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DGI: essoufflement de la dynamique entrepreneuriale

Le registre fiscal national s’enrichit chaque année de nouveaux adhérents, mais la dynamique ralentit nettement. Entre 2021 et 2024, la Direction Générale des Impôts (DGI) a vu le nombre de nouvelles identifications chuter de près de 30 %.

En 2021, 186.231 nouveaux contribuables avaient rejoint les fichiers de l’administration fiscale. En 2024, ce chiffre tombe à 131.212, soit une baisse de plus de 55.000 adhésions en trois ans. Un reflux continu, année après année, qui interroge sur la capacité du système à continuer d’élargir sa base.

L’année 2022 n’a enregistré que 149.601 nouvelles inscriptions, avant de redescendre à 136.165 en 2023. Une tendance baissière confirmée en 2024 avec le chiffre le plus bas de la période récente.

La baisse du nombre global d’adhésions pourrait se traduire par un essoufflement de la dynamique entrepreneuriale. Reste à savoir si cette stratégie suffira à maintenir le niveau de recettes fiscales dans un contexte de contraction du vivier, et si la DGI saura aussi réengager les profils les plus précaires, notamment les petits professionnels et auto-entrepreneurs, dont le poids s’effrite peu à peu dans le système.

Tableau récapitulatif : Nouvelles adhésions à la DGI (2021–2024)

AnnéeTotal adhésionsPersonnes physiques pro (PPP)Part PPPPersonnes morales (PM)Part PM
2021186 231118 76264,0 %67 46936,0 %
2022149 60188 22059,0 %61 38141,0 %
2023136 16573 79654,2 %62 36945,8 %
2024131 21262 03547,0 %69 17753,0 %

Un repli quantitatif, mais un basculement qualitatif

Paradoxalement, cette baisse des volumes s’accompagne d’un renversement progressif du profil des nouveaux adhérents. En 2021, les personnes physiques professionnelles représentaient 64 % des nouveaux entrants. Elles ne pèsent plus que 47 % en 2024, au profit des personnes morales, désormais majoritaires.

Ce changement structurel témoigne d’une mutation silencieuse dans la nature des activités formalisées. En 2024, la DGI a enregistré 62.035 personnes physiques professionnelles contre 69.177 personnes morales. Cette évolution s’est amorcée dès 2022 (59 % de personnes physiques contre 41 % de morales), s’est renforcée en 2023 (54,2 % vs 45,8 %) pour aboutir à un équilibre rompu en 2024.

En quatre ans, la part des personnes morales dans les nouvelles adhésions est passée de 36 % à 53 %, soit +17 points de pourcentage. Cela représente une hausse de 47 % en part relative sur la période.

La dynamique des personnes physiques professionnelles ralentit du fait que les auto entrepreneurs concentrent 64% en moyenne sur la période des personnes physiques professionnelles nouvellement enregistrées.

Dans le même temps, la montée des personnes morales suggère que la création d’entreprise s’oriente vers des formes juridiques plus structurées, plus pérennes, mais aussi potentiellement plus rentables pour l’État à long terme.

Conclusion

En quatre ans, la structure des nouveaux contribuables a basculé :

  • Le profil dominant est passé de l’individu (auto-entrepreneur, profession libérale) à l’entité formelle (SARL, SAS, etc.).
  • Ce basculement s’opère dans un contexte de baisse globale des nouvelles adhésions, accentuant l’idée d’un rétrécissement du vivier mais d’une montée en qualité juridique et structurelle.

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