Le dollar progresse face aux tensions au Moyen-Orient et aux avertissements de Powell sur l’inflation

Le dollar s’est raffermi jeudi, porté par une demande de valeur refuge liée à la menace croissante d’un conflit élargi au Moyen-Orient et à une possible implication des États-Unis, alors que les investisseurs analysaient le ton prudent du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, concernant l’inflation.
Après un début de séance atone en Asie, le billet vert s’est renforcé sur l’ensemble des marchés, pesant lourdement sur les devises sensibles au risque, à la suite d’informations selon lesquelles des responsables américains se préparent à la possibilité d’une frappe contre l’Iran dans les prochains jours.
La montée rapide des tensions géopolitiques a permis au dollar de retrouver rapidement son statut de valeur refuge, s’appréciant face au yen, à l’euro et au franc suisse.
L’Iran et Israël ont échangé de nouvelles frappes aériennes jeudi, le conflit entrant dans son septième jour. Les inquiétudes quant à une possible implication américaine se sont accentuées, alors que le président Donald Trump laissait planer le doute sur une éventuelle participation des États-Unis au bombardement par Israël de sites nucléaires iraniens.
Ce conflit ravive les craintes d’une instabilité régionale accrue, amplifiées par les répercussions de la guerre à Gaza.
Certains analystes estiment que les investisseurs cherchent à couvrir leurs positions vendeuses sur le dollar.
« Le dollar semble prêt pour un rallye de rachat de positions courtes, surtout si les États-Unis s’impliquent dans le conflit au Moyen-Orient », estime Matt Simpson, analyste senior chez City Index.
Selon Christopher Wong, stratégiste devises chez OCBC, les préoccupations géopolitiques ont éclipsé les résultats du FOMC : « L’aversion au risque domine les sentiments, ce qui met sous pression les devises sensibles au risque. »
Les marchés américains sont fermés jeudi pour la fête fédérale de Juneteenth, ce qui réduit la liquidité.
L’euro a touché un plus bas d’une semaine, en baisse de 0,25 % à 1,1455 dollar, se dirigeant vers une chute hebdomadaire de 0,8 %, la plus forte depuis février. Le yen s’échangeait à 145,13 pour un dollar.
L’indice dollar, qui mesure la devise américaine face à six autres monnaies, a progressé de 0,11 % à 99 et s’oriente vers un gain hebdomadaire d’environ 0,9 %, sa meilleure performance depuis fin janvier.
AVERTISSEMENT DE POWELL
Comme largement anticipé, la Fed a maintenu ses taux inchangés, les responsables signalant qu’ils s’attendent toujours à deux baisses de taux d’un demi-point de pourcentage cette année, bien que tous ne soient pas d’accord sur la nécessité de ces baisses.
Powell a déclaré que l’inflation sur les biens devrait s’accélérer au cours de l’été à mesure que les droits de douane imposés par Trump commenceront à impacter les consommateurs.
« Au final, le coût des droits de douane doit être assumé, et une partie retombera sur le consommateur final, » a déclaré Powell lors d’une conférence de presse mercredi. « Nous le savons parce que c’est ce que disent les entreprises. C’est ce que montrent les données du passé. »
Les propos de Powell soulignent la difficulté pour les décideurs de naviguer entre incertitudes liées aux droits de douane et risques géopolitiques, laissant les marchés dans l’expectative quant à l’évolution des taux d’intérêt américains.
Malgré tout, les marchés anticipent au moins deux baisses de taux cette année, même si les analystes restent incertains sur le calendrier.
« Le marché anticipe deux baisses de taux de 25 points de base cette année, probablement en septembre et décembre, mais nous pensons que le FOMC de septembre viendra trop tôt pour que la Fed soit à l’aise avec une baisse, » précisent les économistes d’ING dans une note.
Ray Sharma-Ong, responsable des solutions d’investissement multi-actifs pour l’Asie du Sud-Est chez Aberdeen Investments, estime que la Fed pourrait finalement n’effectuer qu’une seule baisse de taux, voire aucune, cette année, au vu des incertitudes concernant la politique commerciale et les perspectives économiques.
La livre sterling reculait de 0,14 % à 1,3403 dollar avant la décision de politique monétaire de la Banque d’Angleterre, qui devrait maintenir le statu quo.
Le franc suisse s’échangeait à 0,81995 dollar avant la décision de la Banque nationale suisse. La Norges Bank doit également annoncer sa décision plus tard dans la journée.
Reuters