
ElGrandeToto continue de repousser les limites du rap marocain. Dans un entretien accordé au site d ‘information belge sudinfo, le phénomène affirme une maturité nouvelle et une vision élargie de son art.
Il s’en est passé des choses depuis notre dernière rencontre fin 2023, comme ta prestation devant 400.000 personnes au festival Mawazine de Rabat. Le commun des mortels ne peut pas imaginer ce que ça fait de jouer devant autant de personnes…
Tu sais, à chaque interview, quand on m’a posé la question, j’ai répondu que c’était un plaisir. C’était la seule réponse que j’ai trouvée parce que je ne sais pas comment l’expliquer. C’est un feeling que même moi, jusqu’à présent, je suis encore en train de process, tellement c’était gros. Je regarde encore les vidéos. Chaque jour, j’en vois une nouvelle que je n’avais pas vue avant. Il y a même des comparaisons avec les shows des Américains, les miens… C’est une fierté. C’est aussi une peine, parce que ma mère n’a pas pu voir ça de ses propres yeux. De là où elle est, elle l’a bien vu, mais j’aurais kiffé qu’elle soit là, présente. Cette date-là, pour nous les Marocains, tu peux faire le Zénith, Bercy ou même le Stade de France, ça reste 80.000 personnes. Là, on parle de cinq fois le Stade de France, ça ne s’imagine pas et c’est difficile à process. Limite, tu as un stress ! Ma question maintenant, c’est : what’s next ? Je ne sais pas ce que je peux faire au-dessus de ça. Même si je fais le grand stade de Casa, ça reste plus petit.
Cette date, c’est une consécration pour ElGrandeToto ou pour le rap marocain ?
En fait, si Toto marche, le rap marocain marche. Je te parle à l’international. Ne serait-ce que des mecs qui vont aller écouter la concu, entre guillemets – parce que je n’ai pas forcément de concurrents au Maroc – mais aller écouter d’autres rappeurs ou feater avec eux pour passer par la grande porte, moi, j’aime bien. Au final, si je fais un bon taf, le rap marocain fait un bon taf. Que je le veuille ou non, je suis le représentant du rap marocain. Et c’est malheureux, parce qu’on est dans une époque où il n’y a que les chiffres qui parlent. Enfin… pas que, mais surtout.
Tu n’as aussi que 28 ans…
Je suis beaucoup trop jeune pour être ministre. Mais je ne suis pas contre. Je suis juste contre le faire avec un parti politique. Moi, je suis technocrate. Tous les partis politiques de A à Z au Maroc, je les emmerde tous, et tu peux noter ça !
En parlant de chiffres, tu as même dépassé le milliard de streams. Même ça, c’est compliqué à imaginer…
Un milliard… c’est neuf zéros ! Comme je t’ai dit, il y a des trucs que je n’arrive toujours pas à process.
Lors de notre dernière interview, on avait parlé de dates, notamment celle de ton premier morceau intitulé en français « Rêves d’ado ». Tu me disais que tu n’avais pas encore réalisé tous tes rêves. Est-ce le cas maintenant ?
On va dire que désormais, j’ai de nouveaux rêves. Déjà, personnellement, j’ai de nouveaux bails – pas que je ne rêvais pas de les faire avant, mais j’avais d’autres priorités, on va dire. Là, par exemple, si je dois choisir un rêve entre ces deux-là : emmener mon fils à Disneyland ou faire un feat avec je ne sais pas qui… je te dirais que je m’en bats les couilles du feat ! Au niveau personnel, j’ai de nouveaux rêves. Des choses que j’avais perdues pendant un long moment… Je m’en foutais un peu de ma vie, je m’en foutais de mon hygiène de vie. Là, je me reprends en main et je commence à faire un peu de sport, par exemple.
J’ai vu passer une pancarte « Toto ministre de la culture », que tu as repartagée sur les réseaux sociaux. Tu oserais aller jusque-là si on te le permettait ?
En vrai de vrai, j’aimerais bien le faire, mais pas maintenant. Parce que ça, c’est un taf où il faut que tu fasses que ça. Moi, en tout cas, je sais que si je veux être ministre de la Culture, je vais respecter tout le monde, même les trucs que je n’écoute pas forcément. Il faut que je respecte tous les arts possibles, la culture en général. Et là, je n’ai ni le temps pour ça, ni les notions pour.
Tu as annoncé à la fin de ton concert à Dour qu’un projet devrait sortir d’ici la fin de l’année. Fin 2023, tu as sorti l’album « 27 » et fin 2024 la mixtape « Salgoat ». À quoi doit-on s’attendre cette fois ?
On est sur un projet qui vient de se décider là, cette semaine, en vrai. Je ne peux pas trop en parler, ce n’était pas prévu que je l’annonce aujourd’hui, comme ça. Je ne sais pas si ce sera un album, une mixtape, un EP, un court-métrage… Je voulais te dire un truc, mais on me signale que je ne peux pas ! Mais oui, on ne sait pas exactement ce qu’on va sortir, mais on va sortir un petit truc cette année. Maintenant, c’est obligé.
Après tous ces accomplissements professionnels mais aussi personnels, que puis-je te souhaiter pour la suite ?
Le Bercy, dans pas longtemps ! Il y a un Bercy que l’on est en train de caler, niveau dates, etc. Je peux déjà te dire que la prochaine tournée, ça sera une putain de tournée qui va réunir pas mal de choses
