2026 est l’année la plus critique de notre Programme à moyen terme (MTP) », a souligné Yılmaz. « Ce sera l’année où les effets de nos mesures deviendront visibles et où nos réformes porteront leurs fruits. Le budget a été élaboré dans cet esprit. »
Il a indiqué que les conditions externes devraient être plus favorables l’année prochaine, contribuant davantage au processus de désinflation de la Turquie ainsi qu’à ses objectifs d’investissement, d’emploi, de production et d’exportation.
Le gouvernement prévoit que les recettes budgétaires de 2026 augmentent de 30,5 % par rapport aux réalisations estimées de 2025, pour atteindre 16,27 trillions de livres turques (environ 390 milliards de dollars), dont 13,83 trillions provenant des recettes fiscales (+28,9 %).
Les dépenses se concentrent principalement sur la reconstruction du sud-est du pays, dévasté par les séismes de début 2023. Les dépenses totales devraient atteindre 18,98 trillions de livres en 2026, contre 14,67 trillions estimés pour 2025.
Yılmaz a précisé que les dépenses d’intérêt devraient représenter environ 3,5 % du PIB, et que le gouvernement s’attend à un excédent primaire de 29 milliards de livres l’année prochaine.
Le gouvernement prévoit de clôturer 2025 avec un déficit budgétaire d’environ 2,21 trillions et un déficit primaire de 156 milliards, a-t-il ajouté.
Inflation : une priorité « claire »
Yılmaz a affirmé que la tendance désinflationniste est devenue plus visible depuis le second semestre 2025.
« L’inflation annuelle s’est établie à 31,1 % en novembre, tandis que l’inflation des biens de base est tombée à 18,6 % », a-t-il indiqué. « La dynamique de décembre reste positive. »
« Notre priorité est claire : nous poursuivrons résolument la désinflation via une approche holistique combinant politiques monétaire, budgétaire, salariale et réformes structurelles. »
Selon le MTP, l’inflation devrait tomber à 16 % en 2026, puis revenir à un chiffre en 2027.
À la suite d’une inflation supérieure aux attentes en août et septembre, la banque centrale a ralenti son cycle d’assouplissement : elle a réduit son taux directeur de 100 points en octobre, le portant à 39,5 %. Les marchés anticipent une nouvelle baisse du même ordre cette semaine.
La banque centrale prévoit une inflation de 24 % fin 2025 et autour de 16 % en 2026.
Marché du travail
Le chômage s’est établi à 8,5 % en octobre, restant en dessous de 10 % pour le 30ᵉ mois consécutif.
« À mesure que nos capacités augmentent, nous améliorerons les conditions de tous les segments de la population, en assurant une hausse durable du niveau de vie dans un contexte de baisse de l’inflation », a-t-il affirmé.
L’emploi devrait augmenter de 842 000 personnes par an dans les années à venir, permettant une baisse progressive du taux de chômage à 7,8 % d’ici 2028.
🏚️ Reconstruction post-séismes (2023)
La Turquie est passée durablement de la catégorie des pays à revenu intermédiaire inférieur à celle de revenu intermédiaire supérieur et prépare désormais son entrée dans le groupe des pays à revenu élevé.
Le projet de budget soutient les réformes structurelles, la transition verte et numérique, la sécurité alimentaire et énergétique ainsi qu’un nouveau programme de logements sociaux.
La reconstruction après les séismes de février 2023 reste une priorité absolue : 90 milliards de dollars ont été alloués ces trois dernières années.
Croissance et classement mondial
Yılmaz a rappelé que la Turquie continue de surpasser la moyenne mondiale : entre 2020 et 2024, l’économie mondiale a progressé de 15,1 %, contre 30,3 % pour la Turquie.
L’économie turque a crû de 3,7 % au troisième trimestre 2025, prolongeant 21 trimestres consécutifs de croissance.
Le PIB nominal a dépassé 1 trillion de dollars en 2023 et atteint 1,54 trillion en 2025. Le revenu par habitant devrait atteindre 17 748 dollars fin 2025, franchissant pour la première fois le seuil des pays à revenu élevé selon la Banque mondiale.
La Turquie est actuellement la 17ᵉ économie mondiale en dollars courants et la 12ᵉ en PPA. Elle pourrait devenir la 16ᵉ en 2025, dépassant l’Italie et devenant la 4ᵉ économie d’Europe.
Commerce extérieur et investissements
Les exportations ont atteint 247,2 milliards de dollars sur les 11 premiers mois, et devraient dépasser 390 milliards en 2025.
Les investissements directs étrangers (IDE) ont augmenté de 46 % sur les neuf premiers mois, à 11,4 milliards (15,3 milliards en glissement annuel).
Les dépôts protégés en devises (KKM) ont chuté à 0,1 % du total, contre un pic de 140 milliards de dollars en 2023. Les réserves de la banque centrale atteignent 183,2 milliards. dailysabah



