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Le Maroc, premier client du bétail espagnol, bloque 43 % des exportations

La dermatose nodulaire contagieuse, maladie virale non zoonotique qui touche le bétail bovin, a atteint l’Espagne, avec des premiers foyers détectés en Catalogne. Cette apparition a aussitôt freiné le commerce lucratif d’exportation de bovins vivants vers un important client : le Maroc.

Les éleveurs de bovins de viande et de lait suivent de près l’évolution de la maladie pour savoir si le plan de vaccination et les mesures préventives mises en place (abattage et immobilisation des animaux autour des foyers) permettront d’éradiquer le virus et de reprendre leurs activités commerciales normales.

Une des principales craintes du secteur est que certains pays tiers ne reconnaissent pas la régionalisation (c’est-à-dire la limitation géographique des foyers) et imposent un embargo global sur les importations de bovins ou de produits bovins depuis toute l’Espagne.

En effet, depuis la détection récente du virus, une trentaine de certificats d’exportation ont déjà été suspendus par une vingtaine de pays, parmi lesquels l’Argentine, le Maroc, le Brésil, la Chine, le Canada ou encore le Royaume-Uni, selon la dernière note d’information publique du ministère espagnol de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation.

Les restrictions concernent notamment les exportations de semence bovine, de bovins reproducteurs, d’engraissement ou de boucherie, de taureaux de combat, d’embryons bovins, de cuirs et peaux, mais aussi de boyaux artificiels à base de collagène bovin et de certains produits laitiers.

Le Maroc ferme ses frontières : un coup dur pour le commerce bovin espagnol

Le principal impact concerne la fermeture du marché marocain aux bovins vivants, ce pays représentant près de la moitié des exportations espagnoles dans ce segment.

En 2024, l’Espagne avait exporté plus de 66 000 tonnes de bovins vivants, dont 43 % (28 572 tonnes) à destination du Maroc, selon les données du commerce extérieur.
Ce flux représentait plus de 111 millions d’euros de chiffre d’affaires pour le secteur du bétail espagnol — un canal désormais paralysé.

Le Liban arrive en deuxième position des importateurs (plus de 12 000 tonnes en 2024) mais, selon l’Asociación de Productores de Vacuno de Carne (Asoprovac), ce pays accepte la régionalisation et n’a donc pas fermé entièrement ses importations.

Inquiétudes du secteur et réponse des autorités

La directrice générale de l’Asoprovac, Matilde Moro, a exprimé sa préoccupation face à la situation, tout en espérant que les mesures de contrôle adoptées permettront d’éviter la propagation du virus vers les zones à forte densité d’élevage.

Dans le secteur laitier, aucun marché majeur n’a pour l’instant suspendu ses importations, selon des sources professionnelles.
Les mêmes sources ont salué la voie de négociation ouverte par les autorités espagnoles auprès de ces pays tiers, afin d’obtenir un assouplissement des barrières commerciales après la détection des foyers.

L’OMSA appelle à la vaccination rapide

L’évolution de la dermatoses nodulaire, détectée dans une vingtaine de pays depuis 2020, attire désormais l’attention de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA).

Le virus peut se propager sur de longues distances via le vent transportant des insectes vecteurs ou par le déplacement et le commerce d’animaux infectés.

Dans son rapport 2025 sur la santé animale mondiale, l’OMSA consacre un chapitre spécifique à la dermatoses nodulaire contagieuse.
L’organisation y rappelle que, dans les pays touchés, la vaccination apporte des bénéfices multiples et demeure un outil essentiel pour le contrôle et l’éradication éventuelle de la maladie.

Cependant, elle souligne que la vaccination seule n’est pas suffisante : un contrôle efficace exige une combinaison de stratégies, incluant la lutte contre les vecteurs (moustiques), les restrictions de mouvement et des mesures strictes de biosécurité.

Pour les pays récemment touchés, comme l’Espagne, l’OMSA recommande une vaccination d’urgence rapide et des contrôles rigoureux des déplacements, afin de contenir la maladie avant qu’elle ne devienne endémique.

Enfin, l’organisation rappelle que la dermatoses nodulaire ne constitue pas une menace pour la santé humaine, mais représente un risque économique majeur pour les éleveurs :
elle peut provoquer une baisse temporaire de la production laitière, affecter la fertilité et, dans certains cas, entraîner la mort du bétail (avec un taux de mortalité estimé entre 1 % et 5 %). EFEAGRO


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