
Selon le rapport annuel 2025 de l’Organisation des assurances africaines (OAA), le marché africain de l’assurance progresse vers plus de solidité et de professionnalisation, malgré des disparités persistantes entre pays. L’Afrique bénéficie d’une dynamique économique favorable, avec les deuxièmes meilleures perspectives de croissance du PIB au monde pour 2025 et 2026.
Dans ce contexte, le Maroc se distingue comme un marché stable et performant. Le pays enregistre 2,7 milliards USD en primes Vie et 3,2 milliards USD en Non-Vie, soit un taux de pénétration de 4,1 %, plaçant le royaume juste derrière l’Afrique du Sud, qui domine le continent avec 38,4 milliards USD en Vie et 12 milliards USD en Non-Vie.
Marché Vie
L’Afrique du Sud domine largement l’assurance Vie avec 38,43 milliards USD, représentant 84 % des primes brutes sur le continent. Derrière elle, le Maroc (2,74 milliards USD) et le Kenya (1,50 milliard USD) franchissent également la barre du milliard de dollars. Les autres marchés sont beaucoup plus modestes : la Namibie (606 millions USD), le Nigeria (457 millions USD), la Côte d’Ivoire (423 millions USD), le Botswana (340 millions USD), la Tunisie (312 millions USD) et l’île Maurice (270 millions USD). Plusieurs pays comme le Zimbabwe, le Sénégal, l’Ouganda, le Ghana, le Cameroun, l’Algérie et le Burkina Faso restent sous 200 millions USD, illustrant la faible pénétration et les contraintes d’accès à l’assurance.
Marché Non-Vie
La branche Non-Vie montre également une forte domination sud-africaine avec 12 milliards USD, soit 53 % du total. Le Maroc (3,2 milliards USD), le Kenya (1,6 milliard USD) et l’Algérie dépassent eux aussi le milliard, formant le peloton de tête derrière l’Afrique du Sud.
Ces chiffres révèlent une asymétrie extrême dans le secteur africain de l’assurance, avec des pays leaders en Afrique australe, du Nord et de l’Est et de nombreuses zones sous-exploitées. Dans ce contexte, le Maroc se distingue comme un marché stable et attractif, capable d’attirer de nouveaux investissements et de renforcer la professionnalisation du secteur.
Le Maroc, deuxième marché africain de la réassurance Non-Vie et dans le Top 5 en Vie
Le marché africain de la réassurance demeure dominé par l’Afrique du Sud, mais plusieurs pays, dont le Maroc, consolident progressivement leur position. En 2024, les données montrent une forte concentration du secteur, aussi bien en assurance Vie qu’en Non-Vie, avec des écarts marqués entre les principales économies.
Dans la branche réassurance Vie, l’Afrique du Sud arrive largement en tête avec 929 millions de dollars de primes brutes émises, suivie du Nigéria (175 millions USD), du Kenya (33 millions USD), de la Namibie (31 millions USD) et du Maroc (20 millions USD).
➡️ Cette performance place le Maroc dans le Top 5 africain, confirmant la solidité de son secteur assurantiel et sa montée en compétence dans la gestion des risques à long terme.
La dynamique est encore plus marquée dans la branche réassurance Non-Vie, où le Maroc se hisse au 2ᵉ rang continental, juste derrière l’Afrique du Sud. Avec 405 millions de dollars de primes brutes émises, le pays consolide son rôle de pôle régional incontournable en Afrique du Nord et de l’Ouest, loin devant d’autres marchés émergents du continent.
Cette position traduit la maturité du marché marocain, portée par un cadre réglementaire renforcé, une meilleure capitalisation des compagnies et une diversification progressive des produits. Le Maroc apparaît désormais comme le principal relais africain derrière le géant sud-africain, aussi bien en assurance directe qu’en réassurance, Vie et Non-Vie confondues.
ZOOM SUR LES MARCHÉS DE LA RÉASSURANCE EN AFRIQUE
Une résilience confirmée dans un environnement tendu
Selon AM Best, les marchés de la réassurance en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ont fait preuve d’une résilience notable en 2024, malgré des contextes économiques difficiles : inflation élevée, pressions sur la dette souveraine, volatilité des devises et instabilité géopolitique.
Les réassureurs africains ont bénéficié d’une génération interne de capital solide, d’une sélection plus rigoureuse des risques et de taux d’intérêt favorables, soutenant des rendements à deux chiffres sur les capitaux propres et une amélioration des ratios combinés.
Afrique subsaharienne : discipline et expansion prudente
En Afrique subsaharienne, la discipline tarifaire mondiale a renforcé la rentabilité, mais la capacité locale demeure limitée, notamment pour les grands risques (biens, énergie, industrie). Les réassureurs locaux, souvent protégés par des cessions obligatoires, conservent une part dominante hors Afrique du Sud, tandis que les acteurs privés restent modestes.
Les cadres protectionnistes soutiennent la stabilité des pertes, mais les risques climatiques et la faible couverture assurantielle amplifient l’exposition aux catastrophes naturelles. Les fluctuations de change — notamment du naira nigérian — pèsent sur les performances, malgré la neutralisation comptable apportée par IFRS 17.
Certains acteurs cherchent à diversifier leurs actifs offshore ou à s’implanter prudemment dans d’autres zones, y compris au Moyen-Orient, afin de réduire leur concentration sur quelques grands marchés (Afrique du Sud, Nigeria, Kenya).
L’inflation régionale s’est modérée à 4,5 % en 2024, avec une croissance attendue de 3,8 % en 2025. AM Best anticipe une résilience durable, à condition que la discipline de souscription et la diversification soient maintenues.
MENA : adaptation et opportunités
Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), le marché a également fait preuve de solidité en 2024. La croissance a été alimentée par une tarification mondiale ferme, des cessions obligatoires, et la demande liée aux projets d’infrastructure et d’énergie. La capacité réassurancière est restée abondante, alimentée par des acteurs mondiaux, régionaux et asiatiques.
Cependant, l’environnement reste complexe : volatilité pétrolière, inflation, dette souveraine et tensions géopolitiques. Les catastrophes naturelles récentes — séismes en Turquie et Syrie, inondations aux Émirats arabes unis — ont poussé les réassureurs à resserrer leurs conditions, à relever les exigences de tarification et à réduire les commissions sur bénéfices.
Perspectives 2025 : réglementation et recentrage local
La réglementation jouera un rôle croissant dans la structuration du marché. À partir de 2025, l’Arabie saoudite imposera 30 % de cessions locales, tandis que des dispositifs similaires en Algérie, au Maroc et en Turquie orienteront davantage d’affaires vers les réassureurs nationaux.
Cette évolution, conjuguée à la hausse des capacités facultatives, devrait renforcer la disponibilité tout en accroissant la volatilité.
Malgré un risque pays toujours élevé, AM Best prévoit pour 2025 un maintien des fondamentaux : une capacité abondante, une tarification soutenue et une demande croissante devraient continuer à porter les opportunités de croissance du secteur.



