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Allianz: BAM joue la prudence dans la tempête

Trente-deux grands marchés émergents, représentant plus de 35 % du PIB mondial, devraient assouplir leur politique monétaire au second semestre 2025, portés par l’appréciation continue de leurs devises et le reflux de l’inflation. Parmi eux, 23 pays poursuivront cet assouplissement jusqu’en 2026, selon une note publiée par Allianz.

Cependant, les tensions commerciales, la volatilité des prix des matières premières et la fragmentation géopolitique font que tous ne suivent pas le même rythme que la Réserve fédérale (Fed), laquelle devrait baisser ses taux de 100 points de base d’ici fin 2026.

Allianz distingue quatre groupes de pays émergents selon leur trajectoire monétaire.

Le Maroc appartient, selon Allianz, au quatrième groupe de marchés émergents  »Les modérés de fin de cycle »: Ils poursuivent un assouplissement graduel, proches de la fin de cycle, tout en équilibrant les risques entre inflation, croissance et stabilité monétaire : Chine, Afrique du Sud, Maroc, Inde, Indonésie, Philippines, Thaïlande, Taïwan, Malaisie, Vietnam.

La posture de Bank Al-Maghrib s’inscrit dans une vision de crédibilité et d’ancrage durable, en lien avec les ambitions du Maroc en matière d’ouverture financière, d’industrialisation et de positionnement stratégique sur le continent africain.

Ce que surveille Bank Al-Maghrib

Plusieurs facteurs conditionnent la trajectoire à venir :

  • 🔸 L’évolution des prix du pétrole, dans un contexte géopolitique tendu (Iran–Israël, détroit d’Hormuz)
  • 🔸 La dynamique de l’euro/dollar, compte tenu de la forte exposition du dirham à l’euro
  • 🔸 Les flux de tourisme et d’IDE, soutiens majeurs à la balance des paiements
  • 🔸 La gestion coordonnée avec la politique budgétaire (subventions, projets structurants)

En résumé, le Maroc joue la prudence dans la tempête : une stratégie monétaire de finesse, pour rester en mouvement sans perdre l’équilibre.

Allianz distingue trois autres groupes de pays émergents :

  1. Les meneurs audacieux
    Ces pays affichent une baisse ambitieuse des taux d’ici 2026, souvent après une inflation à deux chiffres :
    Mexique, Hongrie, Argentine, Turquie
    Risque : un rebond des prix pétroliers ou une forte dépréciation monétaire pourrait freiner cet élan.
  2. Les prudents de retour
    Ces pays ont d’abord agi de manière agressive mais ont ralenti face au retour de l’inflation :
    Tchéquie, Kenya
  3. Les retardataires anticipés
    Ils agiront avant la Fed, grâce à l’appréciation de leur monnaie et à une croissance modérée, ramenant l’inflation vers les cibles : Pologne, Roumanie

L’escalade Israël-Iran secoue les marchés pétroliers, faisant planer un risque de stagflation

Les prix du brut Brent ont bondi de près de 20 % par rapport à leur niveau de début juin, en raison des craintes de perturbations dans les flux pétroliers. Bien que les exportations de l’Iran restent contraintes par les sanctions, le risque d’une escalade régionale plus large demeure, notamment autour du détroit d’Hormuz, par lequel transitent 20 % des livraisons mondiales de pétrole et de gaz. Un blocage prolongé pourrait faire grimper les prix du pétrole au-delà de 100 USD/baril.

Actuellement, le Brent est attendu dans une fourchette de 70 à 80 USD/baril, traduisant une prime de risque modérée. En réponse, les pays consommateurs pourraient libérer des réserves stratégiques, tandis que les producteurs de l’OPEP pourraient ajuster leurs capacités pour stabiliser les marchés.

Les marchés financiers réagissent avec prudence : la volatilité touche les indices boursiers, mais les principaux marchés américains et européens ont effacé leurs pertes initiales. Les marchés obligataires sont restés relativement stables, mais des tensions géopolitiques prolongées pourraient entraîner une hausse des rendements. Côté devises, des fluctuations notables ont été observées, en particulier pour le shekel israélien et le rial iranien.

Le calendrier de résolution reste incertain : le scénario de base envisage un échange militaire contenu, accompagné d’efforts diplomatiques persistants, mais le risque de conflit grave n’est pas écarté.

Le brouillard de la (guerre) commerciale : indices à surveiller

Le taux effectif des droits de douane américains est monté à 8 % en mai 2025, ce qui pèse déjà sur les coûts d’importation et la rentabilité des importateurs. Théoriquement, ce taux aurait dû atteindre 13 %, ce qui suggère des effets de stockage anticipé, de détournement et de substitution.

En mai, certains secteurs ont encore vu un stockage anticipé : les exportations taïwanaises vers les États-Unis étaient 63 % au-dessus de la tendance. En parallèle, les exportations chinoises vers les États-Unis s’effondrent, mais celles à destination de l’ASEAN et de l’Amérique latine accélèrent. Environ 40 % de la baisse des exportations chinoises vers les États-Unis seraient comblés par un détournement via l’Inde et l’Asie du Sud-Est.

La part globale de l’Asie dans les importations américaines reste stable (environ 40 % depuis deux décennies) : la Chine, après avoir conquis des parts de marché, en cède aujourd’hui à l’Asie du Sud et du Sud-Est.

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