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La Guinée prévoit de lancer un fonds souverain

La Guinée envisage de lancer son premier fonds souverain d’ici le deuxième trimestre 2026, doté d’un capital initial d’un milliard de dollars, a déclaré son ministre du Plan. Cette initiative intervient alors que le pays ouest-africain s’apprête à tirer parti d’une manne de revenus générés par l’exploitation de la gigantesque mine de fer de Simandou.

Le fonds aura pour mission de canaliser les revenus issus des ressources naturelles, notamment ceux du projet Simandou lancé cette semaine, vers des investissements à long terme destinés à financer l’éducation, les infrastructures, l’agriculture et l’industrie. Il visera également à protéger l’économie contre les chocs liés à la volatilité des prix des matières premières.

« Quelles que soient les recettes perçues, nous en affecterons une partie au fonds souverain afin de mobiliser davantage de capitaux et de renforcer nos investissements », a expliqué Ismael Nabe aux journalistes à Conakry, la capitale.

UTILISER LA MANNE MINIÈRE POUR ATTÉNUER LA VOLATILITÉ

La Guinée est déjà le premier exportateur mondial de bauxite et un fournisseur croissant d’or et de lithium.

Selon le Fonds monétaire international, avec une production annuelle estimée à 120 millions de tonnes métriques de minerai de fer de haute qualité, Simandou pourrait générer des revenus équivalents à 3,4 % du produit intérieur brut pour l’État entre 2030 et 2039. À titre de comparaison, l’ensemble des recettes minières représentait 2,2 % du PIB en 2022.

Malgré cette dépendance croissante aux revenus des ressources naturelles, Ismael Nabe estime que l’investissement de cette manne dans un fonds souverain permettra à la Guinée d’amortir la volatilité budgétaire liée à l’instabilité des prix des matières premières.

Le fonds s’inspirera de modèles internationaux tels que Temasek à Singapour ou Khazanah en Malaisie, a-t-il précisé, ajoutant que la bonne gouvernance serait essentielle.

La Guinée, actuellement dirigée par un gouvernement militaire, figure régulièrement parmi le tiers des pays les plus mal classés dans l’Indice de perception de la corruption de Transparency International.

« Le cadre juridique est crucial. Nous avons reçu des conseils de l’Arabie saoudite et de Singapour afin de garantir une gouvernance robuste », a ajouté Nabe, précisant que la Guinée recrutait actuellement un directeur général pour le fonds.

PROJETS D’ÉMISSION DE SUKUKS ET DE DIVERSIFICATION DE L’ÉCONOMIE

En Afrique, des fonds adossés à des ressources naturelles, comme au Botswana ou en Angola, ont permis de stabiliser les finances publiques et de financer des infrastructures.

Nabe a indiqué que le fonds guinéen s’appuierait sur des réformes visant à combler les fuites fiscales et à renforcer les recettes intérieures.

Ce fonds s’inscrit dans la stratégie gouvernementale « Simandou 2040 », une feuille de route sur quinze ans pour faire du gisement un moteur de développement dans les secteurs des infrastructures, de l’énergie, de la finance et du capital humain.

Le gouvernement étudie également le recours à des instruments de finance islamique, tels que les sukuks, ainsi que des partenariats avec d’autres fonds souverains pour mobiliser des financements supplémentaires sur les marchés, a précisé Nabe.

En septembre, la Guinée a obtenu sa première notation souveraine : B+ avec perspective stable, attribuée par S&P Global Ratings.

Nabe a ajouté qu’au-delà du secteur minier, la Guinée vise à porter la part des pêches à 4 % du PIB et celle du tourisme à 7 % d’ici six ans, contre moins de 1 % actuellement, et à augmenter celle des télécommunications à 8 % d’ici 2040.

« Si nous menons les bonnes réformes, le PIB pourrait connaître une forte croissance et atteindre le niveau du Maroc ou de l’Afrique du Sud », a conclu Nabe.

Reuters

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