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Industries créatives : le Maroc peut-il devenir un moteur culturel du continent africain ?

La victoire de la chanteuse nigériane Tems aux Grammy Awards 2024 dans la catégorie Best African Music Performance a confirmé une tendance de fond : la culture africaine n’est plus en marge, elle est désormais au centre. Cette dynamique concerne aussi le Maroc, qui, à l’aube de la co-organisation de la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal, cherche à imposer sa signature artistique, audiovisuelle et créative sur la scène mondiale.

Le système de cash rebate marocain, mis en place pour attirer les tournages étrangers, a permis au pays de battre des records de recettes dans l’audiovisuel. En 2024, les recettes issues des tournages étrangers ont culminé à environ 1,5 milliard de dirhams, contre 1 milliard en 2023 et 600 millions en 2022, année où le Maroc renforce son attractivité pour les tournages étrangers en augmentant l’incitation fiscale (cash rebate) de 20% à 30% sur les dépenses de production éligibles réalisées dans le pays.

Pour bénéficier de la remise en numéraire de 30 %, les productions étrangères doivent remplir deux critères clés : une dépense minimale de 10 millions de dirhams marocains (environ 1 million de dollars US) et au moins 18 jours de tournage dans le pays, y compris les activités de pré-production comme la construction des décors.

Afin de rendre l’offre encore plus attrayante, les productions étrangères peuvent également bénéficier d’une exonération de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) sur les biens et services acquis au Maroc. Ceci, combiné à la remise de 30 %, améliore considérablement la rentabilité des tournages dans le pays.

Les chiffres clés des industries créatives africaines

ThématiqueIndicateurs essentiels
Poids économique projeté (2030)• 4 % du PIB africain
• Jusqu’à 10 % des exportations créatives mondiales
Création d’emplois• > 20 millions de nouveaux emplois d’ici 2030
Numérisation & technologie• > 15 milliards d’écoutes Afrobeats (Spotify)
• L’IA pourrait ajouter 1 500 Mds $ au PIB africain d’ici 2030
Investissements majeurs175 M $ injectés par Netflix (2016‑2022) en RSA, Nigeria, Kenya
2 Mds $ supplémentaires de l’Afreximbank (Creative Africa Nexus) sur 3 ans
Démographie & demande• La classe moyenne atteindra > 40 % de la population en 2060
• La population jeune doublera d’ici 2050
11 M de jeunes Africains arrivent chaque année sur le marché du travail (jusqu’en 2030)
Structure du secteur90 % des PME de la mode opèrent dans l’informel
85‑90 % de la main‑d’œuvre habillement en Éthiopie = femmes
Part actuelle dans l’économie mondiale1,5 % de l’économie créative mondiale
5 % des emplois créatifs mondiaux
Financement public• < 1 % des budgets nationaux consacrés aux industries créatives
Propriété intellectuelle50‑75 % des revenus ciné/audiovisuel perdus par piratage (UNESCO)

Une opportunité historique pour le continent


L’Afrique doit élaborer des politiques tournées vers l’avenir pour accélérer l’essor de ses industries créatives. En misant sur le talent, l’innovation et l’esprit d’entreprise de sa jeunesse, le continent a les moyens de devenir un acteur mondial majeur dans l’économie créative, en stimulant la croissance du PIB, en amplifiant son rayonnement culturel et en bâtissant une prospérité conduite par les Africains, conseille Landry Signé, directeur exécutif et professeur à la Thunderbird School of Global Management, dans un article intitulé: Boom créatif africain.

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