Economie

Taxes aériennes : le Maroc se démarque avec des coûts plus bas que la moyenne africaine

Les compagnies aériennes d’Afrique de l’Est alertent sur le poids croissant des taxes imposées par les gouvernements sur les biens et services liés à l’aviation. Selon elles, ces prélèvements font grimper le prix des billets d’avion et freinent le développement d’un secteur déjà confronté à de nombreux défis.

L’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) affirme que de nombreux pays africains ont augmenté les taxes dans le but de renforcer leurs recettes et d’atteindre leurs objectifs budgétaires, au détriment du transport aérien et de la viabilité économique des compagnies.

Dans un rapport publié récemment, l’AFRAA indique qu’un passager quittant un pays africain paye en moyenne 3,5 taxes sur les départs internationaux, soit environ 68 dollars, contre 66 dollars en 2022. À titre de comparaison, les voyageurs quittant l’Europe et le Moyen-Orient s’acquittent respectivement de 2,53 et 2,69 taxes, pour un coût moyen de 30 à 34 dollars.

« L’aviation en Afrique est confrontée à de nombreux obstacles liés à la fiscalité et aux redevances, qui affectent les compagnies, les passagers et la croissance économique », souligne le rapport. « La pression fiscale, l’instabilité réglementaire et la dépendance aux revenus peuvent freiner l’émergence d’un secteur aérien compétitif et durable. »

Le rapport déplore que plusieurs gouvernements ignorent les directives de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) en matière de fiscalité, et imposent des charges jugées excessives.

Outre les taxes sur les départs internationaux, de plus en plus de pays africains instaurent également des taxes sur les correspondances et les arrivées, alourdissant davantage le coût des billets.

Des taxes en hausse

En 2024, 42 pays africains appliquaient des taxes de transfert (contre 35 en 2022), ce qui a entraîné une augmentation moyenne du prix des billets de 34,40 dollars. Les taxes à l’arrivée sont passées de 14 dollars en 2021 à 34,10 dollars en 2023.

Les vols intra-africains ne sont pas épargnés : depuis 2022, les frais et taxes sur les départs régionaux ont augmenté de 2 dollars en moyenne, atteignant 59,05 dollars.

Certains pays dépassent largement la moyenne : le Gabon est en tête avec 297,70 dollars de taxes sur les vols internationaux, et 260 dollars pour les départs régionaux. Il est suivi de la Sierra Leone, avec 294 dollars.

En Afrique de l’Est, la RDC est le pays le plus coûteux avec 109,90 dollars de taxes en moyenne, soit le 9e plus élevé sur le continent. La moyenne régionale s’élève à 63,32 dollars pour les vols internationaux et 52,82 dollars pour les vols régionaux, plaçant l’Afrique de l’Est en 3e position après l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.

Une étude du East African Business Council en 2023 a confirmé cette tendance, plaçant plusieurs aéroports parmi les plus chers du continent. Juba (Soudan du Sud) est le plus onéreux, avec des taxes représentant 17 % du prix des billets dans la zone EAC. Suivent Entebbe (Ouganda) et Bujumbura (Burundi) avec 15 %, puis Nairobi et Dar es Salaam à 11 %. Kigali (Rwanda) est l’aéroport le moins taxé avec 8 %.

Un frein à la connectivité et au tourisme

L’AFRAA estime que la hausse continue des taxes étouffe la demande locale et freine le tourisme, un secteur où 56 % des visiteurs dépendent de l’avion. Les taxes représenteraient en moyenne 55 % du tarif de base et 35 % du prix total d’un billet.

Elle alerte sur l’urgence d’alléger cette pression fiscale dans un continent où le pouvoir d’achat est faible. L’analyse montre que le trafic aérien est moins développé dans les régions fortement taxées.

Parmi les 10 pays aux taxes les plus faibles, quatre sont en Afrique du Nord (Maroc, Tunisie, Algérie, Libye), avec des taxes généralement inférieures à 50 dollars. À l’inverse, seuls trois pays d’Afrique de l’Ouest et centrale respectent ce seuil, la majorité dépassant les 100 dollars.

Un appel à l’harmonisation fiscale

L’AFRAA conclut en appelant les États africains à harmoniser leurs systèmes fiscaux, réduire les charges excessives et explorer d’autres moyens de financement des infrastructures aéroportuaires, pour stimuler la connectivité régionale, la croissance économique et l’intégration continentale. SyndiGate Media

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page