L’action Renault a connu sa pire performance depuis mars 2020 suite à un avertissement sur résultats. En cause: des tensions commerciales et des risques liés au taux de change.
Les actions de Renault ont plongé jusqu’à 18 % mercredi, après que le constructeur automobile français a surpris les investisseurs avec un avertissement sur ses résultats, à peine un mois après l’annonce du départ de son directeur général, Luca de Meo.
L’entreprise a indiqué mardi soir que ses volumes de ventes en juin avaient été inférieurs aux attentes et qu’elle visait désormais une marge opérationnelle annuelle de 6,5 %, contre un objectif précédent d’au moins 7 %.
Bien que cette révision reste supérieure à celle de la plupart de ses concurrents, Renault était jusqu’ici perçue comme relativement protégée des difficultés rencontrées par ses rivaux, notamment les droits de douane américains et la faiblesse du marché chinois, du fait de sa faible exposition à ces marchés. Le constructeur faisait partie des rares groupes automobiles à ne pas avoir lancé d’avertissement sur ses profits l’an dernier.
Renault, qui a également nommé son directeur financier Duncan Minto au poste de PDG intérimaire, a précisé que son flux de trésorerie disponible s’élevait à seulement 47 millions d’euros (54 millions de dollars) au premier semestre, en raison d’un impact de 900 millions d’euros sur le besoin en fonds de roulement, lié à des facturations reportées et à un recul du marché européen des voitures particulières et utilitaires.
Les analystes tablaient sur un flux de trésorerie disponible d’environ 645 millions d’euros.
À 9h20 GMT, l’action Renault reculait de 16 % à 34,64 euros, se dirigeant vers sa pire séance depuis mars 2020. Elle avait auparavant chuté de 18 % pour atteindre un plus bas de 18 mois à 33,83 euros.
Michael Foundoukidis, analyste chez Oddo BHF, a estimé que le timing de cet avertissement sur résultats était « malheureux », survenant seulement un mois après l’annonce du départ de Luca de Meo et deux semaines après que l’entreprise avait présenté des perspectives plus optimistes lors d’échanges avec les analystes.
Le groupe a indiqué que le processus de nomination d’un PDG permanent était « bien avancé », sans toutefois préciser de calendrier.
Les titres de ses concurrents Stellantis et Volkswagen reculaient respectivement de 3 % et 1,6 %, illustrant l’inquiétude des investisseurs face à une possible aggravation de la situation sur un marché déjà fragilisé par les tensions commerciales mondiales.
Jusqu’à présent, l’action Renault avait surperformé ses rivaux cette année, grâce à une série de nouveaux lancements qui ont dopé les ventes et les profits, et à une concentration sur l’Europe, qui l’a protégée des turbulences commerciales provoquées par les droits de douane imposés par le président américain Donald Trump.
La nouvelle prévision de marge de 6,5 % pour 2025 est « réaliste », selon les analystes de Berenberg, qui soulignent le carnet de lancements de Renault et estiment qu’elle resterait supérieure à celle de la plupart des concurrents européens.
Renault a indiqué vouloir intensifier ses mesures de réduction des coûts pour améliorer ses marges au second semestre, mais certains analystes anticipent la poursuite des pressions sur le marché.
« Nous prévoyons que la pression du marché se poursuivra au-delà de juin. La plupart des constructeurs européens ont lancé une nouvelle gamme de véhicules électriques abordables, ce qui accroît la concurrence », indiquent les analystes de Morningstar.
Ils ajoutent que les marges et le flux de trésorerie disponible de Renault ont probablement atteint leur sommet l’an dernier, et qu’une marge à un chiffre élevé n’est pas tenable pour un constructeur généraliste, surtout de la taille de Renault.
Les analystes soulignent également que cette révision à la baisse de la guidance accentue les inquiétudes sur l’incertitude managériale dans un marché volatil.
Renault publiera ses résultats semestriels le 31 juillet.
Reuters
