
Le secteur automobile sud-africain se trouve à un tournant décisif, confronté à de multiples obstacles qui menacent les objectifs du Plan directeur de l’industrie automobile 2035. Le risque de désindustrialisation s’est intensifié, alimenté par les récentes fermetures d’acteurs clés tels que Goodyear et ArcelorMittal, entre autres.
Objectifs du plan directeur
Le plan directeur poursuit plusieurs objectifs, dont :
- Augmenter la part de marché de l’Afrique du Sud à 1 % de la production mondiale de véhicules.
- Porter le contenu local à 60 %.
- Créer davantage d’emplois tout au long de la chaîne de valeur de la fabrication automobile, jusqu’au niveau des concessions.
Défis actuels
Cependant, à l’heure actuelle, ces objectifs sont loin d’être atteints.
L’incertitude politique et réglementaire, les problèmes d’infrastructures, notamment liés aux ports, encore parmi les moins performants, et l’efficacité ferroviaire — cruciale pour transporter les véhicules vers les marchés locaux et à l’export — ainsi que la sécurité et la fiabilité énergétique, continuent de freiner la croissance du secteur.
Il est préoccupant que le pays n’ait pas encore résolu les bases essentielles pour garantir un climat propice à l’investissement dans l’industrie automobile.
Pression des importations
Le secteur fait face à une concurrence accrue des modèles importés de Chine et d’Inde. Les constructeurs chinois étendent leur présence en Afrique du Sud avec des stratégies de prix agressives et proposent les dernières technologies, notamment les véhicules électriques (VE), ce qui perturbera encore davantage le marché.
Bien que cela soit bénéfique pour les consommateurs soucieux des prix, les marques établies devront innover et ajuster leurs tarifs pour conserver leur part de marché. Les fabricants locaux demandent au gouvernement d’intervenir, dénonçant une concurrence inégale.
Évolution de la production locale
- La proportion de véhicules CKD (Completely Knocked Down) a diminué de plus de 11 % depuis 2018, passant de 54 % à 60 % en 2023, reflétant une augmentation des importations plutôt que de la production locale.
- Les entreprises chinoises bénéficient de subventions importantes de leur gouvernement, combinées aux facilités d’importation sud-africaines, ce qui encourage la désindustrialisation.
- Le niveau de localisation a chuté de 42 % à 38 % entre 2021 et 2023, les fournisseurs de niveau Tier 2 et inférieur restant largement sous-développés.
Problèmes réglementaires et politiques
Alors que l’impact du tarif de 30 % imposé par les États-Unis sur les exportations sud-africaines a été largement médiatisé, le pays se tire lui-même des balles dans le pied en matière d’incertitude réglementaire et politique, ce qui nuit à l’attraction des investisseurs et à la promotion de la fabrication locale de composants.
Ironiquement, il est devenu moins cher d’importer des composants depuis des pays à forte production, comme la Chine, que de les produire localement.
Investissements étrangers et approvisionnement en composants
- Certains fabricants locaux avaient tenté de s’approvisionner localement, mais ont récemment augmenté les importations en provenance de Chine, notamment les pneus, ce qui menace la part de marché et la viabilité des entreprises locales.
- La fermeture de Goodyear n’a pas amélioré la situation, augmentant la dépendance aux importations.
Impact sur la fabrication de composants automobiles
La valorisation locale des composants a également été gravement touchée par la fermeture prévue d’ArcelorMittal, un développement qui aurait pu être évité si le gouvernement avait protégé le secteur de l’acier, notamment contre les importations d’acier de récupération.
Cette fermeture pourrait entraîner un effet boule de neige dans la chaîne de valeur descendante et provoquer davantage de pertes d’emplois.
Améliorations de l’infrastructure et de la logistique
Tout n’est pas négatif : Transnet initie des partenariats avec le secteur privé pour la gestion des lignes ferroviaires, ce qui devrait améliorer le transport des véhicules, notamment entre l’Eastern Cape et Gauteng.
Cependant, des infrastructures portuaires efficaces restent indispensables pour optimiser le transport des véhicules.
Recommandations politiques
- Le gouvernement devrait imposer des mesures pour protéger le secteur automobile des importations.
- Il doit également faciliter l’exploitation rentable pour les investisseurs existants et nouveaux.
Ces interventions sont cruciales pour que l’Afrique du Sud puisse concurrencer des pays comme le Maroc, qui profite de sa proximité géographique avec les marchés européens. Agences