
Depuis 2018, l’Espagne a accordé 164 millions d’euros d’aides directes par l’intermédiaire du ministère de l’Intérieur à Maroc, la Mauritanie et le Sénégal pour renforcer la lutte contre l’immigration irrégulière, le trafic de personnes et la surveillance des frontières.
Ces aides incluent notamment l’achat de systèmes de surveillance, véhicules, drones et gilets pare-balles, selon une réponse parlementaire du gouvernement à une question posée par le parti Vox, à laquelle Europa Press a eu accès.
Ces financements proviennent du poste budgétaire 16.02.132A.494.01, intitulé « Coopération internationale : aides directes », et couvrent la période 2018–2024, correspondant au mandat du président Pedro Sánchez et de Fernando Grande-Marlaska au ministère de l’Intérieur.
Coopération et formation policières internationales
Ce poste budgétaire relève des compétences propres du ministère de l’Intérieur, destinées à la cofinancement d’activités de coopération policière et au renforcement des capacités opérationnelles et préventives des forces de sécurité engagées contre les réseaux d’immigration clandestine et de traite d’êtres humains.
Le ministère mentionne aussi d’autres programmes relevant de la coopération internationale, tels que ceux dédiés à la formation et aux subventions dans le domaine de la coopération policière internationale (poste 16.02.132A.794), qui englobent la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et le trafic de drogue.
Dans ce cadre,
- le Maroc a utilisé ces fonds pour se doter de véhicules et de systèmes de surveillance,
- le Sénégal a renforcé ses moyens avec des véhicules, du matériel informatique et des drones,
- la Mauritanie a reçu des véhicules, du matériel informatique et de sécurité (casques, gilets pare-balles, équipements autogonflants, armoires sécurisées), ainsi que des téléphones portables et du mobilier de bureau.
Ces détails figurent dans la réponse parlementaire datée du 15 septembre 2025.
Accords de migration circulaire avec 20 pays
Le gouvernement espagnol rappelle qu’il promeut une migration “régulière, ordonnée et sûre”, fondée sur le respect des droits humains, la lutte contre les réseaux de trafiquants, l’ouverture de voies légales de migration et la prise en compte des causes profondes de la migration irrégulière.
Il souligne l’importance des programmes de migration circulaire, actuellement en vigueur avec plus de 20 pays, qui permettent de répondre aux besoins du marché du travail espagnol tout en canalisant les flux migratoires de manière sécurisée et encadrée.
Selon l’exécutif, la coopération avec les pays d’origine et de transit reste le moyen le plus efficace de combattre les réseaux de traite et d’immigration illégale. L’Espagne a ainsi intensifié ses relations bilatérales avec plusieurs pays africains, notamment le Sénégal et la Mauritanie, dans un contexte d’instabilité régionale au Sahel, qui accroît la pression migratoire vers l’Union européenne.
Déploiement policier et projets européens
L’Espagne s’appuie sur une stratégie préventive, fondée sur le déploiement d’agents de la Police nationale et de la Garde civile dans plusieurs pays partenaires africains, ainsi que sur des aides budgétaires directes destinées à couvrir les coûts liés au contrôle des frontières et à la gestion migratoire.
Madrid dirige plusieurs projets européens financés par le budget communautaire, dont les Partenariats Opérationnels Communs (POC) et les Équipes Conjointes d’Enquête (ECI), en collaboration avec d’autres États membres.
L’Espagne pilote également le projet GARSI Sahel, qui lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale, notamment les réseaux de traite et de trafic de migrants.
La lutte contre le trafic de personnes, qualifié de “crime particulièrement grave”, est une priorité des programmes menés avec les partenaires africains — comme le montrent les activités de l’ECI à Nouadhibou (Mauritanie), des POC à Banjul, Dakar et Nouakchott, ou encore du projet ATIPSOM au Nigeria. eleconomista