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G20-Minerais critiques : Pékin joue la carte du partenariat avec 19 pays

Le Premier ministre chinois, Li Qiang, est arrivé au sommet du G20 non seulement pour défendre les restrictions de son pays sur les terres rares, mais aussi avec des propositions destinées à apaiser les inquiétudes des pays en développement.

Les minerais critiques ont été au cœur du premier sommet du G20 en Afrique ce week-end, avec des sessions consacrées au sujet. Les dirigeants européens cherchaient des solutions aux problèmes de chaînes d’approvisionnement, tandis que les pays du Sud global réclamaient une meilleure intégration dans une industrie en plein essor, dominée par Pékin.

Dans un discours dimanche, Li Qiang a justifié la nécessité de « gérer avec prudence » l’exportation de minerais essentiels à un usage militaire, exposant la logique des restrictions. Quelques heures plus tard, la Chine a dévoilé les détails d’une initiative minière mondiale avec des pays partenaires, répondant implicitement aux efforts américains de créer une chaîne alternative pour les terres rares.

« Nous promouvrons une coopération mutuellement bénéfique et l’usage pacifique des minerais clés », a déclaré Li, assurant que la Chine protégerait les intérêts des pays en développement tout en encadrant prudemment les usages militaires et autres.

Le président Xi Jinping a utilisé la position dominante de la Chine sur les terres rares — essentielles pour tout, des missiles aux téléphones portables — afin de protéger l’économie chinoise contre les tarifs élevés imposés par Donald Trump. Ni Xi ni Trump n’étaient présents au sommet, laissant Li Qiang répondre aux questions sur la guerre commerciale.

Pendant ce temps, la Première ministre japonaise Sanae Takaichi a appelé à une coopération sur les minerais critiques, soulignant qu’un approvisionnement stable est « indispensable » à la croissance économique mondiale. Elle a ajouté que la diversification des sources, y compris le raffinage et le traitement, reste un défi urgent, et que les pays doivent collaborer pour éviter une concentration excessive dans les chaînes d’approvisionnement, construire des filières résilientes et promouvoir des projets durables à forte valeur ajoutée.

Avant même le début des discussions, le G20 a critiqué implicitement la Chine dans une déclaration commune, dénonçant les « actions commerciales unilatérales » qui limitent l’accès aux minerais critiques — un problème majeur pour des nations manufacturières comme l’Allemagne et le Japon. Le texte comprenait également un engagement à créer un plan volontaire pour que les minerais critiques deviennent un moteur de prospérité et de développement durable.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a insisté sur le fait que le Brésil ne serait pas qu’un simple exportateur de matières premières, mais un partenaire dans la chaîne de valeur mondiale.

Lors d’un point presse à la fin du sommet, la Chine a présenté les détails de son initiative verte avec 19 pays partenaires — notamment le Cambodge, le Nigeria, le Myanmar et le Zimbabwe — en collaboration avec l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI). Aucun montant précis n’a été communiqué. L’objectif est de créer un réseau inclusif pour assurer une exploitation « juste, stable et fluide » des minerais critiques, selon les médias d’État chinois.

Le Premier ministre irlandais Micheal Martin a déclaré que les discussions au G20 sur ce sujet avaient été rassurantes, espérant que ces échanges permettront un accès réel aux terres rares à l’avenir.

Les nations européennes ont été fortement impactées par l’exigence chinoise de licences d’exportation pour les métaux à usage militaire. Plusieurs dirigeants de France, Allemagne, Royaume-Uni et Irlande sont attendus en Chine dans les prochains mois, avec les terres rares en tête des discussions.

La Chine et les États-Unis finalisent toujours des négociations pour l’octroi de « licences générales » qui faciliteraient le flux des terres rares, après qu’un accord commercial ait été conclu le mois dernier entre Xi et Trump.

Enfin, la vice-ministre sud-africaine Thandi Moraka a souligné que pour de nombreux pays africains riches en minerais, la priorité était de renforcer leurs capacités techniques, car ils n’avaient pas pleinement bénéficié jusqu’ici d’investissements suffisants. BLOOMBERG


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