Les plastiques cachent un cocktail de 4200 polluants plus dangereux que prévu

Afin d’endiguer la pollution due aux plastiques, un accord mondial est actuellement en négociation. Une étude internationale avec participation suisse publiée dans la revue Nature livre le premier aperçu complet des substances chimiques potentiellement problématiques, soit plus de 4200 au total.
Toutes les matières plastiques, des emballages alimentaires aux pneus de voiture, contiennent des centaines de substances chimiques susceptibles de se retrouver dans les aliments, les habitations et l’environnement. Nombre d’entre eux sont connus pour être nocifs pour la santé humaine et l’environnement.
Cependant, il n’existe actuellement aucune vue d’ensemble de ces produits chimiques, a indiqué jeudi le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) dans un communiqué.
« En principe, les plastiques ne devraient pas contenir de produits chimiques nocifs. Des études scientifiques montrent cependant qu’ils sont utilisés intentionnellement ou qu’ils sont présents involontairement dans tous les types de plastiques », explique Martin Wagner, auteur principal de l’étude et professeur à l’Université norvégienne des sciences et de la technologie de Trondheim.
Plus de 16’000 produits chimiques
Cette nouvelle étude menée par une équipe internationale avec la participation de l’Empa et de l’Institut de recherche sur l’eau Eawag montre que les plastiques contiennent bien plus de produits chimiques qu’on ne le savait jusqu’à présent.
La base de données « PlastChem » qui accompagne l’étude comprend 16’325 produits chimiques. Parmi eux, les scientifiques en ont identifié au moins 4200 qui sont préoccupants en raison de leurs dangers pour la santé et l’environnement.
« Il peut sembler décourageant de s’attaquer au grand nombre de produits chimiques problématiques dans le domaine des plastiques, mais notre étude fournit les outils pour le faire » (lire encadré), explique Zhanyun Wang, coauteur de l’étude et scientifique à l’Empa.
Des substances présentes « dans tous les types de plastiques »
« A cet égard, la simplification de la composition chimique des polymères est une condition préalable à la transition vers une économie circulaire sûre et durable pour les matières plastiques », ajoute le spécialiste, cité dans le communiqué.
Les substances chimiques préoccupantes identifiées peuvent être présentes dans tous les principaux types de plastiques, y compris les emballages alimentaires, et tous les plastiques testés peuvent libérer des substances chimiques dangereuses.
Selon Ksenia Groh, co-auteure et cheffe de groupe pour la bioanalyse à l’Eawag, « les plastiques peuvent contenir et libérer des substances inconnues, des impuretés ou des produits de dégradation ».
ats/ther
Vers des polymères plus sûrs
La nouvelle étude esquisse trois champs d’action sur la voie de plastiques plus sûrs et plus durables: des produits chimiques plus sûrs, la transparence et des plastiques chimiquement plus simples. Les substances chimiques douteuses connues devraient être éliminées des plastiques soit par des mesures volontaires de l’industrie, soit par des réglementations.
Étant donné que l’industrie ne révèle actuellement pas quelles substances chimiques sont contenues dans quels produits en plastique, une plus grande transparence est donc nécessaire en premier lieu.
Enfin, les plastiques devraient être modifiés de manière à contenir moins de substances chimiques, dont la sécurité a en outre été soigneusement évaluée au préalable, notamment lorsqu’ils sont destinés à être réutilisés ou recyclés.
« Il y a actuellement une grande dynamique pour rendre les plastiques plus sûrs. Notre étude fournit la base scientifique pour atteindre cet objectif et mieux protéger la santé humaine et l’environnement », conclut Laura Monclús, autre auteure principale de l’étude et chercheuse au Norwegian Geotechnical Institute à Trondheim.