Perspectives FX 2026 : l’EUR/USD sur le point de franchir 1,20

Nous savons tous que le « grand dollar » influence largement les marchés mondiaux, principalement sous l’effet des décisions de la Réserve fédérale américaine (Fed). Depuis la crise financière de 2008-2009, la Fed tente généralement soit d’inonder le marché de liquidités pour relancer l’économie américaine, soit de freiner l’inflation. L’idée d’une Fed maintenant les taux à un niveau « neutre » est inhabituelle, mais c’est ce que prévoit notre scénario pour 2026 : des taux autour de 3,00-3,50 %, maintenus stables jusqu’au prochain choc.
Dollar américain : une attractivité moindre en 2026
Certains pourraient parier sur un renforcement du dollar : après tout, le boom de l’IA mené par les États-Unis pourrait soutenir l’exceptionnalisme américain. Cependant, notre équipe prévoit une croissance américaine de 1,5 à 2,0 % en 2026, bien en dessous des 4 % observés dans les années 1990.
Parallèlement, nous anticipons un rebond de la croissance dans la zone euro, soutenu par les mesures fiscales, ainsi qu’une baisse des prix du pétrole et du gaz. Nous estimons que le taux de change EUR/USD pourrait remonter de 1,15 vers 1,20. Les risques liés à l’indépendance de la Fed, à la valorisation élevée des actions américaines et à l’endettement public pourraient également favoriser une légère dépréciation du dollar, dans un environnement de faible volatilité. Les niveaux de volatilité implicite pour EUR/USD pourraient ainsi retomber à leurs plus bas sur une décennie (5,00-5,50 % sur 3 mois à un an).
Autres devises : au-delà de l’EUR/USD
Pour les devises à faible rendement :
- Yen japonais : pourrait rester sous-évalué en raison de la politique locale, des flux d’investissements directs et des opérations de carry trade.
- Franc suisse : devrait rester fort, bénéficiant de l’or et de la diversification face aux monnaies fiat et aux obligations d’État.
En Europe :
- Livre sterling : légère dépréciation possible si la Banque d’Angleterre baisse ses taux vers 3,25 %. La politique britannique reste un facteur d’incertitude.
- Couronne suédoise : valorisation attrayante, stimulée par un programme fiscal avant les élections de septembre 2026 et une économie réactive aux précédentes baisses de taux.
- Couronne norvégienne : sous-évaluée, mais moins favorable que la couronne suédoise selon nos modèles.
Pour les devises liées aux matières premières :
- Dollar australien : devrait surperformer, soutenu par la trêve commerciale sino-américaine et une croissance chinoise stable (~4,6 %). La Banque de réserve australienne pourrait limiter ses baisses de taux, évitant les difficultés rencontrées par le dollar néo-zélandais.
- Dollar canadien : la moins performante, affectée par l’incertitude autour de l’avenir de l’USMCA et par un ralentissement de l’activité.


